Quelle est la différence entre le cognac et l’armagnac ?

Quelle est la différence entre le cognac et l’armagnac ?


Les deux alcools ambrés, dont les zones de production ne sont séparées que de 300 petits kilomètres, revendiquent quelques singularités qui contribuent à leur réputation.

Vignoble en terre d’Armagnac – Crédit photo : Bureau National Interprofessionnel de l’Armagnac

Une apparente similitude

Un simple consommateur est-il capable de désigner, d’un rapide coup d’œil, le verre de cognac et celui d’armagnac ? Après tout, les alcools dépendent tous deux de territoires viticoles et d’un même processus de fabrication : distillation du vin blanc en vue d’obtenir une eau-de-vie, vieillissement dans des fûts de chêne, assemblage destiné à donner naissance à un arôme harmonieux.

On retrouve également la présence de cépages communs, comme l’ugni blanc, le colombard ou encore la folle blanche.

Cognac et armagnac profitent d’une AOC, placée sous la responsabilité d’un bureau national interprofessionnel (le BNIC pour le cognac, le BNIA pour l’armagnac).

Enfin, les deux nectars se commercialisent généralement selon une teneur de 40% d’alcool.

Par conséquent, pousser l’analyse un peu plus loin pour apprécier les particularités de chaque produit ne semble pas complètement inutile.

Des terroirs proches, mais différents

Il suffit de regarder une carte viticole du Sud-Ouest de la France pour constater la relative proximité des deux zones de production.
S’agissant du cognac, le vignoble s’étend sur une large partie de la Charente, la quasi-totalité de la Charente-Maritime et les alentours de quelques communes des Deux-Sèvres et de la Dordogne.

La zone d’appellation contrôlée se partage en six crus : Borderies, Grande Champagne, Petite Champagne, Fins Bois, Bon Bois et Bois Ordinaires.

Même s’il affiche quelques variations, le sol charentais se compose essentiellement de couches argilo-calcaires, avec une teneur élevée en calcaire à la surface.

La région profite d’un climat océanique tempéré, assez homogène, peu propice aux périodes de sécheresse. Les épisodes pluvieux se succèdent tout au long de l’année et les températures, assez douces, encouragent la maturité du raisin.

carte des crus du cognac

Plus au sud-est, le vignoble armagnacais couvre entièrement le département du Gers et partiellement ceux du Lot-et-Garonne et des Landes, à travers une aire d’appellation composée elle aussi de trois territoires.

C’est d’abord le Bas-Armagnac, intégrant une large partie du Gers et des Landes. Le sol y est sablo-limoneux.

Vient ensuite la Ténarèze, autour de Condom, où les sols boulbènes et argilo-calcaires favorisent un raisin puissant.

Enfin, Le Haut-Armagnac, à l’Est du Gers, représente la superficie la plus modeste et la plus récente. On y trouve un sol de calcaire marneux, surmonté de boulbène.

Les sols du terroir armagnacais révèlent une composition plus diverse que ceux de la région du cognac, à dominante calcaire.

En matière climatique, l’Armagnac relève également de l’influence climatique, mais aussi méditerranéenne, promettant des étés plus chauds et plus secs qu’en terres cognaçaises.

Une plus grande diversité de cépages en Armagnac

Les informations délivrées par le BNIC se veulent claires : l’ugni blanc s’impose dans 98% du vignoble de Cognac (contre 55% en Armagnac). D’origine italienne, le cépage est réputé pour sa résistance aux maladies et pour son excellent rendement. Sa maturité tardive se prête bien aux vins de distillation, qui doivent être acides et peu alcoolisés. Comme l’explique le site officiel du Bureau national interprofessionnel, « l’acidité permet au vin de se conserver naturellement durant les mois d’hiver avant la distillation, et le faible degré alcoolique conduit à concentrer davantage les arômes contenus dans les vins. »

Les autres cépages utilisés, dans des proportions plus modestes, sont le colombard, la folle blanche, le montils et le folignan, issu d’un croisement entre l’ugni blanc et la folle blanche.

En pays d’Armagnac, les producteurs misent davantage sur la variété puisque dix cépages entrent dans le cahier des charges. Outre l’ugni-blanc, malgré tout majoritaire dans les vignobles, la folle blanche continue d’être exploitée. Le cépage apporte des accents floraux à l’Armagnac, appréciés lorsqu’il est encore jeune.

Le baco doit également être pris en considération lorsqu’on parle d’armagnac. Conçu à la suite de la crise du phylloxéra, il est issu de la folle blanche et du noah, particulièrement résistant et bien adapté au sol sableux du Bas-Armagnac. Sa présence assure une certaine rondeur à l’eau-de-vie.

Le colombard figure aussi parmi les cépages essentiels au digestif gascon, notamment grâce à ses arômes fruités, précieux lors de l’assemblage.

Les autres cépages, parmi lesquels la clairette de Gascogne, le jurançon blanc, le meslier Saint-François, ne sont cultivés que sur quelques hectares de vigne. Le plant de graisse, cépage russe entrant dans la composition de la vodka, s’impose davantage ces dernières années.

La distillation, une question de philosophie

Si toutes les étapes de conception des deux eaux-de-vie se révèlent importantes, on conviendra que celle de la distillation l’est tout particulièrement.

En terres cognaçaises, la méthode traditionnelle, dite « à repasse » dépend d’un alambic en cuivre. Surtout, le processus privilégie une distillation à double chauffe. La première chauffe permet d’obtenir le brouillis, qui se situe entre 20 et 30 %. La seconde chauffe sert à distiller ce brouillis afin de donner naissance à l’eau-de-vie de Cognac, d’une teneur d’environ 70 % d’alcool.

En Armagnac, la distillation s’effectue dans un alambic continu armagnacais, dont le brevet a été déposé en 1818 puis sans cesse amélioré. Cet alambic contribue grandement à la personnalité et à la réputation de l’eau-de-vie gasconne.

Ici, point de double chauffe (même si elle reste possible), mais un processus particulier, comme le décrit le site du BNIA : « Le vin alimente en permanence l’alambic par le bas du réfrigérant. C’est grâce à lui que les vapeurs d’alcool contenues dans le serpentin se refroidissent. Il est conduit vers la colonne où il descend de plateau en plateau jusqu’à la chaudière. Sous l’effet de la forte chaleur produite par le foyer, des vapeurs de vin remontent à contre-courant et « barbotent » dans le vin au niveau de chaque plateau. Elles s’enrichissent de l’alcool et de la majorité des substances aromatiques du vin et sont condensées puis refroidies dans le serpentin. »

Le précieux liquide affiche un degré alcoolique situé entre 52 et 72% à la sortie de l’alambic. Comme pour le cognac, il convient d’attendre la phase dite de vieillissement en fûts de chêne pendant quelques années avant de procéder à l’assemblage puis à l’embouteillage. A ce stade, le niveau d’alcool s’est stabilisé à 40%.

Un vieillissement prolongé contribue à accentuer les arômes et la couleur, tout en jouant sur le goût final du produit. Après quelques années, l’eau-de-vie devient plus moelleuse et son bouquet se complexifie. Les substances boisées gagnent en délicatesse et les arômes se précisent : notes de champignons, de sous-bois et de noix pour le cognac, touches de vanille et de pruneau pour l’armagnac.

Que choisir au final ? Un cognac ou un armagnac ?

Chacun reste bien sûr maître de ses goûts. En France, mais surtout à l’étranger, le cognac reste plus facile à trouver. La filière s’appuie sur des milliers de professionnels (exploitants, négociants bouilleurs…), pour une production annuelle estimée à près de 180 millions de bouteilles. Pour sa part, l’armagnac dépend de structures plus modestes et artisanales, qui semblent mieux correspondre à sa philosophie. La production annuelle ne dépasserait pas les 6 millions de bouteilles.

Certains amateurs auront peut-être tendance à privilégier l’âge de leur eau-de-vie préférée. Un cognac XO apportera sûrement plus de plaisir gustatif qu’un armagnac encore jeune. D’autres, au contraire, privilégieront la notion de terroir, estimant qu’un armagnac conclue parfaitement un bon repas gascon.

Il en est de même pour le dernier geste avant la dégustation. En terres cognaçaises, on n’est pas toujours partisan de la petite opération consistant à chauffer son alcool en plaçant le verre tulipe dans le creux de sa main, au risque de trop détacher l’alcool, qui prend le dessus lors de la dégustation. En Armagnac, au contraire, le nectar doit dépasser la température ambiante pour libérer la magie de ses arômes.

La dégustation de l’une ou l’autre de ces eaux-de-vie reste en tous les cas un moment privilégié. Leur fabrication valorise un réel savoir-faire, le respect d’un cahier des charges exigeant, de longues années de vieillissement et un vrai talent d’assemblage.

Qu’est-ce qu’une baïne ?

Qu’est-ce qu’une baïne ?


Responsables chaque année de nombreux accidents, parfois mortels, les baïnes sévissent sur le littoral atlantique, et particulièrement sur les plages de Gironde et des Landes. Un danger réel et trop souvent ignoré.

Baïne en formation sur la plage de Capbreton, dans les Landes – Crédit photo : Tangopaso

Se méfier de l’eau qui dort

Chaque année, le même scénario se répète au cœur de la saison touristique. Gêné par la promiscuité engendrée par la zone de surveillance, notre ami baigneur préfère s’écarter pour profiter pleinement des joies de l’océan. Si les plages de la côte Atlantique impressionnent parfois par la force de leurs vagues, elles offrent aussi des zones plus apaisées, sans roulis ni écume. Bref, le vacancier y voit toutes les conditions propices à un moment agréable de baignade, loin de la foule située à quelques centaines de mètres.

Après quelques minutes de crawl bien inspiré en direction du large, il a la surprise de constater qu’il se situe déjà à 100 ou 200 mètres de la plage. Considérant cette distance (beaucoup) plus importante que prévu, il décide de revenir vers le bord, mais s’aperçoit assez rapidement que ses efforts sont vains. La plage ne se rapproche pas, elle aurait même tendance à s’éloigner.

La naissance d’une baïne

Les baïnes peuvent être grossièrement comparées à des bassines, des piscines naturelles. On parle aussi de couloirs. Leur formation dépend directement de la houle, des bancs de sable, des vagues et du vent. Les courants déplacent en effet vers le large le sable de fond et contribuent ainsi à creuser des bassines, qui finissent par se remplir d’eau.

Lorsque la marée monte, le ressac permet à l’eau de franchir les bancs de sable et de remplir la cuvette. Après quelques heures, l’eau s’évacue à travers des « couloirs » qui pointent vers le large, plus étroits que la bassine (effet « entonnoir » ou « de vidange »). Il en résulte des courants dits de sortie de baïnes, puissants et rapides, à l’origine des nombreux accidents sur le littoral aquitain.

