Où trouve-t-on les plus belles bastides dans le Sud-Ouest ?

Où trouve-t-on les plus belles bastides dans le Sud-Ouest ?


Pas moins de 400 bastides agrémentent les paysages du Sud-Ouest. Elles forment un patrimoine architectural et historique unique en Europe.

Bastide de Domme en Dordogne
La bastide de Domme, en Dordogne – Crédit photo : Ghezoart – CC BY-SA 3.0

Qu’est-ce qu’une bastide, au juste ?

Le mot « bastide » est tiré du latin médiéval « bastida », que l’on peut interpréter comme « ville neuve ». Pour l’historien Alcide Curie-Seimbres (1815-1885), « les bastides furent toutes fondées a novo, d’un seul jet, à une date précise, sur un plan préconçu, généralement uniforme, et cela dans la période d’une centaine d’années (1250-1350). » Construites entre la fin de la croisade des Albigeois et le début de la guerre de Cent Ans, ces petites villes répondent à des critères précis :

  • Un plan urbain régulier, souvent en damier ou en grille, avec des rues se coupant à angle droit. Ce plan facilitait la défense et l’organisation de la ville.
  • Une place centrale carrée ou rectangulaire, entourée d’arcades (cornières). La place servait de lieu de marché, de rassemblement et de centre administratif.
  • Une charte municipale permettant aux habitants de s’administrer. Des privilèges et des exemptions fiscales s’appliquaient aux nouveaux habitants pour les attirer. La charte définissait également les droits et les devoirs de la population.
  • Des fortifications dans la plupart des cas. Les portes d’entrée étaient surveillées.
  • Une église et parfois un château ou une maison forte étaient construits à proximité de la place centrale, symbolisant le pouvoir religieux et seigneurial.

Les bastides ont été fondées par des autorités féodales, parfois par le roi de France ou d’Angleterre, dans le contexte des guerres et des conflits territoriaux de l’époque. Elles répondaient à plusieurs préoccupations :

Affirmer le contrôle sur des zones disputées entre les Capétiens et les Plantagenêts.

Dynamiser les territoires et l’économie locale en développant des centres de commerce et d’artisanat.

Regrouper et protéger la population rurale. Celle-ci cultivait les terres environnantes, contribuant à l’autosuffisance alimentaire de la communauté.

Quelques bastides remarquables, parmi tant d’autres

Les bastides sont des témoins précieux de l’architecture médiévale et de l’urbanisme du Moyen Âge. Elles offrent un aperçu des techniques de construction et des modes de vie de l’époque.

Ces petites villes fortifiées attirent de nombreux visiteurs intéressés par l’histoire et l’architecture et représentent souvent des étapes incontournables des circuits touristiques dans le Sud-Ouest de la France.

Parmi les bastides les plus célèbres de la région, nous pouvons citer :

Monpazier (Dordogne) : Considérée comme le « modèle théorisé des bastides » selon l’architecte Viollet-le-Duc, elle est l’une des mieux conservées du Sud-Ouest.

Domme (Dordogne) : Établie en 1281, cette bastide est remarquable pour sa forme atypique qui s’adapte à la topographie du site plutôt que de suivre le plan rectangulaire habituel. La vue qu’elle offre de la vallée de la Dordogne est impressionnante.

Monflanquin (Lot-et-Garonne) : Bâtie en 1252, la bastide est connue pour sa place aux arcades et la Maison dite du Prince Noir. Classée parmi les plus beaux villages de France, elle offre une silhouette pittoresque sur une colline, avec une vue panoramique sur les paysages environnants.

Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) : Fondée en 1253 par Alphonse de Poitiers, Villeneuve-sur-Lot est une bastide bien préservée avec son plan en damier et ses fortifications.

Villeréal (Lot-et-Garonne) : Avec ses belles maisons à pans de bois, ses rues en damier joliment fleuries et sa halle centrale classée, cette bastide est particulièrement photogénique.

La halle à étage de Villeréal - Crédit photo : Comité départemental du Lot-et-Garonne
La halle à étage de Villeréal – Crédit photo : Comité départemental du Lot-et-Garonne

Cadillac (Gironde) : La cité a conservé son plan régulier et deux portes de son enceinte fortifiée.

Sauvette-de-Guyenne (Gironde) : Elle est la seule des huit bastides girondines à avoir conservé ses quatre portes fortifiées d’origine. La porte Saubotte, la mieux conservée, mesure 17 mètres de haut et possède deux salles de garde.

Visite guidée du château de Fumel

Visite guidée du château de Fumel


château de Fumel
Crédit photo: MOSSOT — CC BY-SA 3.0

« Si le Château de Fumel ressemble aujourd’hui à une villa italienne, il n’en a pas toujours été ainsi.

Alors que la famille de Fumel est mentionnée dès le 11e siècle, la première trace écrite du castrum ne remonte qu’au 13e siècle. Cependant, selon l’étude menée par G. Séraphin, une tour quadrangulaire trônait déjà sur le socle rocheux au 12e siècle.

Primitivement le château comporte 6 tours : 4 rondes et 2 carrées. La porte principale s’ouvrait du côté de la ville. Elle était percée dans un mur reliant les deux grosses tours rondes et était gardée par un pont-levis.
Plan du Château d’après un document du 16e siècle.

Pendant la « Guerre de Cent ans », le château médiéval est très endommagé. Il est remanié durant la 2e moitié du 15e siècle par Bernard de Fumel qui obtient l’autorisation de le fortifier.

Durant le 3e quart du 16e siècle, François de Fumel entreprend sa réorganisation en H autour de 2 cours en terrasse. Les travaux sont interrompus après son assassinat en 1561.

L’importante bâtisse du 16e siècle est radicalement modifiée et mise au goût du jour seconde moitié du 17e et du 18e. L’édifice seigneurial se transforme en demeure aristocratique : aménagement des terrasses qui surplombent le Lot, le château prend la forme d’un U. La silhouette du château est définitivement modifiée lorsqu’après la Révolution française, l’ordre est donné de raser les tours à la hauteur du logis. Leurs pierres serviront à la construction de maisons sur la promenade.

La famille des Fumel posséde le château le château du 11e au 19e siècle où il passe, par mariage, à la famille des Langsdorff. Cette famille le vend à la commune de Fumel en 1950, qui y installe la Mairie. »

Mairie de Fumel

La visite passe par les caves du château et monte à la salle des mariages correspondant à l’ancienne bibliothèque des Langsdorff – Fumel. L’histoire du château et de la famille de Fumel y est évoquée. Une promenade bucolique sur les terrasses sera complétée avec une lecture de paysage sur la vallée et la rivière Lot.


