Selon le dernier relevé de l’Observatoire de la côte de Nouvelle Aquitaine (OCNA), la plus célèbre dune d’Europe a gagné 1,2 mètre depuis l’année dernière.
Olivier Sorondo – 1 août 2023 – Dernière MAJ : le 2 août 2023 à 7 h 23 min
En perpétuelle évolution – Crédit photo: Hornet 18 – Flickr
Une variation permanente…
L’attraction que suscite la dune du Pilat ne se dément pas. Chaque année, la publication de sa hauteur suscite une couverture de presse généreuse et, probablement, moult commentaires de spécialistes plus ou moins avisés.
Cette année, selon les études de l’OCNA réalisées en mai dernier, la dune s’élève à 103,6 mètres, soit un gain de 1,2 mètre par rapport à la même période en 2022. « L’an dernier, la dune du Pilat culminait à 102,4 mètres, soit l’altitude la plus basse mesurée depuis 2009. Un an après, elle a gagné 1,2 mètre à son sommet, situé sur la partie centrale du site. Avec une hauteur de 103,6 m, l’altitude dépasse les hauteurs mesurées en 2020 et 2022, mais reste inférieure aux autres mesures annuelles menées depuis 2009 » précise l’OCNA.
De fait, la hauteur de la dune est soumise à une variation annuelle, parfois marquée puisqu’elle avait perdu plus de 4 mètres entre 2017 et 2018.
Source: Observatoire de la côte Nouvelle-Aquitaine
La fluctuation de la taille du monstre de sable repose sur deux phénomènes naturels : l’accrétion du trait de côte et la migration dunaire, selon la force des vents.
…et un déplacement constant vers la forêt
L’autre phénomène qui impacte la dune du Pilat est son inarrêtable progression vers l’Est, où se trouve la forêt de pins. « Ce déplacement de la crête vers l’Est est d’ailleurs plus rapide que celui du trait de côte (pied de dune côté océan), témoignant d’un étalement progressif de la dune. Cette mécanique se traduit en 2023, comparativement à 2022, par un déplacement du sommet de la Dune d’environ 120 m en direction du nord-est, et par un gain d’altitude d’un peu plus d’un mètre de son sommet » constate l’équipe de l’Observatoire.
Ce déplacement fait l’objet d’une observation minutieuse, car il s’accompagne d’un questionnement sur la pérennité des infrastructures installées au pied de la dune, comme les campings et la route départementale.
Si la dune progresse en territoire forestier, elle subit l’érosion du littoral, principalement dans sa partie Nord, avec un recul moyen du trait de côte de 4 mètres.
Le pont Chaban-Delmas à Bordeaux souffle ses dix bougies
Inauguré le 16 mars 2013, le plus grand pont levant d’Europe s’est rapidement révélé indispensable à Bordeaux.
Olivier Sorondo – 3 avril 2023 – Dernière MAJ : le 28 juin 2023 à 17 h 04 min
Le pont est devenu l’un des emblèmes de la ville – Crédit photo : FranceSudOuest
Un projet ambitieux, des travaux impressionnants
Il suffit de déplier la carte de Bordeaux pour constater le déficit de ponts entre les deux rives. Selon les géographes et urbanistes, cette lacune s’explique par l’histoire de la ville, plutôt ancrée rive gauche où se situait son port et donc son poumon économique. Pourquoi diable construire de nouveaux ponts et entraver la libre circulation des bateaux ? Pendant longtemps, la rive droite était accessible via les bateaux à fond plat, qui semblaient répondre à la demande.
Avant la construction du pont Chaban-Delmas, seuls six ouvrages enjambaient la Garonne, dont le célèbre pont de Pierre, aujourd’hui interdit aux automobiles.
Compléter l’offre est donc apparu comme une nécessité. Le projet d’un nouveau pont est présenté au conseil municipal de Bordeaux en 1998. D’abord envisagée à toute proximité de la place de la Bourse, sa construction prendra finalement place entre les quartiers Bacalan et Bastide.
C’est un chantier titanesque qui est lancé en 2009. Afin de permettre le passage des bateaux, le pont doit être équipé d’un tablier levant. Pendant quatre, le groupement d’architectes et d’entreprises multiplie les exploits et les innovations pour respecter le cahier des charges. Ainsi, le tirant d’air doit être équivalent au pont d’Aquitaine en position haute et au pont de Pierre en position basse. Deux voies sont dédiées aux automobiles, quatre aux transports en commun et deux aux vélos. La passe navigable affiche une largeur de 110 mètres.
En décembre 2012, les essais de levage s’effectuent avec des camions-toupie garés sur le tablier.
L’inauguration est organisée le 16 mars 2013, en présence du président de la République, du maire de Bordeaux et du président du Conseil régional.