Si la baïne ne représente pas un vrai danger à toute marée basse, du fait de sa faible profondeur et de son courant modéré (on y voit souvent des enfants barboter), elle se révèle extrêmement dangereuse deux à trois heures après le début de la marée montante. Puissante, invisible, bien calée, elle entraîne chaque année des dizaines de baigneurs vers le large. Selon Jeff, du site Lacanau Surf Info, sa vitesse peut atteindre 1,50 m par seconde, plus rapide que celle d’un nageur lambda.

Et le pire se produit…

Il suffit d’ouvrir les pages « Faits divers » du quotidien Sud-Ouest pour constater que les touristes payent un lourd tribut à l’océan, souvent par méconnaissance absolue des règles élémentaires de sécurité.
Pris dans un courant d’arrachement, un baigneur n’a aucune chance de revenir au bord en se déplaçant perpendiculairement à la plage. Il ne fait que se confronter au courant qui le pousse au large, en dépensant toute son énergie et en cédant à la panique.

Sortir d’une baïne ne relève heureusement pas de l’impossibilité. Quelle que soit la situation, il convient avant tout de conserver son calme, exercice certes délicat dès lors que le rivage ne cesse de s’éloigner. Si la plage est fréquentée, la bonne tactique consiste à faire des gestes en croisant ses bras au-dessus de sa tête afin de donner l’alerte aux autres vacanciers, aux surfeurs et aux MSN.

L’autre solution, si la personne sait correctement nager ou si l’endroit s’avère désert, est de se laisser emporter par le courant puis essayer de nager parallèlement à la plage afin de gagner les zones plus agitées, là où se forment ou déferlent les vagues. Les vagues permettront de regagner le bord, même au prix de quelques tasses bien salées.

En conclusion

Un vacancier bien informé est un vacancier heureux. L’impatience que suscitent les vacances ne doit pas se traduire par des comportements hasardeux, à l’instar de ces touristes partis visiter la Mer de Glace de Chamonix en espadrilles il y a quelques années !

En Aquitaine, l’océan est fougueux et souvent dangereux, justifiant de respecter les zones de baignade surveillées, même si elles sont fréquentées. Rien n’empêche un vacancier d’installer sa serviette où il le souhaite et de venir nager entre les deux drapeaux bleus. Il y a toujours moins de monde à l’eau que sur le sable !

Enfin, quelques minutes d’observation de l’océan suffisent pour identifier les baïnes, en n’oubliant jamais que les zones les plus calmes sont souvent les plus dangereuses. Il peut être utile également de télécharger une appli qui indique les heures de marée de la plage ou de poser des questions aux MSN, qui apporteront toutes les réponses souhaitées.

Sites et cités des Landes

Destinations Landes

Sites et cités des Landes


Souvent associé à son immense forêt de plus d’un million d’hectares, le département des Landes profite pourtant d’une réelle diversité de petits pays, au patrimoine et à la culture propres, qui contribuent à sa diversité et à sa richesse.

Le Marais d’Orx

005 Route du Marais d’Orx, 40530 Labenne – Tél. 05 59 45 42 46 – Visite guidée grand public (1/2 journée) : adultes 7,50€ / enfants 3,50€ (6 à 16 ans) – Gratuit moins de 6 ans
Situé à toute proximité de la commune de Labenne, le marais d’Orx s’étend sur un millier d’hectares et bénéficie depuis 1995 du classement en Réserve naturelle nationale, intégrée au réseau européen Natura 2000. Né il y a 3 millions d’années de la formation du cordon dunaire sur le littoral qui empêche le ruissellement des eaux vers l’océan, le marais est asséché au 19e siècle sur ordre de l’empereur, soucieux de développer l’activité agricole. La nature reprend progressivement ses droits jusqu’à la résurrection du marais, racheté par le Conservatoire du littoral en 1989.
La Réserve représente une étape importante pour les oiseaux migrateurs et leur offre une variété de milieux naturels (prairies, plans d’eau, saulaies…) bien adaptés à leur séjour. On a ainsi compté près de 250 espèces d’oiseaux sur le site, dont les oiseaux hivernants ou migrateurs et les espèces nicheuses. L’oiseau le plus emblématique des lieux est certainement la spatule blanche, qui prête d’ailleurs sa silhouette au logo du syndicat mixte en charge de la gestion du marais. Bien sûr, la zone humide favorise toute une biodiversité, propice aux espèces inféodées (amphibiens, reptiles, poissons ou mammifères).
Le domaine ne se visite qu’à pied, le long d’un sentier de 6 km (aller et retour) jalonné d’observatoires. Toute l’année, des animations et des visites guidées sont proposées au public.

Les arènes de Pomarez

Tél. 05 58 89 02 25 – Visite guidée uniquement sur rendez-vous pour les groupes (5 €).
Si l’on souhaite s’imprégner de la culture landaise, c’est en Chalosse que l’on se rend, et plus précisément à Pomarez, charmante bourgade de 1500 habitants située non loin d’Orthez. Pourquoi Pomarez alors que pays environnant est riche d’autres ravissants villages ? Parce que la commune est considérée comme la Mecque de la course landaise, où sont nés de grands noms de la discipline, qu’ils fussent sauteurs ou écarteurs, et dont la renommée s’est étendue dans tout le département et même au-delà.
Les magnifiques arènes imposent d’ailleurs le respect. Édifiées en 1931 d’après les plans d’Albert Pomade, déjà à l’origine des arènes de Dax, elles présentent la particularité d’être couvertes. Leur capacité est de 3000 places et elles accueillent chaque année diverses épreuves de compétition, notamment celles de la Pentecôte et du 15 août, fort prisées. C’est également ici que l’on trouve la seule école taurine des Landes.
On peut bien sûr les visiter sur rendez-vous tout au long de l’année, mais leur découverte sera plus agréable et authentique un jour de course, au son des bandas et au milieu du public.

Château de Gaujacq

2 route de Brassempouy, 40330 GAUJACQ – Tél. 05 58 89 01 01 – Du 15/04 au 30/06 : visite guidée à 15h, 16h, 17h – Du 01/07 au 31/08 : visite guidée à 11 h, 15 h, 16 h, 17 h et 18 h – Du 01/09 au 17/09 : visite guidée à 15h, 16h, 17h – Tarifs : 7 € pour les adultes, 6 € pour les enfants de 12 à 18 ans – Visites nocturnes aux chandelles tous les lundis soir à 21h30 (réservation obligatoire – 10 €).
Classé Monument historique, le château de Gaujacq a été construit au 17e siècle en faveur de François de Sourdis, lieutenant général des armées de Louis XIV. Les plans ont été tracés par Mansart, premier architecte du roi, à qui l’on doit entre autres la place Vendôme à Paris ou la salle des Glaces au château de Versailles.
Concevant un château de plain-pied, Mansart s’est inspiré de l’architecture grecque antique, style qu’il complète par une magnifique galerie à l’italienne tout autour du jardin intérieur. Les nombreuses pièces de l’édifice se consacrent, à travers le mobilier, la scénographie et la multitude de détails, dont l’art de la table, aux 17e et 18e siècles.
Enfin, la visite du château de Gaujacq peut se compléter par celle du plantarium, situé juste à côté. Conçu par le botaniste Jean Thoby, il permet la conservation de nombreux végétaux, que l’on peut admirer en parcourant les allées du jardin à la française. Deux fois par an (en mai et octobre), le botaniste organise le RANAPECO, qui rassemble moult pépiniéristes collectionneurs. Un évènement attendu des amateurs.

Réserve naturelle du courant d’Huchet

374 rue des Berges du Lac, 40550 LÉON – Tél. 05 58 48 73 91 – Visites guidées pédestres organisées tout au long de l’année, de 2 heures à 4 heures, sur réservation (tarifs : 6 € adulte et 3 € enfant).
Dans les Landes, les courants désignent des fleuves côtiers, qui sont en fait des cordons ombilicaux servant d’exutoire entre les étangs (ou les lacs) et l’océan. Les étangs reçoivent eux-mêmes les eaux des raus (ou ruisseaux). Parmi les quelques courants landais, il convient de citer celui de Soustons et, bien sûr, le courant d’Huchet, qui sert d’exutoire à l’étang de Léon.
Long de 9 kilomètres, le courant d’Huchet s’entoure d’une végétation luxuriante et magnifique, ayant largement justifié la création d’une Réserve naturelle, en 1981. On y recense près de 300 espèces végétales, dont certaines exotiques, à l’instar de la fougère royale ou du cyprès de Louisiane. L’écosystème se révèle idéal pour l’avifaune, d’ailleurs très dense. Parmi les espèces ayant adopté ce p’tit coin de paradis, citons le héron cendré, la bécasse des bois, le lézard vivipare, la loutre ou encore la lamproie marine.
La visite des lieux s’effectue en accès libre grâce aux itinéraires de promenade à travers la forêt. Il est également possible de descendre le courant en galupe (barque à fond plat) que dirige un batelier Ambiance garanti, on se croirait presque en Amazonie.

Ferme solaire du Gabardan

40240 LOSSE – Tél. 05 58 44 86 06
La centrale solaire photovoltaïque de Losse, dite aussi ferme solaire du Gabardan, a été mise en service en 2010. Son parc rassemble pas moins de 872 300 panneaux répartis sur 317 hectares, dont des « trackers », conçus poursuivre la course du soleil tout au long de la journée.
Chaque année, la production tirée de l’infrastructure atteint les 84 GWh, susceptibles d’alimenter en électricité une ville de près de 40 000 habitants. Le souhait de l’initiateur du projet, EDF Énergies nouvelles, est de favoriser les énergies renouvelables et positives.
En matière de coût environnemental lié à l’installation d’une telle entité, chaque parcelle déboisée a été compensée non loin, dans le pays de Gabardan.
La ferme solaire forme un paysage anachronique au milieu de la forêt de pins. C’est l’une des raisons, parmi d’autres, qui motive les demandes de visite émises par les écoles, les curistes ou les touristes. Le site étant fermé au public, il convient de prendre rendez-vous auprès de l’office de tourisme de Saint-Justin, habilité à organiser des visites guidées.

La garbure, plus forte que Red Bull

Vin & Gastronomie Bons plats d’ici Pyrénées-Atlantiques

La garbure, plus forte que Red Bull


Plat emblématique du Sud-Ouest, la garbure a richement nourri des générations de Gascons soumis au travail de la ferme et aux conditions climatiques parfois rudes en hiver.

