Irouléguy, un vignoble intime

Irouléguy, un vignoble intime


Protégé des vents humides de l’océan par les massifs, le vignoble d’Irouléguy profite de l’effet foehn, synonyme d’un microclimat plus sec et plus chaud, dont se régale le raisin.

Crédit photo : Syndicat des Vins d’Irouléguy

Une production séculaire

La vigne au Pays basque est présente depuis l’Antiquité, mais la viticulture ne s’y est vraiment développée qu’au 3e siècle, sous l’occupation romaine. À la recherche de minerais, les Romains ont sans doute décelé aux alentours du village d’Irulegi des propriétés particulièrement favorables à la culture de la vigne.

Les coteaux qui dominent le village, sur les contreforts du mont Jara, forment en effet un îlot de calcaire blanc émergeant d’une masse de marnes rouges, propice au développement de la vigne de par son exposition, son microclimat et la nature du terrain.

Dès lors, le nom d’Irouléguy commence à devenir une référence de qualité pour le vin local. La légende dit même que Roland le Preux, en 778, au Col de Roncevaux, puisa dans ce vin une telle énergie qu’il fendit la montagne d’un coup d’épée…mais cette énergie ne fût-elle sans doute pas assez grande, car il ne put maîtriser ces diables de Basques qui mirent en déroute son armée.

Quoi qu’il en soit, les moines de l’Abbaye de Roncevaux sont bien inspirés d’installer un prieuré à Irouléguy au 12e siècle. Ils se mettent à cultiver les vergers et la vigne avec succès. Le vin qu’ils proposent aux pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle trouvent rapidement place dans les calices.

Au 17e siècle, le châtelain de Saint-Étienne-de-Baïgorry, le vicomte d’Urdos, entreprend à son tour la culture de la vigne sur les pentes de son domaine, initiative suivie par les paysans de la vallée.

Le vin d’Irouléguy connaît son heure de gloire au 18e siècle. Ses barriques sont acheminées, via le port de Bayonne, jusqu’en Allemagne, en Angleterre et aux Pays-Bas.

Malheureusement, l’apparition du phylloxera et l’exode rural du 19e siècle marquent son déclin. En 1953, une poignée d’hommes décide néanmoins de replanter et de relancer sa culture. Le vin d’Irouléguy accède alors à l’appellation VDQS, puis obtient le label AOC en 1970.

Le plus petit vignoble de France

Situé à 50 km au sud de Bayonne, au pied du col d’Ibaneta (Roncevaux), le vignoble d’Irouléguy s’étend au flanc des coteaux de Saint-Etienne-de Baïgorry, de Saint-Jean-Pied-de-Port et de Bidarray, à l’abri du vent du nord.

La surface plantée représente 230 hectares, dont les deux tiers en terrasses, ce qui en fait le plus petit vignoble de France et d’Europe. La production revient à une dizaine de domaines, chapeautés par une coopérative.

La vigne plantée en terrasse, au regard du terrain légèrement accidenté – Crédit photo : sylvie krinbarg – Flickr

Le décret du 23 octobre 1970 (AOC) a limité l’encépagement pour les vins rouges et rosés à deux cépages : tannat (bordelesas en basque) et cabernet (axeria) pour les vins rouges, courbu (xuri cerratia) et manseng (ixiriota xuri) pour les vins blancs. Grâce au regroupement de petits récoltants, la production s’est développée pour atteindre en moyenne 55.000 hectolitres par an.

L’appellation Irouléguy a obtenu de nombreux prix au Concours général Agricole et sa réputation ne cesse de croître.

La dégustation d’un vin rare et de qualité

Depuis des années, la qualité du vignoble ne cesse de s’améliorer, notamment grâce à l’utilisation de matériels adaptés à la déclivité du terrain et au perfectionnement des techniques de culture et de vinification. Le vin d’Irouléguy présente aujourd’hui un caractère particulier et connaît une réputation internationale.