Adopté par les Bordelais
Dix ans plus tard, le pont Chaban-Delmas s’est imposé dans le paysage bordelais. Chaque jour, 30.000 véhicules, 3000 cyclistes, 2000 piétons le traversent, sans même mentionner les passages des bus.
Ses 433 mètres de long, ses 77 mètres de haut et ses 117 mètres de travée mobile en font le plus grand pont levant d’Europe. « C’était un défi technique, entre autres pour le système de levage. Nous avons choisi le système du contrepoids et nous n’avons ainsi besoin que d’un moteur économe de faible puissance » explique Thomas Lavigne, l’architecte en chef, cité par Le Figaro.
Au quotidien, l’ouvrage d’art facilite la vie de nombreux Bordelais, comme le relate le journal Sud-Ouest : « A bord de sa petite voiture noire, Carole Jonesco emprunte chaque jour le pont Jacques Chaban-Delmas pour aller au travail. Résidant à Saint-Médard-en-Jalles, cette responsable en ressources humaines doit franchir la Garonne pour se rendre sur la rive droite de Bordeaux. « Je mets 20 minutes le matin et 35 minutes le soir. Sans le pont Chaban-Delmas, je mettrais entre 45 minutes et 1h30 de trajet » précise la trentenaire ».
Le pont Chaban-Delmas a aussi contribué, avec la Cité du Vin, à l’essor du quartier Bassin à flot, marginalisé depuis des décennies. Outre l’apparition de nouveaux immeubles d’habitation et de commerces, des entreprises au renom national sont venues s’y installer.
C’est aussi la rive droite qui profite de cette liaison, à travers la construction de milliers de logements à Brazza.
Au printemps 2024, le pont Simone Veil viendra enrichir l’offre des ouvrages d’art bordelais, au sud de la ville. Il enjambera la Garonne entre Bègles, Bordeaux et Floirac. « Pensé comme une véritable esplanade publique, il fera la part belle aux modes doux et déploiera, côté aval, une aire piétonne de 18 m de large ainsi qu’une piste cyclable connectée au Réseau Express Vélo (REVe) » indique le dossier de Bordeaux Métropole.
Conjoncture difficile pour les viticulteurs bordelais
Un tiers d’entre eux subit des difficultés financières et un quart envisage d’abandonner son activité.
Olivier Sorondo – 24 janvier 2023 – Dernière MAJ : le 24 janvier 2023 à 16 h 58 min
Pertes de revenus, arrachage des vignes… Le vignoble de Bordeaux traverse une crise profonde – Crédit photo Sergey Nemo from Pixabay
Une situation qui se dégrade puis 2018
La manifestation organisée le 6 décembre dernier a sûrement symbolisé l’exaspération des viticulteurs de Gironde. Plus d’un millier d’entre eux se sont retrouvés à Bordeaux pour crier leurs revendications et attirer l’attention sur la crise à laquelle ils sont confrontés depuis quelques années.
Le constat n’est guère réjouissant pour la viticulture bordelaise, pourtant fer-de-lance de l’économie locale. Sur les 4 000 vignerons, plus de 1 300 se déclarent en difficulté financière. « Sur l’exercice 2021, 70 % des exploitations agricoles girondines (à 80 % viticoles) ne gagnent pas le Smic, et 1/3 du total ont un revenu négatif » explique Philippe Abadie, directeur du Pôle Entreprises de la Chambre d’agriculture, au micro de BFM TV (22/01/2023).
Depuis 2018, la situation n’a cessé de se dégrader, en raison notamment de la baisse de la consommation, de la hausse des coûts ou du réchauffement climatique. La crise Covid est venue jeter de l’huile sur le feu, en fermant tout ou partie le marché chinois. Aujourd’hui, les vins se vendent en dessous des coûts de production.
Consciente du problème, la Chambre d’agriculture a lancé une vaste étude auprès des acteurs de la filière. Pour sa part, la préfecture a mis en place une cellule de crise, qui réunira les représentants de l’État, de la Région, du Département, des banques et des organisations professionnelles.
Arrachage de la vigne et diversification
Pour les viticulteurs, la première amorce de solution passe par l’arrachage subventionné. Au regard de la baisse de la consommation, il ne s’avère plus opportun d’assurer la gestion de vignobles trop importants. « Il faut réduire la voilure, produire moins tout en gardant de la compétitivité » estime Dominique Guignard, Président l’AOC Graves, cité par le site Vitisphère (06/12/22).
Cet arrachage attendu de la part des vignerons devrait couvrir 15 000 hectares, pour un coût estimé à 150 M€. Selon les services de l’État, cette aide financière n’est pas envisageable. Les différentes pistes de solution doivent être trouvées à l’échelle régionale.
Les professionnels attendent également le déclenchement d’un véritable plan social, permettant de reconnaître leur situation et de venir en aide aux plus précaires.