Plus fort que l’hiver – Crédit photo : Garburade – CC BY-SA 3.0

On reste calme

L’origine précise du plat suscite encore quelques agacements entre Béarnais et Landais, qui en revendiquent la paternité. Afin d’éviter tout regain de tension, nous parlerons donc d’un plat gascon, qui autorise de toute façon des centaines de recettes différentes, au gré de son garde-manger, de ses envies ou des produits disponibles proches de soi.

La garbure, c’est donc une soupe traditionnelle (très) généreusement composée de légumes de saison (surtout du chou) et de viandes confites. On peut tout à fait la considérer comme un plat principal, sans craindre la petite fringale à l’heure du goûter ou au milieu de la nuit.

Après s’être repu d’une bonne garbure, les paysans gascons étaient fins prêts à affronter le vent glacé des Pyrénées (s’agissant des Béarnais) ou l’humidité des tourbières (s’agissant des Landais). Le plat a surtout permis à des populations pauvres de se nourrir correctement et même de se régaler.

Bon à… savoir :

Il est vivement recommandé de faire tremper ses haricots secs (tarbais de préférence) pendant au moins 12 heures.

Si la garbure reste très savoureuse après avoir été réchauffée, il convient quand même de la consommer assez rapidement, sans une trop longue conservation, du fait de la présence de chou et de navet parmi les ingrédients, des légumes qui fermentent assez vite.

L’autocuiseur est à bannir pour cette recette, qui préfère plutôt une cuisson à feu doux, sans précipitation (entre 2 heures 30 et 4 heures). C’est le prix du bonheur.

Enfin, le championnat du monde de garbure, la Garburade, est organisé le premier week-end de septembre à Oloron-Sainte-Marie, au cœur du Béarn. Les équipes s’affrontent afin de proposer à un jury de professionnels la meilleure garbure de l’année (ou la plus originale ou la plus innovante). C’est surtout l’occasion d’organiser une grande fête gourmande, à laquelle participe plus d’un millier de convives.

Le haricot tarbais, ingrédient indispensable de la garbure – Crédit photo : Patrick BOILLAUD

La recette

Les ingrédients (pour 6 personnes) :

  • 1 crosse de jambon
  • 1 kg de lard maigre
  • 1 confit d’oie ou de canard
  • 1 chou vert
  • 3 carottes
  • 1 poireau
  • 1500 g de pommes de terre
  • 4 navets
  • 500 g de haricots blancs secs
  • 2 oignons piqués d’un clou de girofle
  • 1 bouquet garni
  • Sel et poivre du moulin

Préparation :

Prendre une cocotte, la remplir d’eau et y déposer la crosse de jambon. Porter à ébullition.

Passer ensuite le jambon sous l’eau froide, l’égoutter et renouveler l’opération. Procéder de même avec le lard fumé, afin de bien le blanchir. Bien égoutter la crosse de jambon et le lard et les remettre dans la cocotte nettoyée. Ajouter 4 litres d’eau et faire cuire pendant 1h30 à petit bouillon.

Nettoyer les carottes, le poireau et les navets et les couper en petits morceaux. Éplucher les oignons et les gousses d’ail. Ajouter tous ces légumes, ainsi que les haricots blancs et le bouquet garni, dans la cocotte, avec la viande et porter à ébullition. Couvrir ensuite la cocotte et laisser mijoter à feu doux pendant 3/4 d’heure.

Couper le chou en quartiers, en prenant soin de supprimer le trognon. Faire blanchir 5 minutes à l’eau bouillante, passer sous l’eau froide, bien égoutter et réserver. Éplucher les pommes de terre, les laver et les couper en morceaux. Les mettre avec les autres ingrédients dans la cocotte. Dès que les haricots commencent à être cuits, ajouter le chou et le confit d’oie. Couvrir et laisser cuire encore 15 minutes.

Lorsque la cuisson touche à sa fin, retirer les oignons, le bouquet garni et penser à désosser toutes les viandes, en les coupant en très petits morceaux. Remettre les chairs dans la cocotte.

Rectifier l’assaisonnement si besoin et servir bien chaud.

Vous pouvez accompagner la garbure de tranches de pain de campagne bien grillées.

Qu’est-ce qu’on boit avec ça ?

La garbure étant avant tout un plat robuste, on peut lui associer sans difficulté un Madiran, suffisamment tannique et charpenté pour l’accompagner comme il se doit. De plus, on reste dans la même région, ce qui n’est que justice.

S’il reste un fond de bouillon dans l’assiette après avoir terminé son plat, ne pas hésiter une seule seconde à faire chabrot, c’est-à-dire à verser un peu de son vin dans l’assiette, qu’on porte directement à sa bouche pour se régaler de ce divin mélange.

« Un p’tit chabrot pour faire passer tout ça, un p’tit Armagnac et au lit.« 

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L’Armagnac, sept siècles de tradition gasconne

L’Armagnac, sept siècles de tradition gasconne


Produit emblématique du Sud-Ouest, l’Armagnac continue de bénéficier d’une production artisanale qui privilégie la qualité à la quantité.

Crédit photo : Bureau National Interprofessionnel de l’Armagnac

L’invasion, ça a du bon

Véritable carte d’identité de la Gascogne, l’Armagnac est considéré comme la plus ancienne eau-de-vie de France.

On dit que sa naissance est le fait des différentes invasions qui tourmentèrent le territoire il y a bien longtemps. Les Romains introduisirent tout d’abord la vigne, puis les Arabes firent découvrir l’alambic et les Celtes, enfin, apportèrent leur connaissance de l’utilisation des fûts.

La production de l’Armagnac se développa dès le XVe siècle. L’eau-de-vie connut un succès certain et dépassa rapidement les simples frontières gasconnes.

En 1909, un décret permit de délimiter la zone de production. En 1936, un nouveau décret précisa les conditions de fabrication de l’Armagnac et lui attribua l’Appellation d’Origine Contrôlée (A.O.C.).

Les régions de l’Armagnac

L’appellation Armagnac concerne trois départements : le Gers, les Landes et le Lot-et-Garonne. Près de 15 000 hectares accueillent les vignes, dont les grains mûrissent au sein de trois régions bien distinctes : le Bas-Armagnac, la Ténarèze et le Haut-Armagnac.

Situé à l’ouest, le Bas-Armagnac donne naissance à une eau-de-vie délicate et fruitée.

L’Armagnac issu de la région de la Ténarèze, située tout au centre, se veut plus vigoureux et corsé. On le laisse vieillir plus longtemps en fûts.

Enfin, le Haut-Armagnac, situé dans les environs d’Auch, produit une quantité d’eau-de-vie plus faible, mais à la qualité gustative reconnue par tous.

Les trois régions, leur sol différent et leur personnalité propre contribuent donc à la richesse et à la diversité de l’Armagnac.

Vignoble d’Armagnac, entre Landes et Gers – Crédit Photo: Jibi44 – Wikimedia Commons

Les cépages

Dix cépages ont été autorisés pour la fabrication de l’Armagnac.

Les producteurs ont surtout retenu quatre d’entre eux, car ils donnent à l’eau-de-vie toute sa personnalité et façonnent son identité.

La Folle Blanche reste le cépage le plus fameux, car il existe depuis le tout début, même si on le cultive moins aujourd’hui. La Folle Blanche apporte à l’Armagnac une signature fine et goûteuse.

L’Ugni-blanc est un cépage que l’on retrouve principalement dans la Ténarèze et en Bas-Armagnac.

Le Colombard est utilisé sur l’ensemble des trois régions, grâce à ses arômes épicés.

Enfin, le Baco blanc est apparu après la crise du phylloxéra qui ravagea le vignoble français à la fin du XIXe. Il apporte une touche de rondeur à l’Armagnac et se présente aujourd’hui comme un cépage incontournable pour les producteurs.

Les étapes de la production

La récolte a lieu au mois d’octobre. Les raisins sont pressés et le jus obtenu est mis en fermentation.

La distillation est engagée à la fin de l’hiver ou au début du printemps. De toute façon, elle doit obligatoirement avoir lieu avant la date-butoir du 31 mars. Pour cela, on utilise différents alambics, dont l’alambic armagnacais ou l’alambic double-chauffe.

À la sortie, l’eau-de-vie est très alcoolisée. On la met alors rapidement en vieillissement dans des fûts de chêne blanc, qui demandent eux-mêmes un long travail de la part des tonneliers. Les fûts sont généralement d’une contenance de 400 à 420 litres et permettent le mélange harmonieux du bois et de l’eau-de-vie.

Le maître de chais devient alors le personnage central de la naissance de l’Armagnac. Il observe le vieillissement, surveille l’évaporation de l’alcool, supervise le transfert de l’alcool dans d’autres fûts plus âgés, constate la couleur qui apparaît.

Enfin, c’est lui qui décide que l’Armagnac a assez vieilli et qu’il est temps de procéder aux coupes. Cette opération consiste à assembler différentes eaux-de-vie, qui n’ont pas toutes le même âge ou la même origine. La mise en bouteilles peut alors commencer.

Dégustation

Si la production de l’Armagnac est un art, sa dégustation l’est tout autant.

Inutile de se jeter dessus dès la fin du repas, ce serait faire injure aux artisans qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes. Il est d’abord recommandé d’attendre un bon moment après la fin du repas (ou du café), afin d’offrir à l’eau-de-vie un palais neutre et réceptif. Les amateurs de bonnes choses choisiront plutôt un verre tulipe, qui se glisse dans la paume de la main et permet de chauffer le précieux alcool.

A savourer en prenant son temps – Crédit photo : Nick Webb – Flickr

La dégustation doit d’abord s’effectuer avec les yeux. L’Armagnac développe des couleurs somptueuses, dorées ou ambrées. Vient ensuite le plaisir olfactif. Ne pas hésiter à tourner le verre tulipe sur lui-même, afin de libérer les arômes de fruits, de fleurs, de bois qui s’entremêlent judicieusement. L’eau-de-vie doit au moins atteindre les 15 °C avant d’être goûtée.

La première gorgée sera « timide », afin d’habituer le palais et le préparer aux autres gorgées. Les puristes parlent de « queue de paon » lorsque les arômes se détachent doucement en fin de dégustation.


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Hôtel Splendid de Dax, la renaissance du paquebot

Hôtel Splendid de Dax, la renaissance du paquebot


Édifié à la fin des années 20, témoin privilégié de l’histoire dacquoise jusqu’à sa fermeture en 2012, le Splendid a rouvert ses portes en 2018 après un vaste chantier de rénovation.

Une histoire de démolition et d’incendie

Si le Rocher de la Vierge et le casino contribuent à l’identité de Biarritz, on peut considérer, sans trop se tromper, que les arènes et l’hôtel Splendid représentent les deux monuments emblématiques de Dax.

