La douceur de températures n’a pas permis l’enneigement des stations pyrénéennes, contraintes de fermer certaines de leurs pistes en attendant le retour du froid.
Olivier Sorondo – 4 janvier 2023 – Dernière MAJ : le 24 janvier 2023 à 16 h 52 min
En l’absence de neige, les vacanciers profitent du petit train d’Artouste – Crédit photo : Angel de los Rios – Flickr
Attendre désespérément la neige
Le constat est amer dans les Pyrénées et les autres massifs montagneux du pays. La vague de redoux qui sévit depuis la fin du mois dernier a privé les stations du manteau neigeux tant attendu. Les structures de moyenne montagne se retrouvent particulièrement impactées, avec son lot de désillusions et de difficultés économiques.
La station de la Pierre-saint-Martin a ainsi dû renoncer à fermer son domaine skiable en espérant de meilleures conditions pour les vacances de février.
Même constatation à Gourette. Si la station a pu laisser ouvertes ses pistes dédiées aux débutants, décision a été prise de fermer celles réservées aux skieurs plus confirmés.
A Artouste, le domaine subit lui aussi l’absence de neige. Le célèbre petit train de la commune, qui se faufile à flanc de montagne, continue heureusement d’attirer les vacanciers, mais l’occupation touristique ne dépasse pas les 50 %.
« On a ouvert à Noël en mode été. Et s’il faut, on rouvrira en février en mode été également si la neige est absente » déclare, un brin fataliste, Jean-Christophe Lalanne, le directeur de la station, interrogé par France 3 Aquitaine.
Le Mourtis, Ax-3-Domaines, les Monts d’Olmes, Luchon-Superbagnères… La liste des stations pyrénéennes s’allonge aussi vite que fond la neige au soleil.
La même situation défavorable prévaut dans certaines stations des Alpes, à l’instar de Combloux, et du Jura. En décembre, une piste de ski alpin sur deux a été fermée.
Les projections météorologiques ne laissent pas voir d’amélioration avant la mi-janvier.
Des conséquences économiques
L’absence de neige met à mal toute l’activité des stations. Les touristes se font moins présents, les nuitées diminuent, les restaurants n’affichent pas complet, les remontées mécaniques ne tournent plus, les moniteurs se tournent les pouces. A Superbagnères, le chiffre d’affaires s’est effondré de 80 %.
Les saisonniers, pour leur part, choisissent l’activité partielle pour s’adapter à la conjoncture. Les permanents prennent leurs congés ou subissent le chômage technique.
Au-delà de l’espoir de bonnes chutes de neige avant février, les professionnels observent les effets éventuels du changement climatique. Si de tels épisodes de redoux venaient à se succéder, la solution passerait par une autre approche de la montagne, avec des arguments moins centrés sur la neige.
« Un noël sans neige est déjà arrivé, alors c’est inconfortable pour les professionnels et décevant pour la clientèle, mais les vacanciers ont joué le jeu en participant à nos activités de VTT, luge sur tapis comme en été, karting en chiens de traineau » déclare Régine Casaucau, de l’office de tourisme Haut Béarn La Pierre Saint-Martin à France 3 Aquitaine.
Les Pyrénées offrent un décor grandiose pour envisager autrement ses vacances d’hiver et les considérer, un peu, au même titre que les vacances estivales.
Destinations touristiques durables : Bordeaux classée au top 5 mondial
La capitale girondine figure parmi les meilleures cités soucieuses de proposer un tourisme responsable.
Olivier Sorondo – 10 novembre 2022 – Dernière MAJ : le 10 novembre 2022 à 19 h 14 min
Bordeaux marque des points dans le tourisme responsable – Crédit photo : Loïc Graniczny from Pixabay
Une belle progression depuis l’année dernière
Le palmarès du Global Destination Sustainability Movement (GDSM), s’il n’est pas forcément connu du grand public, reste très attendu chaque année par de nombreuses villes à travers la planète.
Considéré comme une référence, le GDSM vise à promouvoir les efforts consentis en matière de développement durable par les municipalités dans leur offre touristique. Son palmarès constitue, à n’en pas douter, un argument supplémentaire auprès des touristes, de plus en plus sensibles aux valeurs environnementales.
En 2021, Bordeaux s’était hissée au neuvième rang mondial. Cette année, la ville affiche une belle progression en atteignant la cinquième place, derrière les villes de Göteborg (Suède), Bergen (Norvège), Copenhague et Aalborg (Danemark).
Les deux autres villes françaises, Lyon et Paris, se classent respectivement à la 11e et 25e places.
Bordeaux déjà élue capitale européenne du smart tourisme
Le classement flatteur dont vient de bénéficier la ville portuaire s’ajoute au prix décerné l’année dernière par l’Union européenne, celui de European Capital of Smart Tourism. Quatre catégories avaient été retenues dans l’évaluation : l’accessibilité, le développement durable, la numérisation, ainsi que le patrimoine culturel et la créativité.
Ce prix vise à créer un réseau de villes européennes attractives et ingénieuses qui partagent entre elles les bonnes pratiques à mettre en place pour un tourisme plus vertueux.
À travers ces récompenses, Bordeaux anticipe le tourisme de demain, « notamment grâce à l’accompagnement des entreprises touristiques dans leur transition, la performance sociale et les actions de Bordeaux Tourisme & Congrès et la performance environnementale » écrit Sud-Ouest (10/11/2022).
La Teste-de-Buch : sauver ce qui peut l’être après l’incendie
Il y a deux mois, un gigantesque incendie ravageait la forêt de pins située aux alentours de la commune girondine. L’ONF dresse un premier bilan et trace ses perspectives.
Olivier Sorondo – 3 octobre 2022 – Dernière MAJ : le 4 octobre 2022 à 19 h 49 min
Intervention des pompiers dans la forêt de la Teste-de-Buch en juillet dernier – Crédit photo : Ville de la Teste-de-Buch
Un environnement dévasté
À la faveur des quelques précipitations qui ont arrosé la Gironde ces derniers jours, l’incendie de la Teste-de-Buch a été déclaré officiellement éteint par les autorités. En juillet, le feu a ravagé plus de 7 000 hectares de forêt ainsi que des campings, des restaurants et des habitations.