La pérennité de l’activité agricole en Gironde se trouve peut-être dans la diversification. Les espaces laissés libres après l’arrachage pourraient accueillir de nouvelles cultures, comme celles des oliviers et des noisetiers. Les réunions organisées par la Chambre d’agriculture sur la diversification commencent d’ailleurs à attirer les viticulteurs.
Ces derniers misent aussi sur le développement de l’œnotourisme et de l’agritourisme, à même de générer des ressources supplémentaires dans un département très fréquenté pendant les vacances.
C’est probablement un combat à long terme qui s’engage, synonyme d’adaptation au marché et au réchauffement climatique. C’est aussi un enjeu pour la nouvelle génération, alors qu’un viticulteur sur deux est aujourd’hui en droit de prendre sa retraite.
Destinations touristiques durables : Bordeaux classée au top 5 mondial
La capitale girondine figure parmi les meilleures cités soucieuses de proposer un tourisme responsable.
Olivier Sorondo – 10 novembre 2022 – Dernière MAJ : le 10 novembre 2022 à 19 h 14 min
Bordeaux marque des points dans le tourisme responsable – Crédit photo : Loïc Graniczny from Pixabay
Une belle progression depuis l’année dernière
Le palmarès du Global Destination Sustainability Movement (GDSM), s’il n’est pas forcément connu du grand public, reste très attendu chaque année par de nombreuses villes à travers la planète.
Considéré comme une référence, le GDSM vise à promouvoir les efforts consentis en matière de développement durable par les municipalités dans leur offre touristique. Son palmarès constitue, à n’en pas douter, un argument supplémentaire auprès des touristes, de plus en plus sensibles aux valeurs environnementales.
En 2021, Bordeaux s’était hissée au neuvième rang mondial. Cette année, la ville affiche une belle progression en atteignant la cinquième place, derrière les villes de Göteborg (Suède), Bergen (Norvège), Copenhague et Aalborg (Danemark).
Les deux autres villes françaises, Lyon et Paris, se classent respectivement à la 11e et 25e places.
Bordeaux déjà élue capitale européenne du smart tourisme
Le classement flatteur dont vient de bénéficier la ville portuaire s’ajoute au prix décerné l’année dernière par l’Union européenne, celui de European Capital of Smart Tourism. Quatre catégories avaient été retenues dans l’évaluation : l’accessibilité, le développement durable, la numérisation, ainsi que le patrimoine culturel et la créativité.
Ce prix vise à créer un réseau de villes européennes attractives et ingénieuses qui partagent entre elles les bonnes pratiques à mettre en place pour un tourisme plus vertueux.
À travers ces récompenses, Bordeaux anticipe le tourisme de demain, « notamment grâce à l’accompagnement des entreprises touristiques dans leur transition, la performance sociale et les actions de Bordeaux Tourisme & Congrès et la performance environnementale » écrit Sud-Ouest (10/11/2022).
La Teste-de-Buch : sauver ce qui peut l’être après l’incendie
Il y a deux mois, un gigantesque incendie ravageait la forêt de pins située aux alentours de la commune girondine. L’ONF dresse un premier bilan et trace ses perspectives.
Olivier Sorondo – 3 octobre 2022 – Dernière MAJ : le 4 octobre 2022 à 19 h 49 min
Intervention des pompiers dans la forêt de la Teste-de-Buch en juillet dernier – Crédit photo : Ville de la Teste-de-Buch
Un environnement dévasté
À la faveur des quelques précipitations qui ont arrosé la Gironde ces derniers jours, l’incendie de la Teste-de-Buch a été déclaré officiellement éteint par les autorités. En juillet, le feu a ravagé plus de 7 000 hectares de forêt ainsi que des campings, des restaurants et des habitations.
Toujours interdite au public par mesure de sécurité, la zone comprise entre la dune du Pilat et Biscarrosse s’est transformée en paysage lunaire, royaume des troncs noircis et des fougères calcinées.
Pour l’ONF (Office National des Forêts), il convient de s’organiser entre action urgente et réflexion à plus long terme.
Dans l’immédiat, les agents se chargent d’un premier nettoyage du millier d’hectares brûlés de la forêt domaniale. Selon les estimations de l’institution, près de 400 hectares de pins incendiés devront être abattus, nécessitant d’engager une trentaine d’engins forestiers. L’objectif prioritaire consiste à éviter un développement trop important des champignons, qui bleuissent les troncs, et surtout des scolytes, insectes réputés pour creuser des galeries sous l’écorce afin d’y déposer leurs œufs. Les pins n’y survivent généralement pas.
« Dans un écosystème de pins, le scolyte peut augmenter de 10 % à 30 % le volume de bois mort. On va essayer de le limiter à 10 % » déclare Francis Maugard, expert en pin maritime, au journal Le Monde (03/10).