Quiconque enjambe l’Adour en empruntant le Pont Vieux remarque l’imposant bâtiment blanc, au charme suranné et à la façade délicieusement Art déco. Le Splendid occupe depuis 1928 une place privilégiée sur les berges du fleuve, à l’emplacement même d’un château construit au 12e siècle. Il fut la résidence des vicomtes d’Acqs, puis celle du prévôt royal et enfin du marquis de Poyanne. Lors de la guerre de Cent Ans, l’armée anglaise et les Français lui dirent supporter moult assauts. Le roi Louis XI y séjourna deux semaines en 1463 et consentit à financer les réparations. Ce sont d’ailleurs les vagues successives de travaux et d’aménagements au cours des siècles qui contribuèrent à transformer le château en approximation architecturale, servant de caserne jusqu’au milieu du 19e siècle.

Progressivement abandonné, la ville de Dax récupère l’édifice en 1888 puis le fait démolir trois ans plus tard. Profitant de la ressource naturelle des lieux, la Fontaine chaude, la société Dax Salins Thermal décide la construction d’un établissement ambitieux, dont la conception est confiée à Pierre Esquié, prix de Rome, que complète un casino. Hélas, en juillet 1926, un terrible incendie ravage les deux bâtiments et libère une nouvelle fois cet emplacement privilégié sur les bords du fleuve aquitain.

L’opportunité du thermalisme…

Réputée depuis l’Antiquité pour ses eaux minérales chaudes et ses boues adaptées à la rhumatologie et à la phlébologie, la ville de Dax développe une large infrastructure d’accueil des curistes entre les années 20 et 30. De nombreux architectes sont mis à contribution, parmi lesquels Albert Pomade, à qui l’on doit déjà les arènes de la ville, Jean Prunetti ou encore Georges Fudji.

C’est d’ailleurs ce que décrit l’écrivain Yves Harté dans sa nouvelle « Les yeux verts du Splendid » publiée par les éditions Le Festin (ouvrage « Lumière du Sud-Ouest ») : « En 1925, Eugène Milliès-Lacroix, maire, dignitaire landais et fils de ministre, décida envers et contre tous que Dax devait posséder sur les rives de l’Adour une façade comparable à celle des plus belles stations. Le Splendid en serait le firmament. Les campagnes contre un projet jugé faramineux n’y firent rien. »

André Granet, qui vient de concevoir la salle Pleyel à Paris, se voit confier la réalisation du nouvel hôtel sur les berges de l’Adour, en remplacement de l’établissement calciné. Granet est un architecte reconnu dans les années 20, promoteur passionné du style Art déco. Il s’en inspire d’ailleurs largement lors de la conception de l’hôtel Splendid, qu’il imagine comme un paquebot, à destination d’une clientèle aisée, habituée aux croisières transatlantiques.

L’Art déco, distillé avec parcimonie sur les longues façades de l’établissement, explose sitôt le hall franchi. L’impressionnante verrière éclairée s’impose à l’ensemble de la salle, que vient enrichir le grand escalier. Le carrelage, les éléments de décoration, le luminaire et les pièces de mobilier contribuent également à rendre le lieu exceptionnel, d’une rare élégance. Le style Art déco s’invite partout dans l’hôtel, de la salle de restaurant au fumoir et aux nombreuses chambres.

Le fumoir de l’hôtel – Crédit photo: Hôtel Splendid

…et d’une clientèle prestigieuse

L’inauguration de l’hôtel Splendid en 1929 attire du beau monde : Ernest Hemingway, Joseph Kessel, Jean Cocteau ou encore Sacha Guitry. Il permet d’asseoir, à l’instar des autres établissements et du casino, la réputation de Dax comme station thermale de tout premier plan. La clientèle du palace ne se limite pourtant pas aux seuls curistes. Ainsi, les festivités tauromachiques de Dax attirent chaque année une foule nombreuse de spectateurs et des matadors prestigieux.

« De nombreux matadors venaient à Dax pour les férias : Antonio Ordonnez, Paco Camino, José Mari Manzanares, Enrique Ponce… et bien souvent, ils refusaient de signer leur contrat s’ils n’étaient pas logés au Splendid. Je me souviens de Luis Miguel Dominguin qui, par superstition, demandait toujours la même chambre, la 134, l’actuelle Suite Arena. Une fois, cette chambre était occupée. Il a failli repartir et a exigé que la cliente change de chambre » raconte ainsi Pierre Albaladejo sur le site officiel du Splendid.

Le bel établissement s’installe dans la ville et dans la vie des Dacquois, qui le considèrent toujours un peu comme un univers à part, réservé à une élite à laquelle ils n’ont pas le sentiment d’appartenir. L’écrivain Hemingway, passionné de corrida, continue de le fréquenter. L’acteur Pierre Fresnay le découvre avec enchantement lors du tournage de Monsieur Vincent en 1946. L’artiste Maurice Utrillo décède dans la chambre 237 en 1955. Marcelo Mastroianni, invité à la feria, se déclare tellement impressionné par le hall qu’il appelle Fellini pour envisager le tournage d’une séquence.

La mort puis la résurrection

En 1991, le Splendid fait l’objet d’une inscription à l’Inventaire des Monuments historiques. Quatre ans plus tard, une première phase de rénovation est initiée, mais, au fil des années, l’activité thermale de Dax régresse invariablement, peut-être en raison d’une absence de politique volontariste de la ville ou d’une conjoncture jugée plus difficile.

En 2013, le taux d’occupation de l’hôtel ne dépasse pas les 12 % et il est décidé, la même année, de mettre en place un projet de cessation d’activité, entraînant de facto la fermeture de l’établissement et un PSE à destination des 95 salariés. Situés non loin, les Thermes Jean Nouvel doivent également mettre la clé sous la porte.

Pour les Dacquois, l’annonce de cette fermeture est douloureuse, tant le Splendid symbolise leur cité. La mairie, persuadée que l’activité thermale correspond à un secteur économique pérenne et solide, lance un vaste plan de modernisation, auquel elle associe différents partenaires institutionnels, dont la Caisse des Dépôts, le Département et la Région.

Un budget de 16,5 M€ est ainsi réuni. L’agence KAPZUL, l’agence BAL et Nathalie Saccu de Franchi sont chargées d’assurer la restructuration complète des 149 chambres et des trois espaces classés à l’Inventaire des Monuments historiques, à savoir le hall, le restaurant et le salon. Le projet s’accompagne également de la création du spa et d’un centre d’affaires.

Lancé en 2014, et appelé à durer quatre ans, le chantier fait appel à une quarantaine d’entreprises et à plus d’une centaine d’intervenants, tous corps de métier confondus.
Dans le hall d’accueil, chaque pièce de l’imposante verrière lumineuse est démontée et nettoyée, permettant de mettre à jour des détails oubliés. Les verres manquants ou trop abîmés sont remplacés après de longues recherches de pièces similaires en France et même aux États-Unis. Les fauteuils d’origine bénéficient d’une vraie restauration grâce à des rééditions de tissus initiées par une filiale d’Hermès.

La rénovation consiste finalement à reprendre le faste d’antan tout en apportant au palace les éléments indispensables de confort et de sécurité. Ainsi, dans la salle du restaurant, les motifs originaux de la moquette sont fidèlement repris grâce à des clichés d’époque. Dans les chambres, les portes, les placards et les radiateurs sont restaurés et conservés, à la différence des salles de bain, entièrement refaites et redécorées, mais selon le style Art déco qui prévaut dans tout l’établissement.

Les thermes disparaissent en revanche au profit d’un spa de luxe de 1800 m², installé au sous-sol, où subsistent quelques vestiges du château médiéval. Une fois de plus, les fresques du grand bassin reprennent les couleurs et les tendances de l’Art déco, dont le style traverse les décennies avec un certain bonheur.

Une ambition renouvelée

Après quatre ans de travaux, le « nouvel » hôtel Splendid rouvre enfin ses portes. La ville reste propriétaire des murs, mais confie l’exploitation au groupe hôtelier Vacances Bleues. Le projet consiste avant tout à sortir du seul périmètre des cures médicales, à s’ouvrir à diverses opportunités commerciales et à élargir la gamme de la clientèle. Dax inaugure ainsi le thermalisme ludique, susceptible de séduire des clients plus jeunes et des familles à la recherche de séjours dédiés au bien-être.

De même, le tourisme d’affaires s’inscrit pleinement dans la nouvelle stratégie de l’établissement. La rénovation s’est accompagnée de l’ouverture, sur un étage entier, d’un centre de séminaires de 360 places, composé d’une douzaine de salles ergonomiques et modulables.

Les efforts ont également concerné le nouveau restaurant gastronomique, placé sous la responsabilité du jeune chef périgourdin Grégory Chevalier.

Enfin et surtout, l’hôtel Splendid s’ouvre pleinement aux Dacquois, qui l’ont souvent considéré comme inaccessible, malgré sa proximité. Yves Harté trouve les mots justes dans son texte « Les yeux verts du Splendid » : « La rumeur de la ville ne parvenait pas jusqu’à lui, il fallait dans ces années-là un courage de rugbyman pour aller jusqu’au bar commander un porto et on avait alors l’impression d’avoir côtoyé un autre monde. » Aujourd’hui, bien au contraire, le magnifique hall accueille diverses manifestations locales.

Le spa a remplacé les thermes de l’établissement, tout en respectant la touche Art déco – Crédit photo : Hôtel Splendid

Même l’extérieur du palace a été réaménagé. Les jardins ont profité de nouvelles ouvertures, les transformant en parc semi-public. « Il a suffi de les remettre dans un contexte urbain et de recoudre le bâtiment avec la ville, qui était isolé sur l’Adour comme un paquebot à quai », indique Sandrine Forais, l’architecte de l’agence KAPZUL.

L’hôtel Splendid dispose aujourd’hui de solides atouts pour continuer d’écrire son histoire. Les démarches initiées par la mairie de Dax semblent porter leurs fruits, puisque la fréquentation de la station thermale amorce une reprise rassurante, qui profite directement au palace et aux autres établissements d’accueil.


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Calendrier des festivités des Landes

Calendrier des festivités des Landes


Au-delà des fêtes de la Madeleine, de la feria de Dax et des dizaines de grosses fêtes patronales bien sympathiques (il faut le dire), le département des Landes propose un calendrier culturel riche et varié, qui rend hommage à son histoire, à ses traditions et à sa curiosité artistique.