Pratique


Quand ?

Mercredi 19 février 2025, de 14h30 à 16h.

Où ?

RV à l’office de tourisme de Fumel-Vallée du Lot
4, place Georges Escande
47500 FUMEL

Allo ?

Tél. : 05 53 71 13 70

Site ?

www.tourisme-fumel.com/fr

Combien ?

Adultes : 7 euros.
De 6 à 12 ans : 4 euros.
Moins de 6 ans : gratuit.


Bordeaux, la belle endormie s’est réveillée

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Bordeaux, la belle endormie s’est réveillée


Longtemps considérée comme une cité (trop) calme du temps de Jacques Chaban-Delmas, Bordeaux s’est imposée, au fil des années, comme une capitale régionale dynamique, attirant sans cesse plus d’habitants et de touristes.

Temps de lecture : 11 mn

La flèche Saint-André se détache du ciel – Crédit photo : Vincent.RCT – CC BY-SA 4.0

De sacrés arguments à faire valoir

Les grandes villes françaises profitent souvent de surnoms flatteurs ou sympathiques, qui contribuent un peu à leur renommée. Marseille devient la cité phocéenne, Toulouse la ville rose, Paris la ville lumière et Lille la capitale des Flandres. Depuis des décennies, Bordeaux jouit d’une image moins reluisante, celle de belle endormie, due à la torpeur dans laquelle elle était peut-être plongée malgré son statut de capitale régionale.

Mais depuis les vastes travaux lancés par l’ancien maire Alain Juppé et la connexion au réseau TGV, Bordeaux a révélé tout son potentiel : cadre de vie agréable, magnifique patrimoine du 18e, proximité du Bassin d’Arcachon et de l’océan, porte d’entrée des terroirs du Sud-Ouest, accès rapide depuis Paris.

Aidée par une campagne de presse nationale et internationale qui l’a redécouverte et encensée, la ville profite aujourd’hui d’une nouvelle aura, à même de séduire les visiteurs de tous horizons. Le dernier baromètre Global Destination Sustainability Index le montre d’ailleurs clairement, avec 7 millions de nuitées marchandes enregistrées en 2023. Les touristes, composés à 53 % d’étrangers et à 47 % de Français, ont généré 1,4 milliard d’euros de retombées économiques. L’étude précise également que 8 % de l’emploi marchand à Bordeaux dépend de l’activité touristique.

Il est vrai que Bordeaux peut s’appuyer sur sa longue histoire, son offre culturelle et sa beauté architecturale pour séduire un large public. Les opportunités de visite, de balade et de lâcher-prise ne manquent pas.

Promenons-nous sur les quais

Ils forment depuis toujours le cœur de la métropole girondine, dont l’économie a longtemps dépendu de son activité portuaire. Surtout voués aux dockers et aux hangars jusqu’au déclin du port, les quais ont été progressivement abandonnés, faisant peine à voir.

« En vingt ans, Bordeaux a retrouvé son sourire et son dynamisme, le coup de génie d’Alain Juppé et de ses partenaires a été de retourner la ville vers le fleuve, son réel axe central et historique. En 1995 le pari était audacieux, les esprits assez conservateurs n’avaient pas accepté la mort du port industriel en centre-ville » indique fort à propos le blog BordAvenir, dédié aux projets d’urbanisme de la métropole bordelaise.

Aujourd’hui, les quais représentent un lieu incontournable de balade pour les Bordelais et les touristes. Depuis le Pont de Pierre jusqu’au pont Chaban-Delmas, ils s’étirent sur plus de deux kilomètres, offrant une vue incomparable sur la Garonne et les immeubles rénovés. Surtout, ils permettent de profiter des nombreux aménagements installés ces dernières années, dont le désormais célèbre miroir d’eau. Situé face à la place de la Bourse, il attire comme un aimant les enfants lorsque le brouillard d’eau se forme grâce au millier d’injecteurs placés dans chaque dalle. Sensation de fraîcheur garantie !

Le miroir d’eau est testé et validé par les enfants – Crédit photo: Michael Foley – Flickr

C’est aussi l’occasion de jeter un coup d’œil à la place de la Bourse, emblématique de Bordeaux. « Cette place Royale qui est tout simplement une moitié de place Vendôme, posée au bord de l’eau » écrivait joliment Victor Hugo. En son centre, la Fontaine des Trois Grâces apporte une touche majestueuse à l’ensemble, comprenant l’hôtel de la Bourse et l’hôtel des Fermes.

Un peu plus loin, c’est l’esplanade des Quinconces qui apparaît. Dotée d’une superficie de 12 hectares, dont la moitié d’espaces verts, elle est considérée comme la plus grande place d’Europe, que vient agrémenter l’immense monument aux Girondins, édifié en 1895.

Entrée de la place des Quinconces – Par Albert Bergonzo — Travail personnel, CC BY-SA 4.0

Outre leurs parcelles de gazon, où il fait bon se poser sous le soleil, les quais proposent une trentaine de boutiques, installées dans les hangars réaménagés, et une quinzaine de bars et restaurants. Largement de quoi profiter de la Garonne.

La Cité du Vin et quelques autres musées

Impossible de rejoindre la Cité du Vin sans apercevoir à ses abords une forêt de smartphones brandis par les touristes, soucieux de prendre la meilleure photo. L’architecture originale du bâtiment ne laisse personne indifférent. Inaugurée en 2016, la Cité du Vin a été conçue par les architectes Anouk Legendre et Nicolas Desmazières de l’agence XTU. Ces derniers ont privilégié la rondeur et donné à leur bâtiment la forme d’un cep de vigne « pour rappeler à la fois un vin tournant dans un verre et les remous de la Garonne, qui borde le site », selon la journaliste Caroline Brenière.

L’architecture du bâtiment attire l’oeil – Crédit photo : Pascal Lebleu – Pixabay

Le lieu vise avant tout à combler une lacune, puisqu’aucune structure ambitieuse ne se consacrait au vin à Bordeaux, un comble. La Cité permet de s’imprégner du monde la vigne depuis l’Antiquité et sur les cinq continents. La visite s’organise en six univers et dix-huit modules, sur près de 3.000 mètres carrés, où les opportunités d’interaction sont nombreuses.

Petite cerise sur le gâteau : le billet d’entrée donne droit à la dégustation d’un verre de vin au belvédère, qui surplombe Bordeaux. On peut aussi se rendre à l’impressionnante cave, au design futuriste, pour espérer trouver une bonne bouteille issue de 70 pays.