Toujours interdite au public par mesure de sécurité, la zone comprise entre la dune du Pilat et Biscarrosse s’est transformée en paysage lunaire, royaume des troncs noircis et des fougères calcinées.
Pour l’ONF (Office National des Forêts), il convient de s’organiser entre action urgente et réflexion à plus long terme.
Dans l’immédiat, les agents se chargent d’un premier nettoyage du millier d’hectares brûlés de la forêt domaniale. Selon les estimations de l’institution, près de 400 hectares de pins incendiés devront être abattus, nécessitant d’engager une trentaine d’engins forestiers. L’objectif prioritaire consiste à éviter un développement trop important des champignons, qui bleuissent les troncs, et surtout des scolytes, insectes réputés pour creuser des galeries sous l’écorce afin d’y déposer leurs œufs. Les pins n’y survivent généralement pas.
« Dans un écosystème de pins, le scolyte peut augmenter de 10 % à 30 % le volume de bois mort. On va essayer de le limiter à 10 % » déclare Francis Maugard, expert en pin maritime, au journal Le Monde (03/10).
Il s’agit aussi de récupérer un maximum de matières afin que le bois soit utilisé par la filière et les professionnels de la transformation. Même si les pins ont été brûlés en surface, « le bois à l’intérieur n’est que peu altéré et donc il est encore utilisable. Mais plus on va attendre, moins il sera exploitable » explique Yann Rolland, responsable du service bois pour l’agence ONF, dans les colonnes de Ouest France (26/09).
D’ici la fin du mois de décembre, plus de 80 000 mètres cubes de bois devraient être récupérés et valorisés (contreplaqué, lambris, emballages, palettes). Ce niveau correspond à huit fois le volume d’une année normale.
Une étude attentive du terrain
La mission de l’ONF consiste également à anticiper le futur aménagement de la forêt. Il s’agit en premier lieu de préserver les pins les moins touchés par le feu, dès lors que des aiguilles vertes continuent d’orner leur branches.
« Si un pin meurt dans un ou deux ans, mais qu’il donne d’ici là une dernière pluie de graines, qui pourra favoriser la régénération naturelle, c’est déjà ça » estime Fabrice Carré, technicien, cité par Le Monde.
Les associations environnementales considèrent pour leur part que la renaissance naturelle de la forêt se retrouve perturbée par les travaux de l’ONF : « Les arbres, les fougères, les herbes, tout est en train de repousser en beauté, même les arbustes. La moindre intervention lourdement mécanisée va porter un préjudice absolument gravissime à cette reviviscence naturelle » déplore Françoise Brangré, membre de l’association Bassin d’Arcachon Écologie, interrogée par France Info (01/10).
De fait, la nature semble déjà reprendre ses droits. Des fougères ont fait leur réapparition et des repousses sont observées au pied des arbres. La faune n’a pas disparu non plus, comme l’atteste la présence de renards, de lièvres et de chevreuils. Le retour d’espèces plus rares, à l’instar du lézard ocellé ou du petit pessereau, continue de susciter des interrogations.
Enfin, si la prochaine saison touristique n’est pas considérée aujourd’hui comme un objectif prioritaire, l’ONF anticipe quand même la réouverture des plages du Petit Nice, de la Lagune et de la Salie, au sud de la dune du Pilat.
« Il va falloir mettre l’ensemble des financeurs autour de la table. On a commencé à faire des estimations. Pour rouvrir ces sites, c’est à minima 1 million d’euros » souligne Cédric Boucher, le responsable du site, au micro de France Bleu (27/09). La plage de la Lagune pourrait être desservie par des navettes et les estivants seraient encouragés à utiliser leur vélo pour rejoindre leur spot favori. Il faudra au préalable rouvrir la D218 entre le Pyla et Biscarrosse, toujours fermée en raison des travaux de sécurisation.
L’incendie laissera des traces pendant encore de nombreuses années.
Malgré les confinements et couvre-feux successifs, le Comité régional de Tourisme de Nouvelle-Aquitaine se met en ordre de bataille pour séduire les vacanciers provinciaux et franciliens.
Olivier Sorondo – 3 avril 2021 – Dernière MAJ : le 24 avril 2021 à 14 h 46 min
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C’est en vallée d’Ossau que tout commença…
Ce climat montagnard, les bergers de la vallée d’Ossau le subissent depuis des siècles. « Les bergers partaient en estive avec leurs moutons, qui fournissaient la laine nécessaire à la fabrication de ce couvre-chef. Il ne fallait pas attraper froid. Et leurs guêtres ne protégeaient pas la tête » précise Évelyne Bétachet, chapelière à Bayonne, au journal Sud-Ouest (17/08/2017).
C’est sur la vaste plaine sablonneuse des Landes de Gascogne que l’asperge blanche est récoltée depuis le début du 20e siècle. Elle a su s’imposer au fil des décennies comme un produit apprécié, mêlant douceur et saveur, loin de toute amertume.
Olivier Sorondo 17 avril 2023 – Dernière MAJ : le 17 avril 2023 à 18 h 30 min
S’il est d’usage de contempler les bourgeons des branches d’arbres pour constater l’arrivée du printemps, les gourmets du Sud-Ouest ont plutôt tendance à scruter les sols sableux, dans l’espoir d’y voir émerger la pointe de l’asperge des sables des Landes.
Dès la mi-mars, l’asperge annonce précocement la promesse de nouvelles saveurs après un hiver long et parfois frustrant. Il faut quand même avouer qu’elle est attendue, sa réputation ayant dépassé depuis bien longtemps le seul département des Landes.
Selon l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité), une enquête menée en 1997 a montré que les acheteurs professionnels classent l’asperge des sables des Landes à la deuxième, voire la première place, en termes de qualité. Le légume est même consommé en Europe, notamment en Allemagne et au Luxembourg.
Les producteurs, soucieux de cette richesse, apportent le plus grand soin à sa culture et à sa récolte. Ils profitent en premier lieu d’un terroir favorable, composé par les sables fauves, au sein des Landes de Gascogne. Le sol, perméable et profond, se révèle riche en matière organique et peu argileux. Il offre aussi la chaleur dont a besoin l’asperge pour se développer et arriver à maturité avant même le début officiel du printemps.