Il s’agit aussi de récupérer un maximum de matières afin que le bois soit utilisé par la filière et les professionnels de la transformation. Même si les pins ont été brûlés en surface, « le bois à l’intérieur n’est que peu altéré et donc il est encore utilisable. Mais plus on va attendre, moins il sera exploitable » explique Yann Rolland, responsable du service bois pour l’agence ONF, dans les colonnes de Ouest France (26/09).
D’ici la fin du mois de décembre, plus de 80 000 mètres cubes de bois devraient être récupérés et valorisés (contreplaqué, lambris, emballages, palettes). Ce niveau correspond à huit fois le volume d’une année normale.
Une étude attentive du terrain
La mission de l’ONF consiste également à anticiper le futur aménagement de la forêt. Il s’agit en premier lieu de préserver les pins les moins touchés par le feu, dès lors que des aiguilles vertes continuent d’orner leur branches.
« Si un pin meurt dans un ou deux ans, mais qu’il donne d’ici là une dernière pluie de graines, qui pourra favoriser la régénération naturelle, c’est déjà ça » estime Fabrice Carré, technicien, cité par Le Monde.
Les associations environnementales considèrent pour leur part que la renaissance naturelle de la forêt se retrouve perturbée par les travaux de l’ONF : « Les arbres, les fougères, les herbes, tout est en train de repousser en beauté, même les arbustes. La moindre intervention lourdement mécanisée va porter un préjudice absolument gravissime à cette reviviscence naturelle » déplore Françoise Brangré, membre de l’association Bassin d’Arcachon Écologie, interrogée par France Info (01/10).
De fait, la nature semble déjà reprendre ses droits. Des fougères ont fait leur réapparition et des repousses sont observées au pied des arbres. La faune n’a pas disparu non plus, comme l’atteste la présence de renards, de lièvres et de chevreuils. Le retour d’espèces plus rares, à l’instar du lézard ocellé ou du petit pessereau, continue de susciter des interrogations.
Enfin, si la prochaine saison touristique n’est pas considérée aujourd’hui comme un objectif prioritaire, l’ONF anticipe quand même la réouverture des plages du Petit Nice, de la Lagune et de la Salie, au sud de la dune du Pilat.
« Il va falloir mettre l’ensemble des financeurs autour de la table. On a commencé à faire des estimations. Pour rouvrir ces sites, c’est à minima 1 million d’euros » souligne Cédric Boucher, le responsable du site, au micro de France Bleu (27/09). La plage de la Lagune pourrait être desservie par des navettes et les estivants seraient encouragés à utiliser leur vélo pour rejoindre leur spot favori. Il faudra au préalable rouvrir la D218 entre le Pyla et Biscarrosse, toujours fermée en raison des travaux de sécurisation.
L’incendie laissera des traces pendant encore de nombreuses années.
Malgré les confinements et couvre-feux successifs, le Comité régional de Tourisme de Nouvelle-Aquitaine se met en ordre de bataille pour séduire les vacanciers provinciaux et franciliens.
Olivier Sorondo – 3 avril 2021 – Dernière MAJ : le 24 avril 2021 à 14 h 46 min
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C’est en vallée d’Ossau que tout commença…
Ce climat montagnard, les bergers de la vallée d’Ossau le subissent depuis des siècles. « Les bergers partaient en estive avec leurs moutons, qui fournissaient la laine nécessaire à la fabrication de ce couvre-chef. Il ne fallait pas attraper froid. Et leurs guêtres ne protégeaient pas la tête » précise Évelyne Bétachet, chapelière à Bayonne, au journal Sud-Ouest (17/08/2017).
En Gironde, la fête du bœuf gras se tient depuis le Moyen-Âge. Elle vise bien sûr à respecter la tradition, mais cherche aussi à promouvoir une viande particulièrement recherchée par les gastronomes.
Olivier Sorondo 14 janvier 2023 – Dernière MAJ : le 16 janvier 2023 à 17 h 47 min
C’est le grand jour pour les bœufs gras de Bazas, en Gironde – Crédit photo : Lesley – Flick
Le premier défilé des bœufs remonte au 13e siècle
Située à une grosse soixantaine de kilomètres au sud-est de Bordeaux, la petite commune de Bazas pourrait très bien se confondre parmi les nombreux villages alentour. Elle se démarque pourtant en s’appuyant sur son histoire et l’excellence de sa production bovine. Le bœuf de Bazas jouit en effet d’une excellente réputation, au-delà des limites départementales, auprès des amateurs de bonne chère, qui saluent son onctuosité et son petit goût de noisette.
Il est vrai que les bœufs locaux font l’objet de toutes les attentions, à tel point qu’une fête leur est consacrée chaque année au moment du carnaval. La tradition s’est construite au fil des siècles à partir de 1283, date de leur premier défilé dans les rues du village.
Au Moyen-Âge, de nombreuses villes du royaume de France fêtent le carnaval en organisant des promenades de bétail, comme un pied de nez avant le Mardi Gras, qui introduit le carême et donc l’interdiction de consommer de la viande.