Mai

Festival Atout Cœurs
Benquet – Fin mai
Tél. 05 58 71 17 47 – Web : www.communedebenquet.com
Mais quel est donc ce festival dont l’intitulé sonne comme une sitcom à destination des adolescentes ? Organisé à Benquet, aux portes de Mont-de-Marsan, Atout Cœurs reçoit depuis une vingtaine d’années des chanteuses et chanteurs de la scène française et internationale, dans une ambiance conviviale et de proximité. Le public a déjà pu applaudir, lors des précédentes éditions, Johnny Clegg, The Golden Gate Quartet, Thomas Dutronc, Diane Tell, Toure Kounda ou encore Yuri Buenaventura. Parmi tous ces artistes, les enfants de l’agglomération de Mont-de-Marsan ont droit à leur passage sur scène pour présenter leur spectacle musical, durement préparé tout au long de l’année.

Juin

Festival de cinéma de Contis
Contis-les-Bains (Saint-Julien-en-Born) – Mi-juin
Tél. 05 58 42 89 80 – Web : www.cinema-contis.fr
Chaque année depuis 1996, le festival de Contis permet de projeter une large sélection de courts-métrages européens et de récompenser ceux désignés par le jury. L’évènement landais ne se limite bien sûr pas à la seule compétition, puisqu’il propose également la présentation de longs-métrages en avant-première, l’organisation de divers débats et tables rondes, la découverte de nouvelles expériences cinématographiques à travers la VR, un concours de nanométrages (films de 45 secondes au maximum) ou encore le développement de courts-métrages d’aspirants réalisateurs.

Festival Art et Courage
Mont-de-Marsan – Mi-juin
Tél. 05 58 05 87 37. Web : www.courselandaise.org
Organisé chaque année par la fédération française de course landaise depuis une trentaine d’années, le festival Art et Courage propose une course au cours de laquelle les sauteurs et écarteurs font face à des vaches, des novillos et des taureaux sans corde, ce qui suscite quelques sueurs froides dans le public. C’est aussi une soirée de fête, avec des animations tout autour des arènes du Plumaçon. Univers 100 % landais garanti.

Nuit des quilles
Saint Justin – Mi-Juin (place des Tilleuls)
Tél. 05 58 44 86 06
Soirée fort sympathique et respectueuse des traditions à Saint-Justin pour fêter le début de l’été. Les passionnés de quilles se retrouvent en effet à la nuit tombée pour participer à des parties endiablées. Les règles sont simples, mais le jeu demande de l’adresse, de la concentration et quand même un peu de métier : trois joueurs par équipe, trois quilles devant, trois quilles derrière, on lance le maillet à une distance de 11 mètres, en faisant en sorte de toutes les faire tomber sauf une. L’ambiance est décontractée, avec une buvette qui tourne et des grillades qui chantent.

Fête de la Saint-Jean
Saint-Sever – Avant-dernier ou dernier week-end de juin
Tél. 05 58 76 34 64
La fête de Saint-Sever est finalement assez révélatrice de toutes celles organisées dans les Landes, où les villages continuent d’accorder la plus grande importance à ces moments joyeux de partage, de chants, de musique, de courses ou encore de défilés. À Saint-Sever, on allume bien sûr le traditionnel feu de la Saint-Jean, qui ouvre en quelque sorte les festivités, avant d’assister à la cavalcade et à la corrida. Les repas conviviaux se multiplient, les bodegas restent ouvertes de longues heures, les enfants profitent des attractions… Tout est là.

Juillet

Fête de la Préhistoire
Brassempouy – Début juillet
Tél. 05 58 89 21 73 – Web : www.prehistoire-brassempouy.fr
Le site est devenu célèbre en 1894 après la découverte de la Dame de Brassempouy, une tête de statuette en ivoire datant du Paléolithique supérieur, considérée comme la plus ancienne représentation d’un visage humain. Depuis quelques années, la Maison et l’ArchéoParc de la Dame organisent une manifestation toute entière dédiée à la préhistoire. C’est l’occasion rêvée d’assister à des conférences que l’on devine passionnantes, des expositions ou des projections, et même de participer à une rando-visite de la grotte du Pape, où fut justement découverte le fragment de statuette. De nombreux ateliers, animations, concerts et spectacles complètent le programme.

Arte Flamenco
Mont-de-Marsan – Première semaine de juillet
Tél. 05 58 46 54 55 – Web : arteflamenco.landes.fr
C’est le Département des landes qui est à l’origine de la création d’Arte Flamenco, officiellement lancé en 1989. Le succès de ce festival, considéré comme le plus important consacré au flamenco hors d’Espagne, ne s’est jamais démenti ces trente dernières années. Les meilleur(e)s danseuses et danseurs se sont succédé sur la scène landaise, contribuant certainement à sensibiliser le public à la culture andalouse. L’évènement se nourrit aussi de nombreux ateliers, cours, scènes ouvertes et offre même un petit festival uniquement réservé aux enfants.

Fêtes de Mont-de-Marsan
Mont-de-Marsan – Troisième semaine de juillet
Tél. 05 58 75 39 08 – Web : regiefetes.montdemarsan.fr/
Est-il encore besoin de présenter les fêtes de la Madeleine ? Quintessence des fêtes patronales landaises, elles attirent chaque année des centaines de milliers de festayres, tout de bleu et blanc vêtus, dans une grosse ambiance conviviale, joyeuse, ponctuées de chants et de cris de bonheur. On ne cite même pas les animations, les attractions, les concerts, les bandas, les bodegas, la procession (Hé oui !), la messe (re Hé oui !) les expositions, la corrida ou encore les défilés. Pas de misère, y a de quoi faire, frère festayre.

Jazz in Sanguinet
Sanguinet (Espace Gemme) – Fin juillet
Tél. 05 58 78 67 72
Le festival n’a cessé, depuis sa création il y a une vingtaine d’années, d’explorer toutes les facettes du jazz, du plus traditionnel au plus avant-gardiste, à travers une quinzaine de concerts proposée à chaque édition. Pendant quelques jours, l’espace Gemme se transforme en village dédié à la musique, où domine une ambiance festive et conviviale, que ne gâchent en rien les nombreux repas proposés au public et réputés, semble-t-il, pour leur qualité. Cerise sur le gâteau, l’accès au site est entièrement gratuit. Seuls les concerts organisés sous le chapiteau nécessitent de sortir sa carte bleue.

Août

Chansons et mots d’Amou
Amou – Début août
Tél. 05 58 89 02 25 – Web : www.chansonsetmotsdamou.fr
Le festival se consacre à la chanson et à la littérature, qu’il conjugue chaque année autour d’un nouveau thème. Ici, on aime les jolis mots, la poésie, la musique légère, les chansons finement phrasées. Parmi les artistes/auteurs reçus à Amou ces dernières années, il convient de citer Michel Jonasz, Clarika, Arthur de la Taille, Juliette ou encore Marie-Christine Barrault. L’évènement est également l’occasion de participer à des ateliers créatifs ou à des apéros littéraires et musicaux.

Feria de Dax
Dax – Mi-août
Tél. 05 58 909 909 – Web : www.daxlaferia.fr
À l’instar des fêtes de la Madeleine, la feria de Dax constitue le rendez-vous irremplaçable et inratable des festayres de tout poil, des Landes ou d’ailleurs. Malgré la foule, l’ambiance reste conviviale et comme l’indique fort justement le site Web de l’office de tourisme des Landes, la feria ne se raconte pas, elle se vit, aussi bien en journée que la nuit. Des centaines d’attractions et d’animations, des bandas à foison, le concours de lancer de bérets, les ateliers gastronomiques, les intermèdes musicaux et les concerts, les bals gascons, les tournois de toutes sortes, les concours, l’initiation aux échasses, la corrida… Cinq jours de fête absolue.

Latinossegor
Hossegor – dernier week-end d’août ou premier week-end de septembre
Tél. 05 58 41 79 00 – Web : www.facebook.com/latinossegor
Comme son titre l’indique, le festival d’Hossegor se consacre corps et oreilles à la danse et à la musique latino, dans le cadre privilégié de la plage des Landais. On peut donc se débarrasser de ses tongs ou de ses espadrilles, sentir le sable entre ses petits orteils et danser au rythme des morceaux de salsa ou de cha-cha-cha que viennent exécuter les musiciens latino-américains. Ah oui… Les concerts sont gratuits.

Septembre

Toros y Salsa
Dax – Début septembre
Tél. 05 58 56 80 09 – Web : www.facebook.com/torosysalsadax
Dax succombe aussi au charme latino. La ville organise depuis 1995 son désormais célèbre festival Toros y Salsa, proposé au public dès la fin de la saison des corridas et composé de six concerts gratuits. On doit à son fondateur, François Charpentier, la grande qualité de sa programmation, qui a sans nul contribué à asseoir et étendre la réputation du festival auprès des salseros. Pendant trois jours, les artistes invités se succèdent et finissent par jouer ensemble, le temps d’une descarga bouillante et improvisée. Yannick Le Maintec en apporte d’ailleurs une définition passionnée dans son article, publié le 24/09/2019 dans Le Monde : « Si Toros y Salsa est si couru chez les musiciens, c’est bien en raison de cette fameuse descarga. Où ailleurs peut-on assister à des bœufs aussi incroyables ? Sur scène vingt, trente, quarante musiciens ? Qu’importe. Les chanteurs improvisent sur les standards, les pianistes se succèdent les uns aux autres, compétition de cuivres et autres concours de percussions. Véritable festin musical, la descarga est le Saint-Graal de la salsa. »

Crédit photo : Tourisme Landes

Octobre

Quiksilver & Roxy Pro France
Hossegor – 1ère quinzaine d’octobre
Tél. 05 58 41 79 00 – Web : www.hossegor.fr
Le circuit professionnel du surf reconnait la qualité des vagues du Sud-Ouest français, à travers le Lacanau Pro en août et le Quiksilver & Roxy Pro France en octobre, mais cette fois-ci dans le département des Landes et sur la célèbre plage de la Gravière. Pour rappel, le Quicksilver Pro France est une manche du tour masculin, alors que le Roxy Pro France s’ouvre à la seule compétition féminine. Il n’en demeure pas moins que les meilleurs surfeurs de la planète viennent s’affronter à l’automne, heureux de retrouver à Hossegor des beach breaks exigeants, mais d’une rare qualité. L’évènement est bien sûr l’occasion d’assister à différents ateliers, concerts, initiations ou séances de dédicaces, dans une ambiance festive et de proximité avec les compétiteurs.

Mont-de-Marsan Sculptures
Mont-de-Marsan – Octobre
Tél. 05 58 05 87 37 – Web : www.visitmontdemarsan.fr
Quiconque a déjà parcouru les rues de la préfecture des Landes aura remarqué la présence de nombreuses statues, qui apportent à la ville son aspect si singulier. Tous les trois ans, cette passion communale pour l’art sculptural explose à travers la mise en place d’un véritable musée ouvert. Des berges de Midouze à la place Saint-Roch, de la Villa Mirasol au cinéma le Royal, les rues accueillent les œuvres monumentales des plus grands artistes contemporains, que l’on peut découvrir et apprécier en suivant les parcours proposés. De nombreuses activités annexes sont également proposées au public tout au long de la manifestation.