Les conditions climatiques jouent également en faveur du légume, grâce à l’influence régionale océanique, synonyme d’un air tempéré humide. Les températures restent clémentes et les pluies se font abondantes avant que la chaleur printanière ne s’impose. Le massif forestier, pour sa part, contribue à maintenir ces conditions très favorables.
Aujourd’hui, 850 hectares sableux accueillent la production de l’asperge, faisant des Landes le premier département producteur de France. Les premières cultures, lancées au début du 20e siècle pour combler l’abandon progressif du gemmage, ont permis d’installer au fil des décennies un véritable savoir-faire, aujourd’hui reconnu.
Une course contre la montre
L’asperge des sables des landes se caractérise par sa tige (ou turion) rectiligne, droite et cassante, mais jamais filandreuse, que vient terminer une pointe formée de petits bourgeons serrés. Surtout, le légume, bien protégé du soleil dans le sable, conserve une blancheur éclatante, qui participe à sa réputation.
La récolte, effectuée manuellement, impose d’infinies précautions, mais aussi un timing serré. Il convient tout d’abord de protéger l’asperge du soleil pour ne pas altérer sa couleur et ensuite de la conditionner dans un espace frais pour préserver sa fraîcheur et ses qualités gustatives. L’opération est généralement menée en moins de 4 heures.
Depuis 2005, l’asperge des sables des Landes bénéficie d’une IGP (Indication géographique Protégée). Elle garantit aux consommateurs son origine et sa traçabilité jusqu’aux distributeurs. C’est aussi et surtout la reconnaissance d’un produit de terroir haut de gamme et du travail des 160 asparagiculteurs, soumis à un cahier des charges contraignant.
Persuadée de la qualité de son produit, l’association des producteurs d’asperges a initié les démarches pour obtenir l’agrément Label Rouge. Aujourd’hui, seuls quatre produits landais bénéficient du précieux sésame : le bœuf de Chalosse, le canard fermier, le kiwi de l’Adour et les volailles fermières.
En attendant, la récolte se poursuit jusqu’au mois de mai, toujours effectuée à la main dans le respect de la tradition et le souci de ne pas abîmer l’asperge, réputée fragile.
La suavité de son goût
Les gastronomes et chefs cuisiniers attendent l’asperge des Landes avec impatience parce qu’elle annonce, avec un peu d’avance, l’arrivée du printemps, mais surtout pour sa fraîcheur et son goût savoureux. À la différence des autres asperges, elle ne dégage aucune amertume et sa tige n’est jamais filandreuse.
C’est aussi un aliment synonyme de santé. Ses provitamines A, ses vitamines B9, C et E et ses sels minéraux contribuent au renouvellement des cellules alors que ses fibres assurent une bonne régularité du transit intestinal. Elle favorise enfin l’équilibre de l’alimentation en ne proposant que 25 kilocalories.
Apprécier l’asperge des sables des Landes à sa juste valeur suppose de la consommer rapidement, même si elle peut être conservée de trois à cinq jours au réfrigérateur.
Il existe de nombreuses façons de la préparer et de la cuisiner. La plus simple et, peut-être, la plus respectueuse, consiste à la consommer crue, avoir l’avoir pelée et découpée en très fines tranches dans sa longueur. Un petit filet d’huile d’olive et quelques grains de sel et de poivre moulu suffisent à la rendre unique en bouche.
Une entrée gourmande et diététique – Crédit photo : Patrick Janicek – Flickr
La préparer comme on le souhaite
En cuisine, l’asperge peut être cuite plongée dans l’eau bouillante salée, mais sa fragilité justifie l’utilisation de certains faitouts, remplis aux deux tiers d’eau bouillante, permettant ainsi à la pointe de rester hors de l’eau tout en profitant de la vapeur. Sinon, une cuisson à la vapeur convient tout à fait.
Les asperges peuvent être dégustées de mille et une façons. En entrées, assaisonnées d’une vinaigrette maison ou d’une sauce émulsionnée, elles accompagnent à merveille un œuf poché ou une tranche de jambon de pays. Elles se révèlent particulièrement adaptées à la préparation d’un velouté ou peuvent être poêlées avec différents champignons. Ce sont aussi des éléments de garniture fins et goûteux, que l’on sert avec une volaille ou un filet de poisson.
Un produit aussi apprécié méritait bien un hommage appuyé. Chaque année, le 1er mai, la commune de Pontonx-sur-Adour organise la grande fête de l’asperge des sables des Landes. Une occasion unique de rencontrer les producteurs, de profiter de la foire et, bien sûr, de rassasier sa gourmandise.
Si l’origine véritable du béret suscite encore quelques agacements ou rivalités chez les Basques et les Béarnais, la production de fromages, dont l’Ossau-Iraty, revendique une certaine fraternité pyrénéenne.
Le greuil (ou breuil au Pays basque) illustre fort bien cette culture pastorale commune. Tiré du mot béarnais « grulh », qui signifie « grumeau », il s’agit d’un fromage dit de seconde catégorie, car préparé sur la base de petit-lait récupéré après la fabrication des tommes traditionnelles de brebis.
Aussi appelé lactosérum, le petit-lait s’obtient par coagulation après ajout de présure ou de ferment. Il constitue une matière riche en protéines et sage en gras.
La fabrication du greuil passe d’abord par le chauffage du petit lait dans un chaudron, jusqu’à la formation d’une mousse blanche qui précède l’ébullition, signe que les protéines se sont agglomérées avant de remonter à la surface. L’étape suivante consiste à couper la chauffe et à récupérer les grains de caillé au moyen d’une écumoire. Ils sont ensuite placés dans une toile ou une faisselle pour faciliter l’égouttage et permettre le refroidissement.
Le greuil est né ! C’est un fromage frais, granuleux, onctueux, garanti sans colorant, conservateur ou additif. Il convient néanmoins de le consommer rapidement, car le fromage, fragile, se conserve peu de temps à une température n’excédant pas les 6°C. C’est la raison pour laquelle il est essentiellement vendu sur les marchés basco-béarnais, loin de toute distribution commerciale d’envergure.
Enfin, il convient de préciser que le greuil dépend des saisons de lactation des brebis, de décembre aux prémices de l’été.