À Bazas, les bouchers obtiennent d’Édouard Ier, duc d’Aquitaine, le privilège de faire défiler leurs bœufs le Jeudi gras, en remerciement du taureau qu’ils offrent chaque année au clergé pour la Saint-Jean. C’est l’occasion d’organiser une grande fête villageoise et de lancer une tradition appelée à traverser les siècles.
Si les défilés finissent par tomber en désuétude à la moitié du 20e siècle dans bon nombre de cités, l’investissement du maire de Bazas en 1945 permet à celui de sa commune de perdurer. Son action est surtout motivée par la constatation que la race bazadaise, destinée au labour, est menacée de disparition. Il convient donc de l’orienter vers une race à viande et de le faire savoir.
L’argument de la qualité
Détenteur du Label Rouge depuis 1997 et de l’IGP depuis 2008, le bœuf de Bazas affiche un CV solide auprès des consommateurs. Il convient toutefois de préciser que ces labels ne se limitent pas à la seule race bazadaise. Ils englobent également la blonde d’Aquitaine et la limousine et autorisent par conséquent les races bovines métissées. Il n’en demeure pas moins que la bazadaise reste la plus emblématique et constitue l’intérêt central de la fête organisée chaque année en février.
Le bœuf de Bazas est reconnaissable grâce à sa robe grise et à sa puissante morphologie. Longtemps utilisé dans les champs pour sa force de traction, il subit, à partir de la seconde moitié du 20e siècle, la concurrence des engins mécaniques.
La bazadaise, remise au goût du jour, si l’on peut dire – Crédit photo : Georges-Adrien Carcanis – Flickr
L’espèce n’étant pas réputée bonne laitière, elle semble se diriger inexorablement vers une quasi-disparition.
Le salut vient de la qualité et de la spécificité de sa viande, au goût persillé et subtil. Dès lors, les producteurs s’impliquent dans un élevage attentif et rigoureux, à même d’améliorer et de pérenniser la saveur de leur race locale. Leur travail est récompensé par l’obtention des deux labels.
Le cahier des charges impose quelques contraintes. Les animaux doivent être nés, élevés et engraissés dans un périmètre bien défini. Les veaux sont d’abord nourris au pis de leur mère puis profitent ensuite d’un fourrage garanti sans OGM, produit sur place.
L’élevage dit extensif garantit une surface d’un hectare par vache. L’engraissement des bœufs, à base de céréales, est planifié en fonction de la célèbre fête, organisée le jeudi précédant Mardi Gras. Ils peuvent ainsi atteindre un poids compris entre 800 kg et une tonne.
Afin de sublimer son goût, la viande est maturée une dizaine de jours, le temps nécessaire au gras pour envelopper les fibres musculaires et assurer une parfaite onctuosité.
Reconnaissable grâce à sa jolie couleur rouge, la viande se prête à des multiples modes de cuisson et de préparation, aussi goûteuse grillée que braisée.
Vive les bœufs gras de Bazas !
Les efforts consentis par les éleveurs tout au long de l’année méritent bien une récompense. Elle prend la forme de la célèbre fête de Bazas, dont l’organisation semble immuable.
Six jours avant la festivité, les bœufs sélectionnés sont placés au repos et brossés au quotidien. L’opération vise à les relaxer, préparer leur belle apparence et permettre à la graisse de pénétrer dans le muscle.
Le jour de la fête commence tôt pour les éleveurs, qui pratiquent une toilette soignée afin que leur animal puisse attirer l’œil du jury et du public.
Les bœufs sont ensuite escortés par les jeunes du village revêtus de leur tenue folklorique jusqu’à la place des Tilleuls, où les animaux sont pesés.
En tout début d’après-midi, le célèbre défilé des bœufs gras de Bazas peut commencer ! À travers les rues de la commune, les animaux, couronnés de fleurs, jouent les vedettes parmi les chars décorés et les groupes musicaux qui les accompagnent. C’est l’occasion pour les ripatauleras (fifres) de jouer un rigaudon devant chaque boucherie du parcours.
Juste avant le concours du plus beau bœuf gras – Crédit photo: Ministère de la Culture
Arrivés à destination, place de la Cathédrale, les bœufs gras reçoivent la bénédiction du prêtre puis sont soumis à l’examen minutieux du jury, composé d’une douzaine de professionnels. Ces derniers finissent par attribuer trois prix : la conformité aux critères de race, les meilleures aptitudes bouchères, la musculation la plus prononcée.
Après l’annonce des résultats et la remise des trophées, les animaux sont menés à l’abattoir de Bazas, alors que les musiciens entament « La Mort du Bœuf », comme un dernier hommage.
En toute fin d’après-midi, la Confrérie Bazadaise du Bœuf intronise diverses personnalités issues du monde de la gastronomie et de l’élevage.