Armagnac en Fête
Labastide d’Armagnac – Dernier week-end d’octobre
Tél. 05 58 44 67 56 – Web : www.armagnacenfete.com
Allons bon, établir un calendrier des festivités landaises sans mentionner un évènement consacré à l’Armagnac relèverait du non-sens. C’est sur la très, très belle place Royale de Labastide d’Armagnac que les amateurs de la plus ancienne eau-de-vie de France se retrouvent chaque année à l’automne. Cette période correspond en effet aux premières distillations, qu’il convient de fêter comme il se doit. Pendant trois jours, les animations se succèdent : visite aux flambeaux de la cité médiévale, ateliers culinaires, dégustations, intronisations de personnalités à la confrérie de l’Escoubade, apéritifs, repas, démonstration de course landaise, marché des producteurs, tables rondes…

L’automne gourmand dans les Landes
Différents sites – De fin septembre à fin novembre
Tél. 05 58 06 89 89 – Web : www.tourismelandes.com
Finalement, le fait de glisser ses pieds sous la table et de découvrir (ou apprécier) les bons produits des terroirs landais permet d’entamer l’automne de la meilleure des façons. L’évènement s’accompagne, pendant plus d’un mois, de nombreux ateliers, dégustations, visites, rencontres et séjours gastronomiques. Tout est fait pour mettre à l’honneur les produits et le savoir-faire local. Le département des Landes peut quand même se targuer d’abriter huit filières d’excellence, comme l’asperge des Landes, le canard fermier, le kiwi de l’Adour, le floc de Gascogne ou encore le bœuf de Chalosse. Respect.

Patrimoine et cultures des Landes

Patrimoine et cultures des Landes


Des airiaux des Landes de Gascogne à l’influence architecturale béarnaise en terres de Tursan, de la mayade à la course landaise, le département dévoile une vraie richesse patrimoniale et culturelle.

L’habitat traditionnel

La maison typique landaise à laquelle on pense tout de suite est celle qui correspond aux régions du Born, du Marensin et de Maremne, mais le département profite d’un véritable éclectisme architectural et patrimonial selon ses pays, de la Chalosse au Gabardan.

Le long du littoral, donc, mais aussi dans les Grandes Landes, la maison landaise (oustaù) est reconnaissable entre mille grâce à ses colombages apparents. Entre chaque poutre, les charpentiers (qui construisaient généralement seuls les maisons, sans l’aide d’un maçon) utilisaient du torchis puis, plus tard, de la briquette, disposées à plat ou en oblique (en fougère). La pierre, rare dans cette région, est rarement utilisée, c’est vraiment le bois tiré du chêne qui constitue l’ossature du bâtiment.

Assez souvent, la charpente déborde la façade et forme un auvent, façade toujours orientée à l’est afin de ne pas subir les intempéries et les rafales de vent issues de l’océan.

À l’instar de bon nombre de constructions domestiques réparties à travers tout le département, l’intérieur est assez simple, composé d’une travée centrale (ou pièce commune), où chambres et réserves sont attenantes, disposées dans les travées latérales.

La pièce principale sert de salle à manger et de cuisine, à proximité de la vaste cheminée. Au plafond, les poutres sont volontairement apparentes. Elles s’avèrent utiles pour suspendre de bons gros jambons, qui sèchent en toute quiétude et qui rétrécissent au fur et à mesure des découpes gourmandes.

Les Landais ont été des précurseurs en matière de télé en relief.

La particularité de nombreuses maisons de cet univers agropastoral est la proximité directe de la salle commune et de l’étable. Une large ouverture est pratiquée dans le mur, à mi-hauteur, de façon à permettre le passage de la tête des bœufs à l’intérieur même de la maison. Il est ainsi plus facile de les nourrir (plus besoin de sortir) et leur haleine réchauffe un peu la pièce. Pour peu que les bœufs soient de nature joviale ou blagueuse, ils représentent une excellente source de distraction lors des longues soirées d’hiver. Un peu l’ancêtre de la télé, quoi.

Ces maisons typiques de la façade ouest du département ne constituent pas pour autant des bourgs ou des hameaux. Elles sont organisées en quartiers, et selon une hiérarchie précise entre maisons de maîtres et de métayers, au sein d’un airial, une petite clairière entretenue dans les profondeurs de la lande. Les pins ont été coupés et seuls quelques chênes occupent cette surface couverte de pelouse.

L’airial regroupe la maison du maître, celle des métayers, les dépendances, la bergerie, le four à pain, le poulailler, le fenil, la grange ou encore l’abreuvoir. C’est un espace de vie en commun.

En Chalosse, les villages et bourgs viennent remplacer les airiaux. L’environnement, moins hostile, autorise donc à construire des bâtiments en pierres de taille et moellons. La façade principale, enduite, est exposée à l’est et développe un large pignon.

Ce sont généralement des maisons ou des fermes cossues, agencées à l’image des maisons des Landes de Gascogne, avec une travée principale et deux travées latérales. Fait important, même riches, les maisons du pays affichent la sobriété, à l’exception peut-être des remarquables linteaux au-dessus des portes.

Dans le pays de Tursan, l’influence béarnaise commence à poindre le bout du nez. Les maisons sont à 4 eaux et la toiture, plus raide, est constituée de tuiles plates à crochets. On utilise davantage la pierre et le galet. On y trouve moult maisons bourgeoises et des fermes plus isolées.

Enfin, en terres d’Armagnac, les fermes sont édifiées à hauteur des douces collines, souvent agencées en « U », privilégiant la cour fermée. Les maisons, privées d’auvent, sont massives et à étages. La couleur terre des façades épouse celle des paysages.

L’Armagnac est aussi le territoire des bastides (Saint-Justin, Labastide d’Armagnac), édifiées au XIIIe siècle et qui révèlent encore aujourd’hui de petits bonheurs architecturaux, comme les maisons à pans de bois sculpté de Saint-Justin.

Mayades et autres joyeuses coutumes

Ça n’est un secret pour personne : les Landais sont réputés pour leur esprit festif. Les fêtes de la Madeleine, organisées chaque année en juillet, ou la feria de Dax, qui prend place en août, ne sont en fait que les manifestations les plus renommées du département, mais certainement pas les seules.

Les beaux jours venus, les festayres envahissent les bodégas de nombreux villages du département pour perpétuer la tradition, assister aux corridas ou courses landaises, danser au rythme enlevé des bandas et essayer de retrouver leur lieu de villégiature à 4 heures du matin après avoir réalisé qu’il était plus facile de se mouvoir à quatre pattes, même si la direction empruntée un peu au hasard ne s’avère pas être la bonne.

En grattant un peu l’histoire du département, ce besoin de se rassembler et de partager dans la bonne humeur des moments privilégiés s’inscrit dans la vie locale depuis de très nombreuses décennies, voire plusieurs siècles.

Ainsi, les « despourguères », ces travaux qui consistaient à dépouiller le maïs de sa feuille, étaient souvent l’occasion de se rassembler après une dure journée de travail, de discuter, de plaisanter et de chanter.

Le « pèle-porc » était un évènement festif très apprécié, qui réunissait les fermiers. Un porc bien gras était choisi, tué, soigneusement nettoyé et finalement dépecé par le paysan-charcutier. Les participants se réunissaient ensuite autour d’une grande tablée gourmande où étaient servis rôtis, canards, poulets, fromages, desserts sans oublier les quantités généreuses de vin.

La fête du pèle-porc va bientôt battre son plein. Tout le monde, ou presque, s’en réjouit.

L’après-midi était consacré à la détente (pour les hommes) et à la préparation du boudin (pour les femmes).

L’asouade, pratiquée du Moyen-Âge jusqu’au XIXe siècle, consistait à faire asseoir un mari trompé ou battu par sa femme sur le dos d’un âne, à l’envers, et à le balader dans les ruelles du village, accompagné par quelques joyeuses personnes qui ne manquaient pas de crier ou de chanter pour attirer l’attention. À défaut de la présence du mari, un voisin jouait le rôle du malheureux. Cette tradition, quelque peu humiliante, fut heureusement interdite.

Les mariages se déroulaient de manière plus amicale. Généralement, tous les habitants du village étaient conviés à l’évènement. Les voisins des futurs époux, munis d’une canne appelée imbitedou, passaient de maison en maison, où chaque invité à la cérémonie entourait la canne d’un ruban de couleur et leur offrait par la même occasion un petit coup à boire. En fin de tournée, il est à parier que l’imbitedou leur servait principalement à rester debout.

Lors du grand repas, les mariés devaient respecter la « roste », consistant à boire dans un pot de chambre.

Enfin, les mayades, qui perdurent encore aujourd’hui dans certains villages, permettent aux jeunes de 18 à 19 ans de choisir une marraine et un parrain, qui les aideront à planter un « mai » (pin maritime décoré) devant le logement du maire, celui de ses adjoints et au centre de la commune, le soir du 30 avril. Un grand banquet est organisé ensuite.

Selon la tradition, le but est ensuite d’aller faire tomber les « mais » des villages voisins tout en n’oubliant pas de défendre le sien.

Quelques jours plus tard, la mayade prend fin à l’occasion d’un grand bal. Certains villages des Landes organisent toujours cet évènement pittoresque, à l’instar de Saint-Vincent-de-Tyrosse, Saubion ou encore Narrosse.

La course landaise

Elle participe grandement à l’identité du pays landais et à son expression culturelle, et ce depuis fort longtemps. Selon l’Observatoire National des Cultures Taurines, « Le document authentique le plus ancien conservé aux archives nationales fait état en 1457 d’une coutume immémoriale de faire courir vaches et bœufs dans les rues de Saint Sever à l’occasion des fêtes de la Saint-Jean. Ensuite, pendant plusieurs siècles, on connaît surtout la tauromachie landaise par les différentes tentatives d’interdiction dont elle fut l’objet à maintes reprises et sans succès. »

Au cours du XIXe siècle, il est décidé que les courses soient organisées dans des périmètres fermés, les arènes. Ensuite, des tampons sont placés à l’extrémité des cornes des vaches, afin d’éviter les coups mortels.

Les vaches, autrefois attrapées dans la nature, sont aujourd’hui élevées au sein de ganaderias. Leur destin est plus joyeux que celui des taureaux destinés à la corrida puisque la course landaise n’implique aucune mise à mort. Le but n’est pas ici de combattre l’animal, mais de faire preuve d’une redoutable agilité pour éviter sa charge.