Le plaisir gourmand et diététique
Particulièrement apprécié, le greuil se déguste de mille façons. Les puristes le préfèreront brut, juste étalé sur une tranche de pain de campagne ou à la petite cuillère, avec un peu de ciboulette. Mais le fromage se prête aussi bien aux préparations salées que sucrées. Il peut ainsi entrer dans la composition de lasagnes aux épinards, être émietté dans une soupe, enrichir la garniture d’une pizza. Plus simplement, le greuil s’apprécie avec du sucre en poudre, des fraises, du miel ou encore de la confiture. Dans les estives, les bergers le consomment avec du café fort et un soupçon d’armagnac.
Crédit photo : Association des Eleveurs et Transhumants des 3 Vallées Béarnaises
Outre ses arguments gustatifs, le fromage local peut se targuer de ses vertus diététiques grâce à son absence de lipides et sa richesse en protéines. Elles affichent en effet une composition remarquable en acides aminés, en minéraux (phosphore, calcium) et en vitamines, dans la précieuse B6.
Le greuil permettrait ainsi de renforcer la synthèse de la masse musculaire, de stimuler les défenses immunitaires et de reconstruire les fibres musculaires. Surtout, il s’impose comme un allié fiable des programmes de régimes en raison de sa faible teneur en matières grasses. Parfait pour caler une petite faim et rester éloigné des tentations industrielles sucrées.
L’engouement suscité par le greuil a d’ailleurs incité deux amies, Marie Barbé-Chouanneau et Aurélie Holley, à lancer leur entreprise, Grulh’Co. Chaque matin, les deux jeunes femmes se rendent chez les producteurs fermiers de la vallée d’Ossau pour y récupérer le petit-lait. Grâce à leur fromagerie mobile, elles procèdent immédiatement à la transformation et au conditionnement en raison de la fragilité du produit, susceptible de s’acidifier dans des délais très courts. Les pots de greuil sont ensuite vendus, notamment auprès des cantines scolaires et des EHPAD.
En Gironde, la fête du bœuf gras se tient depuis le Moyen-Âge. Elle vise bien sûr à respecter la tradition, mais cherche aussi à promouvoir une viande particulièrement recherchée par les gastronomes.
Olivier Sorondo 14 janvier 2023 – Dernière MAJ : le 16 janvier 2023 à 17 h 47 min
C’est le grand jour pour les bœufs gras de Bazas, en Gironde – Crédit photo : Lesley – Flick
Le premier défilé des bœufs remonte au 13e siècle
Située à une grosse soixantaine de kilomètres au sud-est de Bordeaux, la petite commune de Bazas pourrait très bien se confondre parmi les nombreux villages alentour. Elle se démarque pourtant en s’appuyant sur son histoire et l’excellence de sa production bovine. Le bœuf de Bazas jouit en effet d’une excellente réputation, au-delà des limites départementales, auprès des amateurs de bonne chère, qui saluent son onctuosité et son petit goût de noisette.
Il est vrai que les bœufs locaux font l’objet de toutes les attentions, à tel point qu’une fête leur est consacrée chaque année au moment du carnaval. La tradition s’est construite au fil des siècles à partir de 1283, date de leur premier défilé dans les rues du village.
Au Moyen-Âge, de nombreuses villes du royaume de France fêtent le carnaval en organisant des promenades de bétail, comme un pied de nez avant le Mardi Gras, qui introduit le carême et donc l’interdiction de consommer de la viande.
À Bazas, les bouchers obtiennent d’Édouard Ier, duc d’Aquitaine, le privilège de faire défiler leurs bœufs le Jeudi gras, en remerciement du taureau qu’ils offrent chaque année au clergé pour la Saint-Jean. C’est l’occasion d’organiser une grande fête villageoise et de lancer une tradition appelée à traverser les siècles.
Si les défilés finissent par tomber en désuétude à la moitié du 20e siècle dans bon nombre de cités, l’investissement du maire de Bazas en 1945 permet à celui de sa commune de perdurer. Son action est surtout motivée par la constatation que la race bazadaise, destinée au labour, est menacée de disparition. Il convient donc de l’orienter vers une race à viande et de le faire savoir.
L’argument de la qualité
Détenteur du Label Rouge depuis 1997 et de l’IGP depuis 2008, le bœuf de Bazas affiche un CV solide auprès des consommateurs. Il convient toutefois de préciser que ces labels ne se limitent pas à la seule race bazadaise. Ils englobent également la blonde d’Aquitaine et la limousine et autorisent par conséquent les races bovines métissées. Il n’en demeure pas moins que la bazadaise reste la plus emblématique et constitue l’intérêt central de la fête organisée chaque année en février.
Le bœuf de Bazas est reconnaissable grâce à sa robe grise et à sa puissante morphologie. Longtemps utilisé dans les champs pour sa force de traction, il subit, à partir de la seconde moitié du 20e siècle, la concurrence des engins mécaniques.
La bazadaise, remise au goût du jour, si l’on peut dire – Crédit photo : Georges-Adrien Carcanis – Flickr
L’espèce n’étant pas réputée bonne laitière, elle semble se diriger inexorablement vers une quasi-disparition.
Le salut vient de la qualité et de la spécificité de sa viande, au goût persillé et subtil. Dès lors, les producteurs s’impliquent dans un élevage attentif et rigoureux, à même d’améliorer et de pérenniser la saveur de leur race locale. Leur travail est récompensé par l’obtention des deux labels.
Le cahier des charges impose quelques contraintes. Les animaux doivent être nés, élevés et engraissés dans un périmètre bien défini. Les veaux sont d’abord nourris au pis de leur mère puis profitent ensuite d’un fourrage garanti sans OGM, produit sur place.
L’élevage dit extensif garantit une surface d’un hectare par vache. L’engraissement des bœufs, à base de céréales, est planifié en fonction de la célèbre fête, organisée le jeudi précédant Mardi Gras. Ils peuvent ainsi atteindre un poids compris entre 800 kg et une tonne.
Afin de sublimer son goût, la viande est maturée une dizaine de jours, le temps nécessaire au gras pour envelopper les fibres musculaires et assurer une parfaite onctuosité.
Reconnaissable grâce à sa jolie couleur rouge, la viande se prête à des multiples modes de cuisson et de préparation, aussi goûteuse grillée que braisée.
Vive les bœufs gras de Bazas !