La fête se poursuit et se termine autour de la table lors la « grande soirée du bœuf ». Les convives peuvent enfin se régaler du bœuf gras de Bazas et de sa saveur exceptionnelle.
La diversité de ses paysages et la richesse de son patrimoine attirent les équipes de tournage depuis des décennies. Petit état des lieux, forcément limité et subjectif.
Olivier Sorondo 15 mars 2023 – Dernière MAJ : le 15 mars 2023 à 20 h 07 min
Camping, sorti en 2006, avec Franck Dubosc.
La Gironde, vieille habituée des plateaux
Est-il besoin de rappeler que l’une toutes premières vedettes du cinéma français, Max Linder (1883-1925), est originaire de Gironde, et plus précisément de Saint-Loubès. Jeune homme, il entre au Conservatoire de Bordeaux et joue le répertoire classique dans les théâtres de la ville, avant de connaître un formidable succès cinématographique quelques années plus tard à Paris. En 1922, il revient sur ses terres natales pour tourner le début de son film L’étroit mousquetaire, une parodie de l’œuvre de Dumas.
Autre enfant du pays, Émile Couzinet (1896-1964) lance sa carrière dans l’exploitation de salles de cinéma dans le Sud-Ouest et à Bordeaux avant de privilégier la production et la réalisation de films. Ses œuvres s’inspirent de l’esprit vaudeville du théâtre. Dès 1939, il plante ses caméras dans la capitale girondine (et à Royan) pour tourner L’intrigante (la belle Bordelaise), une histoire de rivalité amoureuse puis de complicité entre un père et son fils.
S’il est difficile de savoir quel a été le premier film réalisé dans le département, on sait que Julien Duvivier a tourné en 1919 sa toute première œuvre, Haceldama ou le prix du sang, dans le Médoc et en Corrèze. Les paysages se prêtent parfaitement à l’ambiance western voulue par le jeune homme, qui s’imposera en quelques années comme un réalisateur majeur.
En 1922, Abel Gance tourne quelques plans de son film La Roue au Casino Mauresque d’Arcachon. L’action du film se déroule à Nice, mais le cinéaste a choisi la station balnéaire girondine pour quelques jours afin de permettre à sa compagne, malade, de profiter des vertus de l’air marin. Cette dernière décèdera pourtant à la fin du tournage…
Des châteaux et des vignes
Pourvoyeuse de talents, la Gironde a aussi su charmer les scénaristes et réalisateurs au fil des décennies. Certains sites se prêtent volontiers à l’accueil des tournages. Ainsi, le château de Roquetaillade, à Mazères, accueille en 1963 Louis de Funès et Jean Marais pour le tournage de quelques scènes de Fantômas. En 1972, c’est au tour de Jean-Paul Belmondo de profiter du prestigieux décor de Roquetaillade dans le film Docteur Popaul, réalisé par Claude Chabrol. Le réalisateur Christophe Gans choisit également le château girondin pour quelques scènes de son célèbre film Le pacte des loups (2001), qui attire plus de 5 millions de spectateurs dans les salles.
Bien sûr, l’immense vignoble du département s’impose naturellement aux productions relatant les sagas des riches producteurs de vin. En 1982, le réalisateur Robin Davis choisit le château Pontet-Canet, situé à Pauillac, pour tourner J’ai épousé une ombre, réunissant Nathalie Baye et Francis Huster. Le scénario relate l’histoire de Hélène, enceinte et abandonnée par son compagnon, qui prend la place d’une femme lui ressemblant au sein de la belle famille, riche propriétaire d’une exploitation.
En 2011, ce sont les relations difficiles entre un père (Niels Arestrup) et son fils (Lorànt Deutsch), qui exploitent un vignoble prestigieux de Saint-Émilion, que choisit de raconter Gilles Legrand dans son film Tu seras mon fils. Vigneron exigeant et passionné, Paul considère que son fils manque de talent et de charisme pour assurer sa succession. Outre le drame familial, le long-métrage rend un vibrant hommage à l’univers vinicole.
Le bassin d’Arcachon, studio en plein air
Grâce à ses décors de carte postale, le bassin d’Arcachon suscite l’engouement des réalisateurs.
Si Claude Chabrol, dans son film La fleur du mal (2003), situe une bonne partie de la narration sur le bassin, Fabien Onteniente décide quant à lui de s’y consacrer pleinement. Excellente décision puisque son film Camping (2006), avec Franck Dubosc dans le rôle principal, dépasse les 5,5 millions d’entrées. Tourné au Camping de la Dune (Camping des Flots bleus à l’image), au pied de la dune du Pilat, le film narre les aventures estivales de Patrick Chirac et de ses amis vacanciers.
Le décor devenu emblématique du film Camping – Crédit photo : Camping de la Dune
Le succès populaire est tel que deux suites sont tournées en 2009 et 2015, mais sans jamais atteindre le même nombre d’entrées.