D’autres musées accueillent les visiteurs avides de culture. Ainsi, le musée d’Aquitaine offre un témoignage précieux et fourni (plus de 70 000 pièces) de l’histoire régionale depuis la Préhistoire. Ses expositions temporaires et son programme annuel de conférences suscitent un intérêt toujours renouvelé.

Pour sa part, le CAPC musée d’art contemporain, labellisé Musée de France en 2002, conserve une vaste collection d’œuvres d’art minimal, conceptuel et de land art, que viennent enrichir les expositions temporaires. On y découvre de nombreuses créations d’artistes français (Pascal Convert, Christian Boltanski, Daniel Buren…) et étrangers (Richard Long, Robert Barry, Cristina Iglesias…).

L’ancien entrepôt Lainé s’est transformé en lieu culturel.

Ouvert en 2009, le musée Mer Marine (ou MMM pour les intimes) se consacre tout entier à l’univers maritime, sur presque 8.000 mètres carrés d’exposition. Le parcours permanent retrace l’histoire de la navigation (découvertes, batailles navales, expéditions scientifiques) et laisse voir son riche patrimoine, à travers moult pièces et œuvres d’art.

La Grosse Cloche et autres joyeusetés architecturales

L’on dit souvent que Bordeaux figure parmi les plus belles villes de France. Il est vrai que la cité girondine profite d’un magnifique patrimoine, né de sa période faste au 18e siècle. Cependant, quelques-uns de ses monuments s’enorgueillissent d’un passé bien plus lointain, à l’image de l’imposante cathédrale Saint-André. Édifiée entre le 12e et le 16e siècle, elle écrase de son impressionnante architecture la place Pey-Berland, sensation que vient renforcer la tour de même nom, située juste à côté. Il s’agit en fait du campanile de la cathédrale, et sa séparation de l’église permet de ne pas transmettre les vibrations des cloches, susceptibles de fragiliser l’édifice. On peut bien sûr grimper au sommet de la tour (233 marches quand même) pour profiter d’un superbe point de vue de la ville.

La cathédrale Saint-André accueillit le mariage d’Aliénor d’Aquitaine et du futur roi Louis VII en 1137

S’agissant de cloche, justement, celle que l’on appelle la grosse apparaît indissociable de l’identité bordelaise. Elle est un vestige du Bordeaux médiéval et correspond en fait à la porte Saint-Éloi de l’ancien rempart, notamment empruntée par les pèlerins en marche vers Compostelle. La porte est ensuite devenue beffroi, servant à alerter les habitants sur un incendie ou à signifier le début des vendanges. La Grosse Cloche vaut pour son admirable architecture. Elle figure d’ailleurs sur les armoiries de Bordeaux et retentit chaque premier dimanche du mois à midi pile.

L’un des emblèmes de la ville – Crédit photo : Grand Parc – Bordeaux -CC BY 2.0

Autre monument emblématique de Bordeaux, le Grand Théâtre et ses célèbres colonnes servent souvent de lieu de retrouvailles aux Bordelais avant une soirée dans le quartier Saint-André. Conçu par l’architecte Victor Louis et inauguré en 1780, l’Opéra national de Bordeaux (c’est son autre nom) propose chaque saison un programme culturel étoffé et éclectique. Il illumine aussi la place de la Comédie et offre un décor prestigieux aux clients du Grand Hôtel de Bordeaux, tranquillement assis en terrasse.

La rue Sainte-Catherine, l’interminable plaisir du shopping

Si Bordeaux peut se vanter d’accueillir la plus grande place européenne, elle peut également rouler des mécaniques en citant la rue Sainte-Catherine, plus longue rue commerçante d’Europe. Sur 1,2 kilomètre, des centaines de boutiques, dont un grand nombre échappe encore au dictat des enseignes nationales ou mondiales, s’offrent à la joie et au portefeuille des passants.

La rue, entièrement piétonnisée en 1984, relie la place de la Victoire à celle de la Comédie. Elle est bordée de nombreuses petites rues, qui incitent à découvrir des quartiers ou des places ne figurant pas forcément dans les guides touristiques, mais qui contribuent pourtant à la réputation de la ville (dont la moitié a été classée Patrimoine Mondial de l’UNESCO).

Les amateurs de shopping tranquille éviteront de fréquenter l’endroit le samedi après-midi, lorsqu’il est envahi par une foule (très) nombreuse et (très) compacte.

Il y a foule rue Sainte-Catherine – Crédit photo : Marc Ryckaert – CC BY 3.0

Les enseignes Apple, FNAC, H&M ou McDonald’s se partagent le public avec des magasins plus authentiques, à l’instar de la boutique des Girondins de Bordeaux (un peu secouée quand même par la relégation de son équipe), principalement situés du côté de la place de la Victoire.  

On peut même s’échapper un peu de la foule et du temps en se faufilant au sein de la Galerie Bordelaise, un magnifique passage couvert construit en 1834 et inscrit au titre des Monuments historiques. Il donne accès à la rue Piliers de Tutelle et donc à l’épicerie fine Le Comptoir Bordelais, à la devanture ancienne et magique, qui mérite amplement le coup d’œil. On y trouve de nombreux produits locaux et artisanaux, merveilleusement présentés. Le charme d’une ville tient aussi dans ses boutiques.

Les Capucins, le ventre de Bordeaux

Et pourquoi ne pas s’immerger dans la vie bordelaise ? Le marché des Capucins représente à ce titre la destination parfaite. Considérés comme une institution, les « Capus » forment le plus gros marché de la ville, initié en 1744 par le marquis de Tourny. Après la Révolution, il gagne en importance grâce à son activité de vente de bétail puis se diversifie progressivement, accueillant des bouchers, des charcutiers, des herboristes ou encore des drapiers.

Aménagés en 1857, les Capus se délaissent du bétail pour se tourner vers les maraîchers, qui « arrivent en charrettes tirées par les chevaux pour vendre leurs produits : de Macau, avec leurs artichauts ; d’Eysines, avec leurs pommes de terre, leurs courges et leur cresson ; de Gradignan, avec leurs tomates ; de Pessac, avec leurs fraises » précise Cathy Lafon dans Sud-Ouest (11/12/2020).

Ce sont les prémices du marché tel qu’on le connaît aujourd’hui, mais il faut attendre 1881 pour que les Capucins soient recouverts et dotés des deux halles.

Même si l’on dit que l’âge d’or des Capus s’est éteint dans les années 1950, après la mise en place du marché d’intérêt national à Belcier, force est de constater que le marché continue de rythmer la vie gourmande des Bordelais. Il accueille aujourd’hui 91 commerçants (bouchers, boulangers, chocolatiers, ostréiculteurs…), des clients fidèles et de nombreux touristes venus du monde entier.