Les efforts consentis par les éleveurs tout au long de l’année méritent bien une récompense. Elle prend la forme de la célèbre fête de Bazas, dont l’organisation semble immuable.
Six jours avant la festivité, les bœufs sélectionnés sont placés au repos et brossés au quotidien. L’opération vise à les relaxer, préparer leur belle apparence et permettre à la graisse de pénétrer dans le muscle.
Le jour de la fête commence tôt pour les éleveurs, qui pratiquent une toilette soignée afin que leur animal puisse attirer l’œil du jury et du public.
Les bœufs sont ensuite escortés par les jeunes du village revêtus de leur tenue folklorique jusqu’à la place des Tilleuls, où les animaux sont pesés.
En tout début d’après-midi, le célèbre défilé des bœufs gras de Bazas peut commencer ! À travers les rues de la commune, les animaux, couronnés de fleurs, jouent les vedettes parmi les chars décorés et les groupes musicaux qui les accompagnent. C’est l’occasion pour les ripatauleras (fifres) de jouer un rigaudon devant chaque boucherie du parcours.
Juste avant le concours du plus beau bœuf gras – Crédit photo: Ministère de la Culture
Arrivés à destination, place de la Cathédrale, les bœufs gras reçoivent la bénédiction du prêtre puis sont soumis à l’examen minutieux du jury, composé d’une douzaine de professionnels. Ces derniers finissent par attribuer trois prix : la conformité aux critères de race, les meilleures aptitudes bouchères, la musculation la plus prononcée.
Après l’annonce des résultats et la remise des trophées, les animaux sont menés à l’abattoir de Bazas, alors que les musiciens entament « La Mort du Bœuf », comme un dernier hommage.
En toute fin d’après-midi, la Confrérie Bazadaise du Bœuf intronise diverses personnalités issues du monde de la gastronomie et de l’élevage.
La fête se poursuit et se termine autour de la table lors la « grande soirée du bœuf ». Les convives peuvent enfin se régaler du bœuf gras de Bazas et de sa saveur exceptionnelle.
Menacés de disparition dans les années 1950, les vins de l’appellation Rosette, en terres bergeracoises, traversent le temps en toute discrétion.
Olivier Sorondo 7 décembre 2022 – Dernière MAJ : le 7 décembre 2022 à 19 h 50 min
Crédit photo : Les Vins de Bergerac Duras – Facebook
Un vignoble installé depuis… 1322
Partir à la conquête des vins et appellations de Bordeaux et du Sud-Ouest impose une solide motivation tant leur diversité est grande. Si les vins prestigieux du Médoc ou charpentés de Madiran jouent les têtes d’affiche, d’autres se détachent de toute ambition de célébrité.
Ainsi, le vin blanc moelleux de l’AOC Rosette poursuit son bonhomme de chemin à travers les siècles. Son territoire correspond à celui délimité en 1322 sous l’appellation de « Vinée de Bergerac ». La vinée aurait d’abord correspondu à la fusion du vignoble du châtelain de Bergerac et de celui de la paroisse de Saint-Martin, avant de s’étendre plus au sud en 1495.
Malgré la modestie de sa surface de production, le Rosette profite pleinement du commerce des vins aquitains vers l’Angleterre pour asseoir sa réputation. Du 17e au 18e siècle, le développement du commerce avec la Hollande lui permet de contribuer au rayonnement des vins du Sud-Ouest, en apportant sa touche souple et moelleuse.
En 1881, la crise du phylloxéra ravage le petit vignoble, comme tous ceux de France. Les quelques pieds survivants ne résistent pas aux terribles gelées hivernales un an plus tard.
Replantées, les vignes reprennent leur existence confidentielle, à l’ombre des fameux Monbazillac et Pécharmant, leurs voisins de terroir. Tout vient à point à qui sait attendre, car en 1946 un décret hisse le Rosette au rang d’AOC, en récompense de sa qualité et de sa singularité.
Hélas, l’appellation ne contribue pas vraiment à son essor commercial. Jusqu’aux années 1980, sa consommation dégringole. Éloigné des attentes du public, à une période où la publicité impose la notoriété à ceux qui peuvent se l’offrir, le vignoble se contracte. La densification urbaine de Bergerac grignote aussi son territoire.
Il faut toute l’énergie d’une petite équipe de viticulteurs rapatriés d’Afrique du Nord pour lui éviter de disparaître.
Continuer d’exister
L’appellation Rosette dépend d’une aire de production délimitée entre les communes de Bergerac, Creysse, Ginestet, Lembras, Maurens et Prigonrieux. Le vignoble est installé sur les coteaux de la rive droite de la Dordogne, dans un environnement enchanteur composé de collines et de massifs forestiers.
Sa superficie officielle s’étend sur 125 hectares, mais seule une quarantaine est actuellement exploitée. La surface reste certes modeste, mais elle s’est étirée depuis les années 2000. En 2008, elle ne dépassait pas les 11 hectares. Le vignoble a su échapper à une disparition lente et inéluctable.
Il profite de sérieux atouts pour justifier sa survivance. D’abord, le microclimat qui couvre cette petite zone de la Dordogne se révèle particulièrement bien adapté à la maturité du raisin. Protégées par un amphithéâtre de collines et plantées sur des coteaux baignés de soleil, les vignes profitent de conditions précieuses.
Ensuite, le sol se compose de sables argileux, d’alluvions et de graviers charriés par la rivière. Riche en fer et en minéraux, il se réchauffe rapidement au printemps, aidé par les coteaux drainants.
Enfin, les trois cépages de l’AOC Rosette (sémillon, sauvignon et muscadelle) restent particulièrement appréciés des consommateurs, justifiant leur pérennité. Ils contribuent à singulariser le Rosette, considéré comme un blanc moelleux et non pas liquoreux.
Aujourd’hui, une dizaine de viticulteurs se consacre à l’appellation. Ils procèdent au passerillage pour obtenir une bonne surmaturation des grains et s’assurer d’une teneur en sucres résiduels suffisante.
Les vendanges sont lancées avant l’apparition du botrytis (ou peu après selon les parcelles) et suffisamment tôt pour conserver la fraîcheur, l’acidité et l’arôme des raisins. Toute l’identité de l’AOC Rosette tient en cette alchimie entre grains suffisamment sucrés et récolte pas trop tardive.