Trois figures caractérisent la course landaise : la feinte, l’écart et le saut.

L’écarteur, placé au centre de l’arène, appelle et provoque la vache pendant quelques instants. Passablement énervée de recevoir des noms d’oiseau, celle-ci amorce sa charge en direction du bonhomme, qui, au dernier moment, alors que les cornes le frôlent, amorce un écart intérieur ou extérieur. Tout se joue en une fraction de seconde et l’écarteur doit aussi veiller à la beauté du geste.

Le sauteur, quant à lui, peut s’apparenter à un véritable gymnaste. Il lui faut en effet une sacrée dextérité, une souplesse sans faille et un don de propulsion quasi divin pour s’élever dans les airs dès le fougueux animal arrive à son niveau. Le saut peut revêtir différents aspects : le saut à pieds joints ou le saut à la course, le torero allant dans ce cas à la rencontre de l’animal. À l’époque, on pratiquait également le saut à la perche, mais cette pratique a été abandonnée.

Sauteur en pleine démonstration – Crédit photo : Musée de la course landaise

Il existe différents types de course, tout au long de la saison, de février à novembre : la course formelle, le concours landais, la course de seconde… chacune répondant à une organisation différente. Certaines de ces courses entrent dans le champ de la compétition, qui intègre en son sein les clubs affiliés à la FFCL.

Chaque course landaise s’accompagne bien sûr d’une animation digne de ce nom, souvent assurée par une banda. Pendant la période estivale, la course est considérée comme un évènement majeur de n’importe quelle feria. Elle permet de réunir de vieux Landais à la culture phénoménale et des vacanciers, souvent surpris et impressionnés.

L’on dit que la Mecque de la course landaise est le village de Pomarez. Ses arènes accueillent les courses les plus réputées. Dès leur plus jeune âge, les gamins de la commune et des environs sont initiés à la noblesse de la discipline et apprennent avec beaucoup de sérieux l’art de l’écart, un gros ballon remplaçant bien sûr la vache.

Nature et paysages des Landes

Nature et paysages des Landes


« La forêt, cathédrale sans fin sous le ciel atlantique » – Alain Dubos, Landes de terre et d’eaux (éditions Passiflore).

Si elle constitue l’identité première du département, la forêt des Landes de Gascogne, dont la superficie frôle certes les 70 % du territoire, ne saurait faire oublier la richesse des paysages et la diversité de ses 14 pays, regroupés au sein de trois grandes zones géographiques.

Le plateau landais

Localisé au Nord de l’Adour, le plateau landais, qui englobe les Grandes Landes, est essentiellement composé de forêts, affichant des paysages aux lignes horizontales et droites. Nous sommes ici aux confins des Landes de Gascogne, qui ont remplacé à partir du XIXe siècle, sous l’impulsion du botaniste Chambrelent, la lande pastorale et les zones marécageuses.

La monotonie des paysages, due à la surabondance des pins maritimes, n’est qu’apparence. « Si une vision superficielle de la forêt peut amener l’impression d’une profonde tristesse liée à celle d’une lassante uniformité, cette réaction est le résultat d’une totale méconnaissance du milieu. Dans l’atmosphère paisible de ces grands arbres qui se balancent doucement au gré du vent, il faut suivre les sentiers sinueux de sable fin que bordent les massifs de bruyère et de genêts, ou longer les petits ruisseaux d’eau limpide à travers les fougères. Au creux d’un vallon, découvrir une lagune pittoresque, au détour d’un chemin, une charmante clairière, et par une belle journée d’été, dans cette ambiance de calme et de solitude reposante, écouter le chant gracieux de la cigale ou celui du coucou » écrit avec majesté Philippe Soussieux dans son livre le Guide des Landes (éditions La Manufacture – 1986).

Les Hautes Landes – Crédit photo : Marie Anne ROBERT – Own work, CC BY-SA 4.0

Plus à l’est, la forêt finit par trouver sa limite et laisse la place à des paysages de coteaux, sur lesquels l’homme fait pousser la vigne depuis des siècles. Nous sommes ici dans la région du Bas-Armagnac, célèbre (et célébrée) dans le monde entier pour sa précieuse eau-de-vie.

Au nord du Bas-Armagnac se détache le pays de Gabardan, limitrophe du Gers, où l’on découvre la forêt de pins, appelée ici Petites Landes, mais aussi des terres dédiées à la polyculture. Les rivières y sont nombreuses et serpentent à travers les forêts avant de devenir plus encaissées dans les gorges calcaires à proximité de Roquefort, situées plus à l’ouest. La nature y est omniprésente et préservée, se partageant entre landes humides et landes sèches dédiées à la sylviculture, où genêts et bruyères constituent souvent un sous-bois harmonieux. Le pays peut se découvrir grâce à la dizaine de parcours de randonnées, empruntant parfois les voies de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Les pays de l’Adour

À la différence des Landes de Gascogne, les pays de l’Adour profitent d’une terre fertile, où vallons et plaine alluviale dessinent des paysages changeants.

Sur la rive gauche de l’Adour, on embrasse les territoires du Tursan, de la Chalosse et du pays d’Orthe. Le relief y est plus marqué et annonce déjà le massif pyrénéen. Le point culminant se trouve à Lauret, à 234 mètres d’altitude.

Les coteaux forment une grande partie du paysage et ont contribué à développer l’activité agricole, notamment l’exploitation viticole, sous l’appellation des vins de Tursan (AOC), que l’on servait déjà à la table des empereurs romains.

On y trouve également de nombreuses rivières, qui prennent naissance à partir de l’Adour et de ses affluents.

La Chalosse, située plus à l’ouest, offre des paysages remarquables, composés de bois de feuillus, de vallées, de coteaux, de rivières (le Louts et le Luy) et de larges prés au sol argileux. Grâce au bocage, le pays dévoile une alternance de terres cultivées et de bosquets, composant de magnifiques panoramas.

Le littoral

Le littoral landais se prolonge sur plus d’une centaine de kilomètres, bordé d’un imposant massif dunaire, constamment surveillé et entretenu par l’homme afin de renforcer sa fixation et éviter que le sable ne s’engouffre vers l’intérieur des terres.

Au nord du département, à hauteur de Mimizan, les dunes sont dites anciennes et de forme parabolique, formées lorsque le niveau de la mer était plus bas que celui d’aujourd’hui. Elles offrent les conditions de pousse idéale aux fougères et arbousiers.

Plage de Mimizan – Crédit photo : Office Intercommunal de Tourisme de Mimizan

Viennent ensuite les dunes plus récentes et longitudinales, qui se sont élevées au fur et à mesure de la progression de l’océan, plus « mobiles » selon les passages venteux

Les villages historiques du littoral, dont l’activité était essentiellement axée vers l’exploitation forestière et la culture viticole (vin de sable), ont vu au cours du XXe siècle apparaître des stations balnéaires, attirées par le potentiel de ces longues plages. Chaque année, des dizaines de milliers de touristes viennent profiter du sable blond, du soleil chaud et de l’agréable fraicheur de l’océan Atlantique, oubliant parfois le danger que représentent les baïnes, dont la force du courant constitue un piège redoutable et souvent mortel.

Derrière les dunes s’impose la majestueuse forêt de pins maritimes, où l’on trouve quand même des chênes-lièges ou pédonculés. C’est le décor parfait pour une gentille randonnée en VTT sur l’une des innombrables pistes cyclables mises à la disposition du public.

On trouve également tout au long de la bande littorale de très nombreux plans d’eau, nés de la barrière que constituent les dunes aux rivières côtières. Des dizaines d’étangs et de lacs agrémentent ainsi les paysages, du sud au nord, où l’on trouve et apprécie les étangs de Cazaux et Sanguinet (idéaux pour la baignade des enfants), de Biscarrosse, le lac d’Aureilhan et le courant de Contis. Au sud, le lac de Soustons, le courant d’Huchet ou encore le lac marin d’Hossegor (considéré comme « un joyau serti dans l’ombre et la clarté », selon le poète Maurice Martin) s’offrent à la vue ébahie des visiteurs.

Éléments d’histoire des Landes

Éléments d’histoire des Landes


De la sculpture de la Dame de Brassempouy à la visite de l’empereur romain Auguste aux thermes de Dax, de la formidable saga de la famille d’Albret à la naissance de la forêt des Landes de Gascogne, le département affiche une histoire mouvementée et passionnante.

Des fouilles et des merveilles

Si la Dordogne doit beaucoup à l’abbé Breuil (1877-1961), surnommé à juste titre le pape de la préhistoire, le territoire des Landes a pu révéler ses richesses archéologiques grâce à la volonté et à l’abnégation de Jacques-François de Borda d’Oro (1718-1814), mathématicien et naturaliste, passionné de préhistoire, collectionneur de silex taillés et auteur d’une œuvre abondante sur les fossiles et les fondements de la paléontologie locale (1500 pages au moins à lire et sans aucune vidéo publiée sur YouTube. Dur).

Le mouvement initié par Borda d’Oro est repris par différentes personnalités, dont le capitaine Pottier (1836-1886), qui découvre en 1870 les abris préhistoriques de la falaise du Pastou, à Sorde-l’Abbaye, longtemps habités par les Magdaléniens.

Des fouilles plus minutieuses entreprises en 1874 révèlent la présence de quatre gisements : Duruthy, Grand Pastou, Petit Pastou et Dufaure. On y trouve les restes d’une trentaine de squelettes humains, au côté desquels gisent des outils en silex, en os et en bois de renne, des pointes de sagaie et des harpons, également fabriqués à partir de bois de cervidé.

Le gisement de Duruthy en particulier fait la joie des archéologues lorsqu’ils découvrent divers objets d’art, dont des éléments de parure, notamment ceux fabriqués à partir de dents d’ours et de lion, décorés et percés.

Près d’un siècle plus tard, entre 1958 et 1987, le professeur Robert Arambourou, chargé de recherche au CNRS, organise différentes fouilles dans les abris. Elles permettent de mettre à jour des trésors du Magdalénien, dont la célèbre statuette en grès d’un cheval agenouillé.

À quelques dizaines de kilomètres de Sorde-l’Abbaye, à Brassempouy, une découverte majeure va secouer le petit monde de l’archéologie. En 1894, Joseph de Laporterie et Édouard Piette recueillent plusieurs fragments en ivoire de statuettes féminines, dont la tête à capuche ou dame de Brassempouy, l’une des plus anciennes représentations de visage humain. La pièce n’est pas impressionnante par sa taille (36 millimètres de haut et 19 millimètres de large) mais par son histoire (-25 000 ans) et surtout par son élégance et la finesse de son travail. La bouche et les yeux ne sont pas gravés. En revanche, le menton, le nez et les arcades sourcilières sont en relief. Le quadrillage qui orne son crâne peut faire penser à une représentation capillaire.