Détruit lors du terrible incendie survenu à l’été 2022, le camping ayant servi au tournage a pu être entièrement reconstruit, au terme de sept mois de travaux. Les prémices d’un futur camping 4 ?
Autre succès commercial, Les petits mouchoirs, tourné par et avec Guillaume Canet en 2009, donne la part belle aux décors du Cap Ferret, que le public retrouve dix ans plus tard dans Nous finirons ensemble.
C’est également à la pointe du Cap-Ferret qu’a été tourné L’année du requin en 2021. Librement inspiré du célèbre film de Spielberg, Les dents de la mer, le long-métrage des frères Boukherma décrit la frayeur des touristes d’une station balnéaire à l’approche d’un gros requin-bouledogue, en misant toutefois sur quelques touches d’humour. Il ne semble pas que ce pari narratif ait séduit le public ou la critique. « Hybride foutraque qui doit tout à la passion de ses auteurs, mais ne sait pas sur quel aileron nager, ce film de requin made in France est assurément le divertissement le plus bizarroïde de l’été » écrit ainsi le site Écran Large.
Bordeaux, incontournable
Il serait fastidieux de dresser la liste exhaustive des films tournés à Bordeaux. La capitale girondine peut s’enorgueillir d’avoir accueilli des tournages importants, à l’instar de celui du Corniaud en 1964, avec Bourvil et Louis de Funès. Certes, Bordeaux n’apparaît qu’une vingtaine de secondes à l’image, mais les plans d’ensemble filmés par Gérard Oury suffisent à identifier la ville, notamment grâce aux quais, au Pont de Pierre et à la Grosse Cloche. Le film permet aussi de se rendre compte à quel point la ville a changé.
Une autre comédie populaire tournée à Bordeaux ? Les fugitifs ! Réalisé en 1986, le film de Francis Veber complète la trilogie des films d’aventure du couple Pierre Richard et Gérard Depardieu, après La chèvre et Les compères. Cette fois, la cité girondine ne sert pas à tourner quelques plans, elle constitue le décor principal de la fiction. Les aventures rocambolesques de Jean Lucas (Depardieu), ancien repris de justice, et de François Pignon (Richard), chômeur au bout du rouleau, permettent d’identifier quelques lieux, comme le jardin public, la rue Sainte-Catherine ou encore la place du Champs-de-Mars.
Nul besoin de construire des décors historiques et onéreux lorsque les rues bordelaises répondent à l’attente des cinéastes, même si leur histoire est supposée se dérouler à Paris.
Ainsi, en 1982, Robert Hossein adapte Les misérables de Victor Hugo et tourne quelques scènes à Bordeaux. Même réflexe de la part de Patrice Chéreau en 1993 lorsqu’il lance le tournage de La reine Margot, avec Isabelle Adjani dans le rôle-titre. Ce sont les rues de la Tour-du-Pin et de Saint-Éloi qui accueillent techniciens et comédiens pendant trois semaines.
La même rue de la Tour-du-Pin, décidément très cinégénique, sert également de décor au film Vidocq en 2000, avec Gérard Depardieu et Guillaume Canet.
Banc d’Arguin : la vie fragile au pied de la dune du Pilat
Façonné par l’action des vents, des courants marins et de la houle, le banc d’Arguin symbolise l’entrée du Bassin d’Arcachon, entre la célèbre dune et la pointe du Cap Ferret.
Olivier Sorondo 2 octobre 2022 – Dernière MAJ : le 4 octobre 2022 à 19 h 40 min
Le banc d’Arguin vu depuis la dune du Pilat – Crédit photo : Christian Bachellier – Flickr
De la nécessité d’une réserve naturelle
C’est un constat fâcheux qui serait à l’origine de la création de la réserve naturelle du banc d’Arguin. En 1966, alors que des centaines de couples de sternes caugeks (oiseaux marins) nichent pour la première fois sur l’îlot, des plaisanciers profitent de l’abondance des œufs pour les utiliser comme projectiles au cours d’une bataille improvisée.
Consternés, les ornithologues et naturalistes décident de mieux protéger le fragile écosystème. Ils lancent un vibrant appel dans le journal Sud-Ouest et, en 1969, fondent l’association SEPANSO (Société pour l’étude, la protection et l’aménagement de la nature dans le Sud-Ouest). Leur ténacité est récompensée trois ans plus tard lorsque paraît le décret autorisant le classement du site en réserve naturelle nationale du banc d’Arguin.
La réserve couvre aujourd’hui 4360 hectares et apporte une réponse concrète à la préservation des îlots et de leur proche environnement.