Les raisins sont pressés immédiatement et la fermentation alcoolique se produit en quatre à cinq jours. Le breuvage est ensuite conservé deux à trois mois en cuve ou barrique avant d’être embouteillé.
La production reste modeste, pour atteindre les 14 000 bouteilles les années fastes.
Un plaisir forcément rare
Il n’est bien sûr pas envisageable de trouver des bouteilles d’AOC Rosette dans son supermarché de quartier, à moins, peut-être, d’habiter Bergerac et ses environs. Le vin sait se faire discret pour encore mieux se faire désirer.
Les amateurs chanceux apprécient le travail d’assemblage effectué par les vignerons, signature d’un vrai savoir-faire.
À l’œil, le vin dévoile une robe pâle et un jaune paille aux reflets dorés.
Au nez, « les premières senteurs dévoilent un bouquet complexe où les fleurs blanches, l’acacia et le chèvrefeuille en tête, rencontrent les agrumes. À cela s’ajoutent des notes de mangue et d’ananas pour une pointe d’exotisme et de savoureuses touches de poire » écrit Le site spécialisé Tout le Vin.
Des notes anisées ou mentholées peuvent parfois se dévoiler, renforçant le sentiment de fraîcheur.
En bouche, le sucre apporte une sage onctuosité au nectar, en bon équilibre avec la fraîcheur. « Le sémillon apporte la structure, le gras, l’onctuosité, et le sauvignon, la fraîcheur aromatique. On retrouve l’alliance de notes suaves de fruits exotiques et de nuances plus fraîches d’agrumes, qui soulignent la vivacité de la finale » précise le Guide Hachette des Vins.
Le Rosette s’apprécie bien sûr à l’apéritif, servi entre 8 et 10°. À table, il accompagne les volailles, les fruits de mer, les poissons en sauce, le foie gras, les plats truffés ou encore les formages à pâte persillée.
Sa dégustation rend hommage à sa longue histoire, parfois tourmentée. Considéré comme élégant et de grande distinction, le Rosette continue d’exister vaille que vaille et en toute confidentialité.
Le courant d’Huchet, précieux royaume de la biodiversité
Exutoire de l’étang de Léon, à l’ouest du département des Landes, le courant d’Huchet se faufile à travers un paysage amazonien jusqu’à l’océan Atlantique.
Olivier Sorondo 17 octobre 2023 – Dernière MAJ : le 17 octobre 2023 à 18 h 20 min
Crédit photo : Audric B. – CC BY-SA 4.0
Comme un sentiment hors du temps
Bien naïf celui qui considère les Landes comme une interminable et monotone forêt de pins. Le département regorge de petits territoires singuliers et discrets, souvent éloignés des vagues de touristes, qui contribuent à sa richesse.
Le courant d’Huchet est l’un de ceux-là, même s’il bénéficie d’une notoriété aujourd’hui bien établie. L’endroit suscite il est vrai l’admiration de ses visiteurs depuis déjà de nombreuses décennies. Ainsi, le journaliste Gilles Charles laisse parler son émotion dans le supplément littéraire du Figaro paru le 16 octobre 1921 : « Mais l’on rechercherait vainement ici les molles harmonies des paysages de la Loire et si l’on peut découvrir une harmonie profonde, elle ne manque pas d’une certaine violence. Tant il y a que l’étang de Léon est étrangement séduisant. Et si le courant d’Huchet ne peut vous émouvoir, c’est à désespérer. Imaginez un minuscule cours d’eau qui serpente entre des rives boisées, si minuscule à certains endroits que la barque la plus étroite y passe à grand-peine. Et ce ruisseau forme des criques, de petites anses où la lumière s’opalise dans l’ombre verte des feuillages, où, sur l’eau dormante, s’épanouissent les fleurs des nénuphars, les fougères royales et les hibiscus nuancés. »
La découverte du lieu reviendrait au poète italien Gabriele d’Annunzio en 1908, mais il est fort probable que les habitants de cette partie du littoral le connaissaient depuis fort longtemps. Le Pays de Born et du Marensin laisse d’ailleurs voir d’autres courants, ou petits fleuves côtiers. Tous jouent le rôle d’exutoire des étangs et permettent de drainer les sols sableux. Ils se jettent dans l’océan Atlantique en franchissant les dunes par une embouchure, ce qui les soumet d’ailleurs au mouvement des marées dans leur partie aval.
Pour sa part, l’embouchure du courant d’Huchet n’a jamais été stabilisée par des travaux d’endiguement. Force est de constater que parmi les fleuves côtiers de cette partie des Landes, il s’impose comme le plus somptueux et remarquable. La richesse de son environnement lui vaut d’être classé dès 1934 au titre des monuments naturels et des sites à caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque.
Un écosystème fragile et protégé
Le souci de préserver cet écrin de nature appelle différents classements tout au long des décennies. En 1968, le plan d’eau de Léon est classé parmi les sites pittoresques du département. Ses rives le seront également en 1980, intégrant les communes de Léon et Vielle-Saint-Girons. Un an plus tard, la Réserve naturelle nationale du courant d’Huchet est officiellement créée. Sa gestion revient au syndicat intercommunal d’aménagement et de gestion, en charge de veiller à l’application de la règlementation, de réaliser le suivi scientifique et l’évaluation du patrimoine naturel, d’harmoniser les actions écologiques et d’accueillir le public.
La mission première s’attache bien à la conservation du patrimoine, qui impose un suivi permanent de l’avifaune, des mammifères, de la flore et des habitats naturels, des amphibiens et reptiles, mais aussi de la ressource en eau et des activités humaines.
Sur le terrain, les équipes du syndicat mènent différentes actions, comme le contrôle des espèces exotiques, à même de provoquer des déséquilibres majeurs au sein des écosystèmes. La gestion des niveaux d’eau et des débits répond également à une priorité, celle de laisser évoluer les zones marécageuses et de protéger la population faunistique du courant.
Crédit phot : Philippe B – Flickr – CC BY-ND 2.0 DEED
La même préoccupation vaut pour la fluidité du cours d’eau. Chaque année, les bateliers assurent l’entretien des berges et procèdent au dégagement des encombres.
La rigueur écologique qui anime le syndicat se traduit par de nombreuses initiatives, à l’instar du ramassage des déchets apportés à marée montante et du nettoyage systématique des secteurs fragiles.