L’œuvre a ému de nombreux scientifiques et écrivains tout au long des décennies et montré que les hommes et femmes de cette période étaient capables d’une vraie sensibilité artistique. Elle est aujourd’hui conservée au musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye.

Il semblerait que le territoire fût privé de présence humaine pendant de longs millénaires après la période glaciaire, jusqu’au Néolithique final.

Les archéologues ont retrouvé des pièces de l’âge du Bronze, comme des bracelets, des pointes de lance et des haches, ainsi que des traces de premières enceintes à bestiaux. Les découvertes relatives à l’âge du Fer correspondent essentiellement à des tumuli, qui abritent des pots de terre cuite enfermant des cendres humaines. Ces tumuli sont, entre autres, situés dans les régions de Pomarez, de Vicq d’Auribat ou d’Arboucave.

Conquête romaine, invasions barbares et occupation anglaise

À l’instar des autres départements de l’Aquitaine, la très longue période entre l’époque gallo-romaine et le Moyen-Âge ne fut pas forcément la plus joyeuse pour les Landes.

Avant l’invasion de l’Aquitaine par le général Crassus, en 56 av. J.-C., le futur département est occupé par quelques tribus d’origine celto-ibérienne : les Tarbelli dans la région de Dax et de l’Adour, les Tarusates dans le pays de Tartas, les Bercorates et les Aquitaniens au Nord de l’Adour, les Élusates et les Sotiates aux frontières du Gers et du Lot-et-Garonne.

La présence romaine est plus difficilement lisible dans les Landes que dans d’autres territoires du Sud-Ouest, à cause, peut-être, de son environnement difficile et sauvage, de la mauvaise qualité des terres empêchant de vraies ambitions agricoles et de l’omniprésence des marais. Les hommes y sont peu nombreux et les cités relativement modestes.

Selfie de l’empereur Auguste, lors de son court séjour à Dax – Crédit photo: © Marie-Lan Nguyen / Wikimedia Commons
Selfie de l’empereur Auguste, lors de son court séjour à Dax – Crédit photo: © Marie-Lan Nguyen / Wikimedia Commons

La ville de Dax (Aquae Tarbelli) échappe pourtant à la règle. Grâce à ses sources d’eau chaude, très appréciées des légions romaines, elle prend une ampleur conséquente. On y construit des thermes, un temple, des villas et autres lieux de villégiature. La visite de l’empereur Auguste, qui daigne en personne prendre les eaux avec sa fille, assure une large campagne marketing à la cité thermale, considérée comme the place to be au sein de l’Empire.

Même l’empereur Auguste daigna se rendre à Dax.

Au IIIe siècle, les Romains déploient une nouvelle organisation administrative qui, à l’échelle de l’Aquitaine, prend le nom de Novempopulanie, ou pays des Neuf Peuples. C’est une période importante pour le territoire des Landes, synonyme de multiples projets et travaux. Des voies principales sont construites entre Bordeaux et l’Espagne, permettant aux Landais de vendre des peaux, du fer, du millet ou encore du miel. Les cités se développent, à l’instar d’Aire-sur-l’Adour ou de Mont-de-Marsan, dont le nom est tiré du temple de Mars.

Des fermes d’exploitation font leur apparition. Sur le littoral, le business du coquillage se développe. De somptueuses villas sont construites dans le sud du territoire. La Pax Romana semble s’accompagner d’une vie plus prospère, agréable et mieux organisée.

Le problème avec les empires, c’est qu’ils finissent toujours par tomber, laissant planer la crainte d’un avenir un tantinet moins douillet. Ce fut précisément le cas dans les Landes comme dans les autres contrées de l’Aquitaine. Dès le Ve siècle, les invasions dites barbares se succèdent gentiment pendant quelques (très longs) siècles. Wisigoths, Gascons, Arabes, Normands… Et vas-y que je tue, et vas-y que je viole, et vas-y que je brûle et pousse-toi d’là que je m’y mette. Quel manque de tact, franchement.

Au IXe siècle, un système féodal se met en place au sein du duché de Gascogne, poussé par la nécessité de se protéger des multiples attaques des envahisseurs. Des forteresses, des « caveries », des « capacazaux » sont édifiés, au gré de la hiérarchie seigneuriale. Même l’Église s’implique dans la protection de ses ouailles en bâtissant des sauvetés, de petits asiles dédiés à l’accueil des plus miséreux.

Depuis son château de Labrit, la Maison d’Albret s’impose comme le fief le plus important de la Gascogne, dont certains membres de la famille accèderont à la royauté. Les Albret participent à la première croisade (1096-1099). Ils s’appuient sur leur relation privilégiée avec le pape Clément V, ancien archevêque de Bordeaux, choisissent de rester fidèles aux Plantagenêt ou de rallier le roi de France en fonction de la conjoncture.

En 1368, le roi Charles V marie sa belle-sœur Marguerite de Bourbon à Arnaud-Armanieu d’Albret dans l’espoir d’une alliance solide entre le royaume de France et la puissante contrée gasconne.

En 1470, les Albret héritent du comté du Périgord et de la vicomté de Limoges. Une quinzaine d’années plus tard, la Navarre rejoint le patrimoine familial grâce au mariage de Jean d’Albret et de Catherine de Foix. Parmi les treize enfants nés de cette union, Henri II d’Albret (né en 1503), roi de Navarre, épouse Marguerite d’Angoulême, sœur de François 1er. Leur fille Jeanne d’Albret entrera dans l’Histoire de France comme la future mère du roi Henri IV.

C’est l’apogée de la famille d’Albret. Après cinq siècles d’ascension, nourris de combats, d’ambitions et de calculs, ayant apporté richesse, pouvoir et vastes propriétés terriennes, la noble maison subira l’invasion du royaume de Navarre puis l’asphyxie progressive de sa puissance tout au long du XVIe.

Quelques siècles plus tôt, le mariage d’Aliénor d’Aquitaine et d’Henri Plantagenêt en 1154 a placé la Guyenne et la Gascogne sous suzeraineté anglaise. Les Landes sont dès lors administrées par le sénéchal de Gascogne. C’est une période troublée, synonyme de luttes incessantes entre rois et seigneurs locaux, entre Anglais et Français, entre Plantagenêt et Valois. Les tensions perdurent jusqu’en 1346, date du début de la guerre de Cent Ans, qui s’achèvera lors de la célèbre bataille de Castillon, en 1453. Les Anglais quittent définitivement le Sud-Ouest et le royaume de France.

Les guerres de religion d’abord, la Fronde ensuite

Le futur département paye un lourd tribut aux guerres de religion, du fait de la relation étroite entre le territoire et les Albret et de la proximité avec le Béarn, terre protestante. L’intransigeance de Jeanne d’Albret génère de fortes tensions et des combats sanglants. En 1569, la reine de Navarre fait appel au comte de Montgomery pour reprendre ses États occupés par les armées catholiques. Ce dernier s’exécute et reconquiert le Béarn, Saint-Sever, Mont-de-Marsan avec une rare cruauté, exécutant les prisonniers catholiques et brûlant des centaines d’églises, d’abbayes et de châteaux. L’intervention de Blaise de Montluc, maréchal de France et serviteur du roi Charles IX, met un terme aux ambitions du comte de Montgomery. En septembre de la même année, son armée s’empare de Mont-de-Marsan et massacre la garnison huguenote.

Blaise de Monluc, maréchal de France, pourfendeur du comte de Montgomery et des armées protestantes à Mont-de-Marsan.

L’édit de Nantes, promulgué par Henri IV en 1598, met un terme aux guerres de religion, particulièrement cruelles dans les Landes et en terres béarnaises.

Quelques décennies de quiétude relative s’installent dans le beau pays des Landes. Enfin l’espoir d’un avenir meilleur pour nos enfants ? Nan. La Fronde bouleverse le royaume de France à partir de 1648, alimentée par la crise économique, une pression fiscale sans cesse plus gourmande et la volonté du pouvoir d’imposer la monarchie absolue. Les révoltes locales se multiplient. En 1653, le colonel Balthazar tente d’envahir avec ses régiments la Chalosse, dont la défense est assurée par les troupes des seigneurs d’Aubeterre, de Candale et de Poyanne. Les combats affaiblissent la région. Entre 1663 et 1666, une nouvelle révolte chalossaise éclate à la suite de l’instauration de la gabelle. De petites bandes landaises, placées sous la protection du seigneur local, Bernard d’Audigeos de Coudures, n’hésitent pas à s’attaquer aux troupes royales, mettant à profit leur parfaite connaissance du terrain pour organiser des embuscades ou des attaques surprises.

La renaissance des Landes

Sous le Second Empire, un jeune ingénieur agronome, François Jules Hilaire Chambrelent, décide de poursuivre les travaux initiés en 1786 par Nicolas Brémontier, qui fut l’un des premiers à lancer une vaste opération de fixation des dunes littorales ou intérieures en vue de protéger davantage les terres situées à proximité de l’océan.

Chambrelent constate que le sous-sol imperméable facilite les eaux stagnantes en hiver et la sécheresse en été et contribue à rendre le sol infertile, poussant de fait les habitants à une vie difficile, pour ne pas dire miséreuse, cantonnée à l’élevage de moutons (on en comptait près d’un million en 1850 !).

L’ingénieur parvient à organiser un système de drainage des eaux superficielles, en creusant des fossés d’écoulement dans la couche d’alios. Le sol est ainsi assaini, mais n’autorise pas pour autant la culture de céréales. Le salut passera donc par la culture forestière, et particulièrement celle de pins maritimes, parfaitement adaptés à l’environnement géologique. En cinq ans, plus de 20 000 hectares se transforment, donnant naissance à la future forêt des Landes de Gascogne.

Impressionné par le succès de la démarche, l’empereur Napoléon III impose, à travers la loi du 19 juin 1857, un vaste programme d’assèchement des zones marécageuses afin de favoriser leur mise en exploitation.

Les plus curieux pourront lire le roman Maître Pierre, écrit par Edmond About en 1858, qui relate cette formidable aventure.

Une nouvelle activité économique se développe autour du pin maritime, à l’instar de l’exploitation de bois et du gemmage. Le massif forestier ne cesse de s’étendre au fil des années, marquant la fin de l’agropastoralisme et la disparition progressive du célèbre berger landais dominant son troupeau de moutons du haut de ses échasses.

La relation entre l’empereur et le département des Landes est décidément étroite puisqu’en 1861 la commune d’Eugénie-les-Bains voit le jour, en hommage à l’impératrice, habituée à passer quelques jours dans cette petite cité thermale réputée lors de ses déplacements à Biarritz.