L’un des nombreux stands du marché – Crédit photo : Marché des Capucins

C’est l’occasion rêvée de s’imprégner de l’ambiance des lieux, de remplir son panier de produits frais et locaux et de se poser dans l’un des petits restaurants qui participent au charme de l’endroit.

En guise de conclusion (pratique)

Bordeaux profite d’une longue histoire et d’un riche patrimoine, qu’il serait trop long de décrire ici. Parmi les lieux justifiant une visite, citons pêle-mêle Darwin, l’écosystème de la rive droite ; les Bassins des Lumières, considéré comme le plus grand centre d’art numérique au monde ; le quartier des Chartrons et son ambiance si particulière ; les places du Parlement, du Palais et de Saint-Michel, qui invitent à se poser ; le Jardin Public ou le Parc Bordelais, havres de nature en ville ; la Porte Cailhau

La place Saint-Projet et sa jolie fontaine construite en 1715 – Crédit photo : Brenac – CC BY 3.0

Le plus simple consiste finalement à se perdre dans les rues de la cité, qui réservent tôt ou tard une heureuse surprise. C’est peut-être le meilleur moyen de sentir Bordelais et d’approcher la ville sans précipitation, dans toute son authenticité.


Informations pratiques :

Bordeaux dispose d’un chouette réseau de transport en commun, assuré par TBM. Bus et tramways permettent de se déplacer facilement, de l’aéroport Bordeaux-Mérignac jusqu’à la gare Saint-Jean.

L’offre et la diversité des hôtels permettent de trouver son hébergement en fonction du budget disponible. Et on ne parle même pas des locations ou autre Airbnb.

Le choix des restaurants est pléthorique, offrant l’occasion de se régaler d’une cuisine traditionnelle du Sud-Ouest ou de découvrir le dernier Japonais à la mode.

Quitter Bordeaux sans ramener une bonne bouteille de vin constituerait presque un crime de lèse-majesté. Les dizaines de boutiques spécialisées combleront facilement cette lacune.

Enfin, tous les attraits de la ville sont dûment référencés sur les sites Bordeaux Tourisme et Visiter Bordeaux, gérés par l’Office de tourisme et des Congrès de Bordeaux. Ils affichent de nombreuses informations pratiques, notamment celles liées aux visites guidées.

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Bayonne, petits secrets et grandes histoires

Bayonne, petits secrets et grandes histoires


De Bertrand Lapègue et Emmanuel Planes – Editions Sud-Ouest – 192 pages – 20 €

Date de parution: juin 2022

Connaissez-vous ce cabinet médical du Petit-Bayonne, qui fut couvent de religieuses puis temple maçonnique ? Les escaliers insoupçonnés du 19, rue Port-Neuf ? Les derniers lavoirs en plein air de la ville ? Savez-vous comment la maison cachée a repris des couleurs, et qu’ici, en neuf jours, Aristides de Sousa Mendes a sauvé 30 000 personnes de la déportation ?

« Il existe des ouvrages très savants sur l’histoire de Bayonne, de beaux livres sur son patrimoine architectural, et des guides au format de poche bien utiles pour le visiteur pressé. Celui-ci est assez différent. L’auteur a choisi une centaine de lieux, de sites répartis dans six quartiers : rues, places, maisons, églises, temples, musées, stade, jardins publics, etc. Certains sont déjà célèbres, comme la cathédrale Sainte-Marie, les arènes ou le Château-Vieux, et d’autres beaucoup plus insolites comme ce cabinet médical du Petit-Bayonne, qui fut, précédemment, temple maçonnique, et jadis couvent de religieuses.

Ou encore le mikvé, le bain rituel juif du quartier Saint-Esprit. Ou les derniers lavoirs en plein air de la ville. L’auteur a fait appel, pour rendre le livre actuel, à des témoignages, renouant avec le journalisme qui fut son métier. Ajoutons que la littérature est très présente dans ce guide à travers des écrivains comme Victor Hugo, Paul-Jean Toulet, Anna de Noailles ou Roland Barthes qui, tous, ont célébré les charmes de Bayonne. » – Decitre

Le pont Chaban-Delmas à Bordeaux souffle ses dix bougies

Le pont Chaban-Delmas à Bordeaux souffle ses dix bougies


Inauguré le 16 mars 2013, le plus grand pont levant d’Europe s’est rapidement révélé indispensable à Bordeaux.

Le pont est devenu l’un des emblèmes de la ville – Crédit photo : FranceSudOuest

Un projet ambitieux, des travaux impressionnants

Il suffit de déplier la carte de Bordeaux pour constater le déficit de ponts entre les deux rives. Selon les géographes et urbanistes, cette lacune s’explique par l’histoire de la ville, plutôt ancrée rive gauche où se situait son port et donc son poumon économique. Pourquoi diable construire de nouveaux ponts et entraver la libre circulation des bateaux ? Pendant longtemps, la rive droite était accessible via les bateaux à fond plat, qui semblaient répondre à la demande.

Avant la construction du pont Chaban-Delmas, seuls six ouvrages enjambaient la Garonne, dont le célèbre pont de Pierre, aujourd’hui interdit aux automobiles.

Compléter l’offre est donc apparu comme une nécessité. Le projet d’un nouveau pont est présenté au conseil municipal de Bordeaux en 1998. D’abord envisagée à toute proximité de la place de la Bourse, sa construction prendra finalement place entre les quartiers Bacalan et Bastide.

C’est un chantier titanesque qui est lancé en 2009. Afin de permettre le passage des bateaux, le pont doit être équipé d’un tablier levant. Pendant quatre, le groupement d’architectes et d’entreprises multiplie les exploits et les innovations pour respecter le cahier des charges. Ainsi, le tirant d’air doit être équivalent au pont d’Aquitaine en position haute et au pont de Pierre en position basse. Deux voies sont dédiées aux automobiles, quatre aux transports en commun et deux aux vélos.  La passe navigable affiche une largeur de 110 mètres.

En décembre 2012, les essais de levage s’effectuent avec des camions-toupie garés sur le tablier.

L’inauguration est organisée le 16 mars 2013, en présence du président de la République, du maire de Bordeaux et du président du Conseil régional.

Adopté par les Bordelais

Dix ans plus tard, le pont Chaban-Delmas s’est imposé dans le paysage bordelais. Chaque jour, 30.000 véhicules, 3000 cyclistes, 2000 piétons le traversent, sans même mentionner les passages des bus.