Enfin, les équipes de la réserve se chargent d’accueillir le public. S’il s’agit d’abord de faire respecter la règlementation (qui interdit par exemple la présence de chiens ou la cueillette de végétaux), le souhait est aussi de sensibiliser les visiteurs à la richesse du petit territoire d’Huchet. À ce titre, elles organisent régulièrement des animations pédagogiques et des visites guidées, selon différentes thématiques.
La petite Amazonie des Landes
De l’étang de Léon jusqu’à la plage de Moliets-et-Maâ, la réserve occupe une superficie de 618 hectares, tout entière intégrée à la zone humide littorale. Le courant lui-même s’étire sur une distance de 9 km, épicentre d’un univers singulier et dépaysant. Outre l’étang, d’autres zones humides parsèment le territoire, à l’instar du marais du Cout de Mountagne ou du marais de la Pipe, qu’entourent de larges tourbières et marécages. Ce milieu aquatique s’enrichit de l’influence des grandes marées, qui charrient dans ses eaux différents poissons d’eau de mer, dont les civelles.
La réserve abrite une flore riche et diversifiée, dont la forêt-galerie, composée d’aulnes, de saules et de chênes, solidement plantée aux abords du courant. « Ici, la nature règne, libre, sauvage à l’image de ce chêne-liège majestueux qui trône en bord de rive. Planté il y a plus de quatre cents ans, du temps d’Henri IV, l’arbre classé donne au paysage des allures de conte fantastique » écrit, conquise, Anne-Lise Carlo dans Le Monde (07/01/2022).
Plus proche de l’océan, la pinède modifie le paysage. Rempart efficace de la diversité du sous-bois, elle contribue aussi à stabiliser les dunes côtières.
Crédit photo : Bateliers du courant d’HUchet
Plus de 280 espèces végétales ont été recensées dans la réserve, dont certaines présentent un intérêt patrimonial majeur, justifiant leur protection. La richesse botanique des lieux se nourrit d’une multitude de plantes, parfois exotiques, à l’instar du trèfle d’eau, du cyprès chauve, de l’hibiscus rose ou de l’iris jaune.
L’environnement que constitue le courant d’Huchet se révèle bien sûr favorable à l’épanouissement d’une faune variée. Les zones aquatiques constituent le décor parfait pour les loutres d’Europe et les campagnols amphibies. Plus au sec évoluent les genettes communes et les visons, dont l’espèce reste menacée. Les branches d’arbres accueillent pour leur part une grande variété d’oiseaux, d’autant que la réserve se trouve sous un couloir migrateur majeur. Les amateurs d’ornithologie se régaleront en observant, pêle-mêle, la spatule blanche, le balbuzard pêcheur, l’aigle botté ou encore le canard siffleur.
La nécessité d’un tourisme raisonné
Si la Gironde profite de la dune du Pilat comme destination touristique privilégiée, les Landes peuvent faire falloir le courant d’Huchet au titre de trésor départemental. Néanmoins, son attrait ne correspond peut-être pas tout à fait aux attentes des responsables de la réserve. « À présent, le courant attire beaucoup trop de monde. Nous n’étions pas préparés à accueillir presque 100 000 personnes à l’année. Les animaux sont dérangés par cette surfréquentation et le risque, c’est qu’ils ne se reproduisent plus sur la réserve » explique François Faure, le conservateur de la réserve, au Monde (07/01/2022).
Malgré l’attention dont elle fait l’objet, la réserve naturelle reste un écosystème fragile. C’est la raison pour laquelle les visiteurs prennent connaissance, dès leur arrivée, des nombreuses règles à respecter. Le souhait est bien sûr de continuer à proposer la découverte de cet environnement exceptionnel au public, tout en préservant son équilibre fragile.
La visite la plus appréciée est d’ailleurs celle qui impacte le moins courant d’Huchet. Il s’agit d’emprunter l’une des quelques galupes (barques traditionnelles à fond plat) mises à disposition par les bateliers de la réserve. La promenade, longue de 10 kilomètres, promet une immersion complète au cœur de l’Amazonie landaise, agrémentée par les explications précieuses des bateliers et l’univers sonore de la faune. L’occasion rêvée d’apercevoir un busard des roseaux prendre son envol ou une grenouille agile sauter d’un nénuphar. C’est en tout cas la promesse certaine d’une parenthèse enchantée, fruit du travail quotidien des équipes de la réserve.
Chalet d’accueil (avril à sept) Pichelèbe – D328 40660 MOLIETS ET MAÂ
Bateliers du courant d’Huchet Visites organisées d’avril à octobre. Balade de 2 heures : 17 € par adulte et 9 € par enfant (jusqu’à 6 ans) Balade de 3 heures : 23 € et 12 € Balade de 4 heures : 30 et 15 €
La diversité de ses paysages et la richesse de son patrimoine attirent les équipes de tournage depuis des décennies. Petit état des lieux, forcément limité et subjectif.
Olivier Sorondo 15 mars 2023 – Dernière MAJ : le 15 mars 2023 à 20 h 07 min
Camping, sorti en 2006, avec Franck Dubosc.
La Gironde, vieille habituée des plateaux
Est-il besoin de rappeler que l’une toutes premières vedettes du cinéma français, Max Linder (1883-1925), est originaire de Gironde, et plus précisément de Saint-Loubès. Jeune homme, il entre au Conservatoire de Bordeaux et joue le répertoire classique dans les théâtres de la ville, avant de connaître un formidable succès cinématographique quelques années plus tard à Paris. En 1922, il revient sur ses terres natales pour tourner le début de son film L’étroit mousquetaire, une parodie de l’œuvre de Dumas.
Autre enfant du pays, Émile Couzinet (1896-1964) lance sa carrière dans l’exploitation de salles de cinéma dans le Sud-Ouest et à Bordeaux avant de privilégier la production et la réalisation de films. Ses œuvres s’inspirent de l’esprit vaudeville du théâtre. Dès 1939, il plante ses caméras dans la capitale girondine (et à Royan) pour tourner L’intrigante (la belle Bordelaise), une histoire de rivalité amoureuse puis de complicité entre un père et son fils.