Marqué par les cabernets et les tanins plutôt souples, l’Irouléguy rouge, à la robe pourpre foncée, déploie un bouquet de fruits mûrs accompagné d’arômes de violette et de cannelle. Long en bouche et charnu, tout en faisant preuve d’une réelle légèreté, il doit être servi entre 17° et 20°. C’est le compagnon parfait des viandes rôties ou en sauce, du gibier et des fromages de brebis, tellement savoureux en cette terre basque.

Crédit photo : Syndicat des Vins d’Irouléguy

Le blanc, à consommer entre 8°C à 10°C, se boit sur les poissons, les fruits de mer, le pain d’épices et les confitures. Quant au rosé (servir entre 9°C et 12°C), il accompagne merveilleusement viandes et poissons grillés.


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Le pruneau d’Agen, plaisir et bienfaits

Le pruneau d’Agen, plaisir et bienfaits


Consommé depuis le Moyen-Âge, le pruneau d’Agen a toujours été considéré comme source de santé, notamment grâce à ses fibres, ses vitamines, son apport énergétique et son activité antioxydante.

Crédit photo : Bureau national Interprofessionnel du Pruneau

La contribution des Templiers

L’origine du pruneau d’Agen remonterait au XIIe siècle. On dit que les Croisés de l’Ordre des Templiers découvrirent le prunier de Damas pendant le siège de la ville. Ils le rapportèrent en France, et plus particulièrement dans le Sud-Ouest, qui présentait les conditions climatiques idéales à son développement.

Un siècle plus tard, les moines de l’Abbaye de Clairac, située près d’Agen, entreprirent de croiser le prunier de Damas à un prunier local. Cette opération donna naissance au prunier d’Ente, qui fournit encore aujourd’hui les fruits bénéficiant de l’appellation Pruneaux d’Agen.

Les moines de l’Abbaye de Clairac découvrirent également que l’exposition des prunes au soleil permettait de les sécher et de les conserver toute l’année.

Le pruneau d’Agen venait d’apparaître !

Il connut rapidement le succès, notamment auprès des marins, qui profitèrent d’un aliment nouveau, goûteux, riche en vitamines et facile à conserver. Parfait contre le scorbut.

Les pruniers d’Ente

La plus grande attention est portée à la production.

Les pruniers d’Ente bénéficient, en premier lieu, des excellentes conditions climatiques du Lot-et-Garonne. La terre, essentiellement composée d’argile et de calcaire, favorise aussi la pousse et le développement des arbres.

On veille à respecter un écart de 7 mètres entre chaque arbre, disposé en carré. Les pruniers d’Ente peuvent vivre une cinquantaine d’années et atteindre une hauteur de 5 mètres, à la condition de bénéficier d’une surveillance permanente, tout au long de l’année. Dès le mois de mars, ils sont traités contre les insectes et les maladies. De novembre à mars, les arbres sont taillés avec précision.

Les premiers bourgeons apparaissent au printemps. Les pruniers fleurissent très vite, en moins de dix jours. Les fruits commencent à se développer dès la fin de la floraison. Cette étape se prolonge jusqu’au mois d’août, lorsque la prune d’Ente revêt une couleur pourpre violette, qu’on appelle « robe de sergent ».

Les premiers fruits qui tombent sonnent l’heure de la récolte, généralement organisée entre le 25 août et le 25 septembre.

Les arbres sont secoués à l’aide de vibreurs mécaniques. Les prunes tombent dans de larges filets tendus. Chaque prunier peut donner une centaine de kilos de fruits. Les fruits ramassés sont ensuite lavés à l’eau et prêts à être séchés.

Naissance du pruneau

Les tunnels à séchage peuvent être comparés à de vastes fours ventilés. Chauffés à 75°C, ils reçoivent les prunes d’Ente pendant une vingtaine d’heures. À la sortie, les prunes sont devenues des pruneaux. Cahier des charges oblige, la teneur en eau ne doit pas dépasser les 23%.