Ses 433 mètres de long, ses 77 mètres de haut et ses 117 mètres de travée mobile en font le plus grand pont levant d’Europe. « C’était un défi technique, entre autres pour le système de levage. Nous avons choisi le système du contrepoids et nous n’avons ainsi besoin que d’un moteur économe de faible puissance » explique Thomas Lavigne, l’architecte en chef, cité par Le Figaro.

Au quotidien, l’ouvrage d’art facilite la vie de nombreux Bordelais, comme le relate le journal Sud-Ouest : « A bord de sa petite voiture noire, Carole Jonesco emprunte chaque jour le pont Jacques Chaban-Delmas pour aller au travail. Résidant à Saint-Médard-en-Jalles, cette responsable en ressources humaines doit franchir la Garonne pour se rendre sur la rive droite de Bordeaux. « Je mets 20 minutes le matin et 35 minutes le soir. Sans le pont Chaban-Delmas, je mettrais entre 45 minutes et 1h30 de trajet » précise la trentenaire ».  

Le pont Chaban-Delmas a aussi contribué, avec la Cité du Vin, à l’essor du quartier Bassin à flot, marginalisé depuis des décennies. Outre l’apparition de nouveaux immeubles d’habitation et de commerces, des entreprises au renom national sont venues s’y installer.

C’est aussi la rive droite qui profite de cette liaison, à travers la construction de milliers de logements à Brazza.

Au printemps 2024, le pont Simone Veil viendra enrichir l’offre des ouvrages d’art bordelais, au sud de la ville. Il enjambera la Garonne entre Bègles, Bordeaux et Floirac. « Pensé comme une véritable esplanade publique, il fera la part belle aux modes doux et déploiera, côté aval, une aire piétonne de 18 m de large ainsi qu’une piste cyclable connectée au Réseau Express Vélo (REVe) » indique le dossier de Bordeaux Métropole.

La Gironde, terre de cinéma

Richesses du Sud-Ouest Patrimoine Gironde

La Gironde, terre de cinéma


La diversité de ses paysages et la richesse de son patrimoine attirent les équipes de tournage depuis des décennies. Petit état des lieux, forcément limité et subjectif.

Camping, sorti en 2006, avec Franck Dubosc.

La Gironde, vieille habituée des plateaux

Est-il besoin de rappeler que l’une toutes premières vedettes du cinéma français, Max Linder (1883-1925), est originaire de Gironde, et plus précisément de Saint-Loubès. Jeune homme, il entre au Conservatoire de Bordeaux et joue le répertoire classique dans les théâtres de la ville, avant de connaître un formidable succès cinématographique quelques années plus tard à Paris. En 1922, il revient sur ses terres natales pour tourner le début de son film L’étroit mousquetaire, une parodie de l’œuvre de Dumas.

Autre enfant du pays, Émile Couzinet (1896-1964) lance sa carrière dans l’exploitation de salles de cinéma dans le Sud-Ouest et à Bordeaux avant de privilégier la production et la réalisation de films. Ses œuvres s’inspirent de l’esprit vaudeville du théâtre. Dès 1939, il plante ses caméras dans la capitale girondine (et à Royan) pour tourner L’intrigante (la belle Bordelaise), une histoire de rivalité amoureuse puis de complicité entre un père et son fils.

S’il est difficile de savoir quel a été le premier film réalisé dans le département, on sait que Julien Duvivier a tourné en 1919 sa toute première œuvre, Haceldama ou le prix du sang, dans le Médoc et en Corrèze. Les paysages se prêtent parfaitement à l’ambiance western voulue par le jeune homme, qui s’imposera en quelques années comme un réalisateur majeur.

En 1922, Abel Gance tourne quelques plans de son film La Roue au Casino Mauresque d’Arcachon. L’action du film se déroule à Nice, mais le cinéaste a choisi la station balnéaire girondine pour quelques jours afin de permettre à sa compagne, malade, de profiter des vertus de l’air marin. Cette dernière décèdera pourtant à la fin du tournage…

Des châteaux et des vignes

Pourvoyeuse de talents, la Gironde a aussi su charmer les scénaristes et réalisateurs au fil des décennies. Certains sites se prêtent volontiers à l’accueil des tournages. Ainsi, le château de Roquetaillade, à Mazères, accueille en 1963 Louis de Funès et Jean Marais pour le tournage de quelques scènes de Fantômas. En 1972, c’est au tour de Jean-Paul Belmondo de profiter du prestigieux décor de Roquetaillade dans le film Docteur Popaul, réalisé par Claude Chabrol. Le réalisateur Christophe Gans choisit également le château girondin pour quelques scènes de son célèbre film Le pacte des loups (2001), qui attire plus de 5 millions de spectateurs dans les salles.

Bien sûr, l’immense vignoble du département s’impose naturellement aux productions relatant les sagas des riches producteurs de vin. En 1982, le réalisateur Robin Davis choisit le château Pontet-Canet, situé à Pauillac, pour tourner J’ai épousé une ombre, réunissant Nathalie Baye et Francis Huster. Le scénario relate l’histoire de Hélène, enceinte et abandonnée par son compagnon, qui prend la place d’une femme lui ressemblant au sein de la belle famille, riche propriétaire d’une exploitation.

En 2011, ce sont les relations difficiles entre un père (Niels Arestrup) et son fils (Lorànt Deutsch), qui exploitent un vignoble prestigieux de Saint-Émilion, que choisit de raconter Gilles Legrand dans son film Tu seras mon fils. Vigneron exigeant et passionné, Paul considère que son fils manque de talent et de charisme pour assurer sa succession. Outre le drame familial, le long-métrage rend un vibrant hommage à l’univers vinicole.

Le bassin d’Arcachon, studio en plein air

Grâce à ses décors de carte postale, le bassin d’Arcachon suscite l’engouement des réalisateurs.

Si Claude Chabrol, dans son film La fleur du mal (2003), situe une bonne partie de la narration sur le bassin, Fabien Onteniente décide quant à lui de s’y consacrer pleinement. Excellente décision puisque son film Camping (2006), avec Franck Dubosc dans le rôle principal, dépasse les 5,5 millions d’entrées. Tourné au Camping de la Dune (Camping des Flots bleus à l’image), au pied de la dune du Pilat, le film narre les aventures estivales de Patrick Chirac et de ses amis vacanciers.

Le décor devenu emblématique du film Camping – Crédit photo : Camping de la Dune

Le succès populaire est tel que deux suites sont tournées en 2009 et 2015, mais sans jamais atteindre le même nombre d’entrées.