S’il est difficile de savoir quel a été le premier film réalisé dans le département, on sait que Julien Duvivier a tourné en 1919 sa toute première œuvre, Haceldama ou le prix du sang, dans le Médoc et en Corrèze. Les paysages se prêtent parfaitement à l’ambiance western voulue par le jeune homme, qui s’imposera en quelques années comme un réalisateur majeur.
En 1922, Abel Gance tourne quelques plans de son film La Roue au Casino Mauresque d’Arcachon. L’action du film se déroule à Nice, mais le cinéaste a choisi la station balnéaire girondine pour quelques jours afin de permettre à sa compagne, malade, de profiter des vertus de l’air marin. Cette dernière décèdera pourtant à la fin du tournage…
Des châteaux et des vignes
Pourvoyeuse de talents, la Gironde a aussi su charmer les scénaristes et réalisateurs au fil des décennies. Certains sites se prêtent volontiers à l’accueil des tournages. Ainsi, le château de Roquetaillade, à Mazères, accueille en 1963 Louis de Funès et Jean Marais pour le tournage de quelques scènes de Fantômas. En 1972, c’est au tour de Jean-Paul Belmondo de profiter du prestigieux décor de Roquetaillade dans le film Docteur Popaul, réalisé par Claude Chabrol. Le réalisateur Christophe Gans choisit également le château girondin pour quelques scènes de son célèbre film Le pacte des loups (2001), qui attire plus de 5 millions de spectateurs dans les salles.
Bien sûr, l’immense vignoble du département s’impose naturellement aux productions relatant les sagas des riches producteurs de vin. En 1982, le réalisateur Robin Davis choisit le château Pontet-Canet, situé à Pauillac, pour tourner J’ai épousé une ombre, réunissant Nathalie Baye et Francis Huster. Le scénario relate l’histoire de Hélène, enceinte et abandonnée par son compagnon, qui prend la place d’une femme lui ressemblant au sein de la belle famille, riche propriétaire d’une exploitation.
En 2011, ce sont les relations difficiles entre un père (Niels Arestrup) et son fils (Lorànt Deutsch), qui exploitent un vignoble prestigieux de Saint-Émilion, que choisit de raconter Gilles Legrand dans son film Tu seras mon fils. Vigneron exigeant et passionné, Paul considère que son fils manque de talent et de charisme pour assurer sa succession. Outre le drame familial, le long-métrage rend un vibrant hommage à l’univers vinicole.
Le bassin d’Arcachon, studio en plein air
Grâce à ses décors de carte postale, le bassin d’Arcachon suscite l’engouement des réalisateurs.
Si Claude Chabrol, dans son film La fleur du mal (2003), situe une bonne partie de la narration sur le bassin, Fabien Onteniente décide quant à lui de s’y consacrer pleinement. Excellente décision puisque son film Camping (2006), avec Franck Dubosc dans le rôle principal, dépasse les 5,5 millions d’entrées. Tourné au Camping de la Dune (Camping des Flots bleus à l’image), au pied de la dune du Pilat, le film narre les aventures estivales de Patrick Chirac et de ses amis vacanciers.
Le décor devenu emblématique du film Camping – Crédit photo : Camping de la Dune
Le succès populaire est tel que deux suites sont tournées en 2009 et 2015, mais sans jamais atteindre le même nombre d’entrées.
Détruit lors du terrible incendie survenu à l’été 2022, le camping ayant servi au tournage a pu être entièrement reconstruit, au terme de sept mois de travaux. Les prémices d’un futur camping 4 ?
Autre succès commercial, Les petits mouchoirs, tourné par et avec Guillaume Canet en 2009, donne la part belle aux décors du Cap Ferret, que le public retrouve dix ans plus tard dans Nous finirons ensemble.
C’est également à la pointe du Cap-Ferret qu’a été tourné L’année du requin en 2021. Librement inspiré du célèbre film de Spielberg, Les dents de la mer, le long-métrage des frères Boukherma décrit la frayeur des touristes d’une station balnéaire à l’approche d’un gros requin-bouledogue, en misant toutefois sur quelques touches d’humour. Il ne semble pas que ce pari narratif ait séduit le public ou la critique. « Hybride foutraque qui doit tout à la passion de ses auteurs, mais ne sait pas sur quel aileron nager, ce film de requin made in France est assurément le divertissement le plus bizarroïde de l’été » écrit ainsi le site Écran Large.
Bordeaux, incontournable
Il serait fastidieux de dresser la liste exhaustive des films tournés à Bordeaux. La capitale girondine peut s’enorgueillir d’avoir accueilli des tournages importants, à l’instar de celui du Corniaud en 1964, avec Bourvil et Louis de Funès. Certes, Bordeaux n’apparaît qu’une vingtaine de secondes à l’image, mais les plans d’ensemble filmés par Gérard Oury suffisent à identifier la ville, notamment grâce aux quais, au Pont de Pierre et à la Grosse Cloche. Le film permet aussi de se rendre compte à quel point la ville a changé.
Une autre comédie populaire tournée à Bordeaux ? Les fugitifs ! Réalisé en 1986, le film de Francis Veber complète la trilogie des films d’aventure du couple Pierre Richard et Gérard Depardieu, après La chèvre et Les compères. Cette fois, la cité girondine ne sert pas à tourner quelques plans, elle constitue le décor principal de la fiction. Les aventures rocambolesques de Jean Lucas (Depardieu), ancien repris de justice, et de François Pignon (Richard), chômeur au bout du rouleau, permettent d’identifier quelques lieux, comme le jardin public, la rue Sainte-Catherine ou encore la place du Champs-de-Mars.
Nul besoin de construire des décors historiques et onéreux lorsque les rues bordelaises répondent à l’attente des cinéastes, même si leur histoire est supposée se dérouler à Paris.
Ainsi, en 1982, Robert Hossein adapte Les misérables de Victor Hugo et tourne quelques scènes à Bordeaux. Même réflexe de la part de Patrice Chéreau en 1993 lorsqu’il lance le tournage de La reine Margot, avec Isabelle Adjani dans le rôle-titre. Ce sont les rues de la Tour-du-Pin et de Saint-Éloi qui accueillent techniciens et comédiens pendant trois semaines.
La même rue de la Tour-du-Pin, décidément très cinégénique, sert également de décor au film Vidocq en 2000, avec Gérard Depardieu et Guillaume Canet.
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