Les pruneaux sont ensuite triés, selon leur taille et leur qualité. Le calibrage, considéré comme une opération très importante, détermine le prix payé au producteur et l’uniformité des pruneaux vendus dans le commerce.

Cette quête permanente de la qualité et le respect d’une localisation déterminée s’agissant de toutes les étapes de production (séchage, conditionnement et transformation) ont permis aux producteurs d’obtenir en 2002 la très convoitée IGP (Indication Géographique Protégée).

Les fruits qui ne sont pas distribués dans l’immédiat sont stockés dans de grosses caisses de bois appelées palloxs, qui permettent à l’air de circuler et de conserver la qualité originelle du pruneau.

Un pilier de l’économie locale

Même si la production du pruneau d’Agen s’étend sur six départements du Sud-Ouest, elle reste essentiellement concentrée dans le Lot-et-Garonne. Plus d’un millier d’exploitations agricoles contribuent directement à la production, regroupées parmi huit organisations. La transformation revient à plus d’une soixantaine d’entreprises locales.

L’ensemble des acteurs de la filière s’appuie sur le Bureau national interprofessionnel du pruneau, dont la mission consiste à faciliter les relations entre producteurs et transformateurs, mais aussi à assurer le développement de la notoriété du pruneau, à suivre le marché ou à représenter la filière auprès des organismes officiels.

La production moyenne annuelle s’établit à près de 40000 tonnes. Le chiffre d’affaires global s’élève à près de 120 M€, réparti entre des ventes en France (70%) et à l’étranger (30%).

Bon pour la santé !

Comme on le sait, le pruneau d’Agen est utilisé dans bon nombre de recettes. Il accompagne merveilleusement les plats à base de porc, de boeuf, de volaille ou de gibier.

On peut aussi le déguster naturellement à n’importe quelle heure de la journée. Faiblement pourvu en protides et en lipides, il permet de profiter des vitamines B, A et E. Sa teneur en fer et la richesse de ses fibres en font un aliment excellent pour la santé, notamment lors d’épisodes de constipation.

Il est enfin recommandé aux sportifs, aux femmes enceintes, aux adolescents en pleine croissance et aux personnes âgées.


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L’Armagnac, sept siècles de tradition gasconne

L’Armagnac, sept siècles de tradition gasconne


Produit emblématique du Sud-Ouest, l’Armagnac continue de bénéficier d’une production artisanale qui privilégie la qualité à la quantité.

Crédit photo : Bureau National Interprofessionnel de l’Armagnac

L’invasion, ça a du bon

Véritable carte d’identité de la Gascogne, l’Armagnac est considéré comme la plus ancienne eau-de-vie de France.

On dit que sa naissance est le fait des différentes invasions qui tourmentèrent le territoire il y a bien longtemps. Les Romains introduisirent tout d’abord la vigne, puis les Arabes firent découvrir l’alambic et les Celtes, enfin, apportèrent leur connaissance de l’utilisation des fûts.

La production de l’Armagnac se développa dès le XVe siècle. L’eau-de-vie connut un succès certain et dépassa rapidement les simples frontières gasconnes.

En 1909, un décret permit de délimiter la zone de production. En 1936, un nouveau décret précisa les conditions de fabrication de l’Armagnac et lui attribua l’Appellation d’Origine Contrôlée (A.O.C.).

Les régions de l’Armagnac

L’appellation Armagnac concerne trois départements : le Gers, les Landes et le Lot-et-Garonne. Près de 15 000 hectares accueillent les vignes, dont les grains mûrissent au sein de trois régions bien distinctes : le Bas-Armagnac, la Ténarèze et le Haut-Armagnac.

Situé à l’ouest, le Bas-Armagnac donne naissance à une eau-de-vie délicate et fruitée.