Détruit lors du terrible incendie survenu à l’été 2022, le camping ayant servi au tournage a pu être entièrement reconstruit, au terme de sept mois de travaux. Les prémices d’un futur camping 4 ?

Autre succès commercial, Les petits mouchoirs, tourné par et avec Guillaume Canet en 2009, donne la part belle aux décors du Cap Ferret, que le public retrouve dix ans plus tard dans Nous finirons ensemble.

C’est également à la pointe du Cap-Ferret qu’a été tourné L’année du requin en 2021. Librement inspiré du célèbre film de Spielberg, Les dents de la mer, le long-métrage des frères Boukherma décrit la frayeur des touristes d’une station balnéaire à l’approche d’un gros requin-bouledogue, en misant toutefois sur quelques touches d’humour. Il ne semble pas que ce pari narratif ait séduit le public ou la critique. « Hybride foutraque qui doit tout à la passion de ses auteurs, mais ne sait pas sur quel aileron nager, ce film de requin made in France est assurément le divertissement le plus bizarroïde de l’été » écrit ainsi le site Écran Large.

Bordeaux, incontournable

Il serait fastidieux de dresser la liste exhaustive des films tournés à Bordeaux. La capitale girondine peut s’enorgueillir d’avoir accueilli des tournages importants, à l’instar de celui du Corniaud en 1964, avec Bourvil et Louis de Funès. Certes, Bordeaux n’apparaît qu’une vingtaine de secondes à l’image, mais les plans d’ensemble filmés par Gérard Oury suffisent à identifier la ville, notamment grâce aux quais, au Pont de Pierre et à la Grosse Cloche. Le film permet aussi de se rendre compte à quel point la ville a changé.

Une autre comédie populaire tournée à Bordeaux ? Les fugitifs ! Réalisé en 1986, le film de Francis Veber complète la trilogie des films d’aventure du couple Pierre Richard et Gérard Depardieu, après La chèvre et Les compères. Cette fois, la cité girondine ne sert pas à tourner quelques plans, elle constitue le décor principal de la fiction. Les aventures rocambolesques de Jean Lucas (Depardieu), ancien repris de justice, et de François Pignon (Richard), chômeur au bout du rouleau, permettent d’identifier quelques lieux, comme le jardin public, la rue Sainte-Catherine ou encore la place du Champs-de-Mars.

Nul besoin de construire des décors historiques et onéreux lorsque les rues bordelaises répondent à l’attente des cinéastes, même si leur histoire est supposée se dérouler à Paris.

Ainsi, en 1982, Robert Hossein adapte Les misérables de Victor Hugo et tourne quelques scènes à Bordeaux. Même réflexe de la part de Patrice Chéreau en 1993 lorsqu’il lance le tournage de La reine Margot, avec Isabelle Adjani dans le rôle-titre. Ce sont les rues de la Tour-du-Pin et de Saint-Éloi qui accueillent techniciens et comédiens pendant trois semaines.

La même rue de la Tour-du-Pin, décidément très cinégénique, sert également de décor au film Vidocq en 2000, avec Gérard Depardieu et Guillaume Canet.


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La renaissance du château des Milandes en Dordogne

La renaissance du château des Milandes en Dordogne


Depuis la panthéonisation de Joséphine Baker en novembre dernier, le château de Milandes enregistre une explosion de ses entrées.

château des Milandes
Le public se presse au château des Milandes – Crédit photo: Jacques Bodin – CC BY 2.0

Joséphine Baker entre dans l’Histoire de France

L’entrée au Panthéon de Joséphine Baker, le 30 novembre 2021, a suscité une abondante couverture médiatique. Peut-être était-elle due au choix singulier d’une femme noire, d’origine américaine, rendue célèbre par la Revue Nègre en 1925. Il s’agissait surtout de rendre hommage à un personnage exceptionnel, militante de la Ligue internationale contre l’Antisémitisme en 1938, infirmière à la Croix-Rouge, résistante zélée tout au long de l’Occupation.

En 1937, elle loue le château des Milandes, non loin de Castelnaud-la-Chapelle. Bâti en 1489, il accueille les seigneurs de Caumont jusqu’à la Révolution. La demeure profite d’une architecture Renaissance et intègre de somptueux éléments gothiques.

Dix ans plus tard, Joséphine Backer décide d’acheter le château et y apporte le confort moderne : électricité, eau courante, chauffage central… Le monument se transforme en nid douillet, permettant à l’artiste et à son mari d’adopter et d’accueillir douze enfants. La grande famille y vivra une vingtaine d’années.

joséphine Baker au château des Milandes
Joséphine Baker au château des Milandes en 1961 – Crédit photo : Jack de Nijs pour Anefo – CC0

Accablée par les dettes, Joséphine Baker doit pourtant se résoudre à vendre le château en 1968. Quatre propriétaires se succèdent, dont Henry et Claude de Labarre, qui l’acquièrent en 2001. Ils en confient la gestion à leur fille Angélique, qui entreprend de lui redonner tout son panache en dépoussiérant l’œuvre de Joséphine Baker.

C’est bien grâce à son travail que le château des Milandes est aujourd’hui associé à l’artiste franco-américaine.

La gardienne du temple ne cache pas son admiration, comme elle l’explique au journal Le Point (01/08/20216) : « Tout me fascine chez cette femme, car c’est une personnalité à facettes. Tout le monde essaie de se raccorder à Joséphine. On voit débarquer des juifs – son premier mari, Jean Lion, était juif –, des francs-maçons, des chrétiens, des libres-penseurs qui affirment qu’elle est des leurs. Mais elle refusait tout embrigadement. Elle militait pour un idéal de fraternité en voulant se mélanger à tout le monde. Pour elle, il n’y avait qu’une race : la race humaine. »  

Une fréquentation en forte hausse

Le travail accompli par Angélique de Saint-Exupéry ces dernières années n’aura pas été vain. Depuis la panthéonisation de Joséphine Baker, le château des Milandes attire un nombre croissant de visiteurs.

La responsable de l’accueil, Oriane Rouland, constate le dynamisme initié par l’évènement, comme elle le confie à France Bleu (14/08/2022) : « On a presque doublé par rapport à juillet août 2019. On fait des journées à plus de 2.400 visiteurs et ces journées s’enchainent depuis fin juillet. Habituellement, pendant l’été, il y avait certains jours avec des pics à 1.700 ou 1.900 voire 2.000 visiteurs. »

De fait, le château des Milandes s’impose depuis cette année comme une attraction incontournable de la Dordogne. Le public attiré par l’aura de Joséphine Baker profite sur place du travail de fourmi réalisé par la propriétaire des lieux. Angélique de Saint-Exupéry n’hésite pas à parcourir le monde entier pour chiner et récupérer le moindre objet, document ou vêtement ayant appartenu à l’artiste.

La visite des salles muséographiques permet de se plonger dans la vie de Joséphine Baker, depuis sa naissance miséreuse à Saint-Louis (Missouri) en 1906 jusqu’à son bonheur familial au château périgourdin. Succès artistiques à Paris, missions secrètes au service du contre-espionnage français pendant la guerre, combats en faveur de l’égalité raciale aux États-Unis… Ce sont des décennies d’engagement et d’abnégation que relate aujourd’hui le château des Milandes.

Le lieu s’est progressivement adapté à l’inflation heureuse des visiteurs. Ainsi, un food truck et un snack proposent une offre de restauration, en plus de la brasserie. De petits spectacles organisés par des associations locales s’offrent au public coincé dans la file d’attente.

Parallèlement, les travaux de restauration se poursuivent et se concentrent depuis peu sur la chapelle et l’une des tours.

Ce regain de dynamisme vise à pérenniser le magnifique château des Milandes et, surtout, à porter le souvenir d’une femme exceptionnelle, à qui le pays vient de rendre le plus précieux des hommages.

Jeu vidéo « Dordogne » : un peu de quiétude dans un univers de brutes

Jeu vidéo « Dordogne » : un peu de quiétude dans un univers de brutes


Le studio bordelais Un Je Ne sais Quoi sortira en début d’année prochaine sa dernière production, Dordogne. Un jeu vidéo bucolique et nostalgique, qui revendique sa différence et son originalité.

jeu vidéo dordogne
Une approche picturale originale et poétique – Crédit photo : Studio Un Je Ne sais Quoi

Un pari osé, mais prometteur

Inutile de nier la réalité. L’industrie du jeu vidéo s’est essentiellement construite sur des modèles de violence extrême, à même du subjuguer les joueurs et les inciter à interagir en permanence. Call of Duty, Fortnite, Grand Theft Auto, Warcraft… Tuer avant d’être tué, selon une règle entendue et sans doute appréciée du public.

Les possibilités technologiques qu’offrent les consoles ou PC permettent aussi de concevoir des univers apaisés et de proposer une approche ludique plus respectueuse de la manette.

C’est en tout cas l’ambition du studio bordelais Un Je Ne sais Quoi. Associée à la compagnie Umanimation (installée non loin, à Pessac), l’entreprise s’apprête à commercialiser sa dernière production, intitulée Dordogne.

Le jeu nous met en présence de Mimi, une jeune femme de 32 ans de retour dans la maison périgourdine de sa grand-mère, récemment décédée. Cette dernière lui a laissé des lettres et des énigmes à résoudre, obligeant Mimi à se replonger dans ses souvenirs d’enfance, lorsqu’elle passait ses vacances auprès de son aïeule.

Annoncé depuis deux ans, le jeu a été présenté à la dernière Gamescom, organisée en août à Cologne. Le public et les journalistes ont pu découvrir une approche picturale à rebours des productions actuelles. Les 180 décors qui composent le jeu ont en effet été peints à l’aquarelle.

Les créateurs ont privilégié la narration, un peu hors du temps, plutôt que les situations poussant à la dextérité. Il s’agit ici de s’imprégner des mille et un petits détails de la vie à la campagne, comme le chant des oiseaux, le vent qui souffle dans les arbres ou le clapotis de l’eau.

L’émotion comme fil conducteur

La progression dépend donc de la capacité du joueur à résoudre les puzzles et énigmes laissés par la grand-mère. Mimi est ainsi appelée à prendre des photos Polaroïd, à enregistrer des sons, à trouver des mots… bref, à se montrer curieuse. La petite fille explore d’abord la maison de sa grand-mère.

« Nous parcourons d’abord avec Mimi les pièces comme nous feuilletons les pages d’un livre d’images. Au passage, nous interagissons avec des éléments du décor, comme de vieux Paris Match dans les toilettes. Certaines actions nous permettent de trouver des mots, que l’on récolte comme des coquillages glissés dans une poche lors d’une promenade en bord de mer. Une fois que nous les avons tous glanés, nous avons ensuite accès à une nouvelle pièce de la maison : la cuisine, où nous attendent des tartines et du lait » écrit Pierre Trouvé, dans Le Monde (25/08/2022).

Mimi poursuit sa quête hors des murs de la vieille maison, à la découverte des paysages magnifiques de la Dordogne. Les collines, villages lointains, rivières qui serpentent, forêts majestueuses contribuent à attirer l’attention du joueur et à l’inviter à la contemplation. Ici, il est avant tout question de prendre son temps avant de dénicher les réponses aux énigmes.

La commercialisation du jeu est annoncée pour le premier trimestre 2023. Son originalité ne manquera pas de susciter la curiosité du public et de la presse internationale. Les créateurs ont d’ores et déjà été invités au prochain Tokyo Game Show.

À n’en pas douter, Dordogne soufflera un vent nouveau et bienvenu, à même de séduire ceux qui considèrent que le jeu vidéo ne se limite pas à un tir de rafales ou à l’explosion d’une grenade.

Combien y a-t-il de châteaux en Dordogne ?

Combien y a-t-il de châteaux en Dordogne ?


Surnommée « le Pays des 1001 châteaux », la Dordogne abrite un patrimoine impressionnant. Essayons de faire le compte.

Le magnifique château de Château-l’Évêque, ouvert à la visite – Crédit photo : Père Igor – CC BY-SA 3.0

L’influence des guerres

Le Périgord, ancré dans la longue histoire de France, s’est enrichi au fil des siècles d’un paysage de monuments. Le département profite d’ailleurs de cet héritage unique pour attirer chaque année de très nombreux touristes venus du monde entier.

La construction des châteaux a été initiée dès le début du Moyen-Âge, lors des tensions entre le duché d’Aquitaine et le royaume de France. Elles forment les prémices de la guerre de Cent Ans, qui oppose Anglais et Français à travers les dynasties des Plantagenêt et des Valois.

Les terres périgourdines représentent le cœur des batailles, justifiant l’édifice de châteaux fortifiés pour protéger les populations et asseoir les positions. La rivière Dordogne forme une frontière naturelle entre le royaume de France et les territoires anglais, plus au sud.

Les rois, soucieux de remporter la guerre et de reconquérir l’Aquitaine, accordent aux seigneurs locaux le droit de construire leurs fortifications, à la condition que ces derniers prêtent allégeance à la couronne de France. Le conflit guerrier motive la décision de la royauté, car, en temps normal, la construction de forteresses représente une menace directe en cas de velléité d’indépendance de l’aristocratie périgourdine.