L’Armagnac issu de la région de la Ténarèze, située tout au centre, se veut plus vigoureux et corsé. On le laisse vieillir plus longtemps en fûts.

Enfin, le Haut-Armagnac, situé dans les environs d’Auch, produit une quantité d’eau-de-vie plus faible, mais à la qualité gustative reconnue par tous.

Les trois régions, leur sol différent et leur personnalité propre contribuent donc à la richesse et à la diversité de l’Armagnac.

Vignoble d’Armagnac, entre Landes et Gers – Crédit Photo: Jibi44 – Wikimedia Commons

Les cépages

Dix cépages ont été autorisés pour la fabrication de l’Armagnac.

Les producteurs ont surtout retenu quatre d’entre eux, car ils donnent à l’eau-de-vie toute sa personnalité et façonnent son identité.

La Folle Blanche reste le cépage le plus fameux, car il existe depuis le tout début, même si on le cultive moins aujourd’hui. La Folle Blanche apporte à l’Armagnac une signature fine et goûteuse.

L’Ugni-blanc est un cépage que l’on retrouve principalement dans la Ténarèze et en Bas-Armagnac.

Le Colombard est utilisé sur l’ensemble des trois régions, grâce à ses arômes épicés.

Enfin, le Baco blanc est apparu après la crise du phylloxéra qui ravagea le vignoble français à la fin du XIXe. Il apporte une touche de rondeur à l’Armagnac et se présente aujourd’hui comme un cépage incontournable pour les producteurs.

Les étapes de la production

La récolte a lieu au mois d’octobre. Les raisins sont pressés et le jus obtenu est mis en fermentation.

La distillation est engagée à la fin de l’hiver ou au début du printemps. De toute façon, elle doit obligatoirement avoir lieu avant la date-butoir du 31 mars. Pour cela, on utilise différents alambics, dont l’alambic armagnacais ou l’alambic double-chauffe.

À la sortie, l’eau-de-vie est très alcoolisée. On la met alors rapidement en vieillissement dans des fûts de chêne blanc, qui demandent eux-mêmes un long travail de la part des tonneliers. Les fûts sont généralement d’une contenance de 400 à 420 litres et permettent le mélange harmonieux du bois et de l’eau-de-vie.

Le maître de chais devient alors le personnage central de la naissance de l’Armagnac. Il observe le vieillissement, surveille l’évaporation de l’alcool, supervise le transfert de l’alcool dans d’autres fûts plus âgés, constate la couleur qui apparaît.

Enfin, c’est lui qui décide que l’Armagnac a assez vieilli et qu’il est temps de procéder aux coupes. Cette opération consiste à assembler différentes eaux-de-vie, qui n’ont pas toutes le même âge ou la même origine. La mise en bouteilles peut alors commencer.

Dégustation

Si la production de l’Armagnac est un art, sa dégustation l’est tout autant.

Inutile de se jeter dessus dès la fin du repas, ce serait faire injure aux artisans qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes. Il est d’abord recommandé d’attendre un bon moment après la fin du repas (ou du café), afin d’offrir à l’eau-de-vie un palais neutre et réceptif. Les amateurs de bonnes choses choisiront plutôt un verre tulipe, qui se glisse dans la paume de la main et permet de chauffer le précieux alcool.

A savourer en prenant son temps – Crédit photo : Nick Webb – Flickr

La dégustation doit d’abord s’effectuer avec les yeux. L’Armagnac développe des couleurs somptueuses, dorées ou ambrées. Vient ensuite le plaisir olfactif. Ne pas hésiter à tourner le verre tulipe sur lui-même, afin de libérer les arômes de fruits, de fleurs, de bois qui s’entremêlent judicieusement. L’eau-de-vie doit au moins atteindre les 15 °C avant d’être goûtée.

La première gorgée sera « timide », afin d’habituer le palais et le préparer aux autres gorgées. Les puristes parlent de « queue de paon » lorsque les arômes se détachent doucement en fin de dégustation.


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