Tout au long des décennies, de magnifiques et imposants châteaux forts sortent de terre, parmi lesquels les célèbres châteaux de Castelnaud et de Commarque.

Bien sûr, la fin de la guerre de Cent Ans ne marque pas la fin des constructions. L’architecture des châteaux épouse le style de l’époque. Certains monuments adoptent ainsi le style Renaissance ou Classique, moins massif et plus harmonieux que celui ayant prévalu pendant la période médiévale.  

On continue d’édifier des bâtisses jusqu’au 19e siècle, à l’image du magnifique château de la Valouze à la Roche-Chalais.

Un comptage forcément approximatif

La notion même de château peut poser problème, car les manoirs, maisons fortes ou demeures nobles ne sont pas considérés comme tel dès lors qu’ils n’ont jamais hébergé de seigneurs.

Néanmoins, le site Châteaux de France a effectué un recensement exhaustif, incluant les châteaux forts, forteresses, manoirs, vestiges de châteaux et ruines importantes.

Sa conclusion est la suivante : 661 châteaux, 67 châteaux forts et 339 manoirs.

De fait, la Dordogne est le département le plus richement doté de France. Il regroupe près de 11 % des châteaux édifiés dans le pays. Certains sont classés Monuments historiques ou inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques.

Bon nombre de ces demeures appartiennent à des propriétaires privés. Leur état est variable, selon l’ancienneté ou la rigueur des chantiers de rénovation. Des châteaux ont changé de finalité, à l’instar du château d’Embellie, devenu une grande ferme, ou du château de la Barde, qui accueille des jeunes filles handicapées.

La grande majorité reste fermée au public, mais ceux destinés aux visiteurs attirent chaque année une foule importante, avide d’histoire et de sensations. Si les châteaux de Castelnaud, de Biron ou de Beynac peuvent être considérés comme des super stars, d’autres bâtisses méritent le coup d’œil.

Ainsi, le château de Fénelon, à Sainte-Mondane, impressionne par son architecture et son emplacement en hauteur. Bâti au 12e siècle, classé aux MH en 1962, il promet une visite instructive.

Le château de Beauvais, à Lussas-et-Nontronneau, semble tout droit sorti d’un film de Walt Disney. Construit de 1533 à la fin du 16esiècle, il épouse le style d’architecture archaïsante du Périgord Vert.

Enfin, le château Château-l’Évêque (ou château Vincent) ne peut laisser indifférents ses visiteurs, s’agissant notamment de sa façade nord, qui impose le respect. Le monument a été construit au début du 14e siècle, sous l’impulsion d’un évêque.

Le château de Monbazillac fait peau neuve

Le château de Monbazillac fait peau neuve


Décidée à réveiller un monument assoupi, la coopérative de Monbazillac a lancé un ambitieux programme de rénovation et de promotion.

Crédit photo : Jonny – Flickr

Image emblématique des célèbres liquoreux

Les vins de Monbazillac, outre leurs qualités gustatives évidentes, profitent d’une image de marque particulière, que leur apporte le château de même nom. Le magnifique monument, édifié au 16e siècle, attire inévitablement le regard grâce à ses quatre grosses tours circulaires. Acquis par la cave coopérative de Monbazillac en 1960, il domine les 25 hectares de vignes et contribue à leur réputation.

Mais « le lieu ronronnait » depuis quelques années, comme le reconnaît Guillaume Barou, président de la cave. Soucieux de réveiller le château, classé aux Monuments historiques, les vignerons ont initié un projet en 2017, à même de faire entrer pleinement l’appellation Monbazillac dans l’ère de l’œnotourisme.

Après un investissement de deux millions d’euros et huit mois de travaux, le prestigieux édifice révèle un nouveau visage, tout entier tourné vers les visiteurs. « Le château de Monbazillac s’ancre dans le tourisme d’avenir avec cette restructuration de notre offre oenotouristique, et devient ainsi une pépinière d’initiatives » se réjouit Guillaume Barou, cité par le site d’information Vitisphere, dédié aux professionnels de la vigne.

Programme ambitieux et ludique

Depuis le mois de juin, le public est invité à découvrir les trois espaces thématiques.

Le premier, agencé sur une superficie de 300 m², suit une finalité muséographique. Les visiteurs découvrent l’histoire de l’appellation et le processus de vinification, de la vigne à la mise en bouteille. Les concepteurs ont insisté sur les outils high-tech, à grand renfort d’images et de son. L’ambition est de proposer « une approche instructive, ludique et humaine », selon Pauline Auban, la responsable de l’œnotourisme citée par Sud-Ouest.

Le deuxième espace se consacre aux expositions dédiées à l’histoire du terroir, selon différents aspects. La première porte sur le protestantisme et la seconde évoque la famille de Bacalan, habitante des lieux pendant la Révolution française.

Enfin, le troisième et dernier espace ouvre ses portes aux artistes. Depuis le 24 juin, Marlène Mocquet et Laurent Mareschal, respectivement céramiste et sculpteur plasticien, exposent le fruit de leur création. Le château suit aussi une politique de résidence d’artistes, en leur offrant l’histoire des lieux et la beauté du parc pour nourrir leur imagination et leurs projets.

Une demi-journée d’immersion

La variété des animations impose de consacrer quelques heures au château de Monbazillac. Les visites se concluent évidemment par une dégustation du divin breuvage, au pavillon des Arômes.

Même si le vin ne les concerne pas de prime abord, les enfants n’ont pas été oubliés par les organisateurs. Ils peuvent se rendre dans les caves, où différentes attractions les attendent, comme la conception et l’édition d’une étiquette d’une bouteille de jus de raisin.

Des animations sont prévues tout au long de l’été, construites autour de quatre thèmes : le métier, l’utilisation de la robotique, le château dans le territoire et le rendez-vous des vignerons. C’est l’occasion rêvée de rencontrer les viticulteurs et d’échanger en leur compagnie.

Le cadre prestigieux du château de Monbazillac se prête aussi fort bien à l’organisation d’un petit pique-nique, à moins que l’on ne préfère profiter du restaurant maison, le Pavillon Brizay.

Les visiteurs enthousiastes et les amateurs de bon vin concluront certainement leur visite par un passage à la boutique, entièrement rénovée.

Tarifs :

 Deux formules sont proposées :

  • Le Monba’licieux : visite de tous les espaces et dégustation commentée de trois vins : 15 €
  • Le Monbazill’Art : visite libre du château et dégustation d’un vin parmi la sélection : 10 €

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