L’endroit, il est vrai, donne l’impression d’un petit paradis. Il se situe à l’entrée du Bassin d’Arcachon, traversé par les deux grandes passes qui permettent à la marée de monter et de descendre. Surtout, le banc d’Arguin profite de sa célèbre voisine la dune du Pilat, qu’il contribue à alimenter en sable, pour se faire admirer des visiteurs perchés à plus de 100 mètres.
Son charme tient aussi du fait qu’il n’offre jamais la même physionomie en raison des vents et des courants marins, parfois puissants. À marée basse, le bang d’Arguin se dévoile tout entier, long de 4 km et large de 2 km.
La réserve se compose de trois zones :
Les sommets des bancs de sable, où pousse une végétation spécifique à l’écosystème, comme les oyats.
La zone sublittorale, profonde de 20 mètres, dont les fonds laissent voir un vaste herbier grâce à l’abondante présence de zostères (plantes marines).
Les plages et étendues de sable. Soumises aux aléas climatiques et à la force des courants, elles changent continuellement d’aspect et de superficie.
Le travail de la nature depuis des millénaires
Le bassin d’Arcachon n’est pas né en un jour. Il y a 6 000 ans, il constituait le delta de la Leyre, le fleuve côtier qui prend sa source dans les Landes. Sous la force du courant qui descend le long de la côte aquitaine, une langue de sable se dessine au nord. Au cours des siècles, elle s’étoffe, progresse vers le sud et se transforme en flèche sableuse pour devenir l’actuelle presqu’île du Cap-Ferret.
Ces longs mouvements géologiques donnent naissance à une lagune semi-fermée. D’une superficie de 155 km², le vaste estuaire accueille des passes (ou chenaux) orientées vers le nord-ouest et subit en permanence le courant des marées. Cette interaction avec l’océan, aidée par une embouchure de 3 km, dessine l’écosystème du Bassin d’Arcachon.
L’origine des îlots, dont le banc d’Arguin, suscite toujours quelques interrogations. Pour certains, la transformation progressive de l’estuaire de la Leyre en bassin se serait accompagnée du détachement de morceaux de territoires à proximité de La Teste. D’autres estiment que les bancs de sable ont toujours existé., héritiers du delta.
L’absence de cartes pendant de nombreux siècles facilite les suppositions. L’une des premières représentations graphiques du lieu est publiée dans le « Recueil des cartes marines levées et gravées par ordre du roy », vers 1690. Elle laisse voir un seul banc, au centre de l’embouchure, appelé « l’île du Terray ». Au 18e siècle, une nouvelle carte apporte davantage de précision. Elle répertorie « l’isle de Marock », située à l’endroit de l’actuel banc d’Arguin, ainsi que le « banc du Muscla » et le « banc du Cannton ».
Carte tirée du Recueil des cartes marines levées et gravées par ordre du roy, publié en 1690.
Le banc d’Arguin est mentionné pour la première fois en 1835, sur une carte réalisée par Paul Monnier. Ingénieur hydrographe de la marine, Monnier est chargé d’étudier l’évolution des mouvements de sable afin de juger de la possibilité de créer « une passe profonde et de facile accès, par laquelle des bâtiments de guerre de toute grandeur pourraient parvenir sur la rade intérieure de La Teste. »
Nul ne sait pourquoi l’ingénieur hydrographe a choisi cette dénomination. Peut-être s’est-il inspiré du naufrage de la frégate française La Méduse, survenu 19 ans plus tôt sur le banc d’Arguin, non loin du littoral mauritanien. Rendu célèbre par le tableau « Le radeau de la Méduse » de Géricault, le naufrage causa la mort de 140 marins.
Le refuge d’une faune et d’une flore typiques
Des hauteurs de la dune du Pilat, le banc d’Arguin pourrait donner l’impression d’un îlot de sable blond désert sur lequel les plaisanciers s’accordent un moment de détente. Pourtant, le lieu, situé sur l’un des huit grands couloirs migratoires de la planète, recèle une vie foisonnante.
Depuis 1972, plus de 200 espèces d’oiseaux y ont été recensées, parmi lesquelles la sterne caugek, le passereau ou encore l’huîtrier pie. Si certains oiseaux se posent le temps de reprendre des forces, d’autres préfèrent y nicher et se reproduire. Le banc d’Arguin peut ainsi accueillir jusqu’à 4000 couples de sternes caugek chaque année.
La réserve est également fréquentée par les grands dauphins, les phoques gris et les tortues luths grâce à la proximité des fosses abyssales.
Plus discrets, les mollusques et les petits crustacés s’épanouissent dans les zones abritées de la houle. Leur existence est souvent brève, car ils forment un mets de choix pour les oiseaux migrateurs.
Le banc d’Arguin, ce sont aussi différentes espèces d’insectes, comme le hanneton foulon à l’état larvaire, les puces et les araignées.
Les végétaux contribuent à la pérennité de la réserve naturelle. Ainsi, la linaire à feuilles de thym se révèle parfaitement adaptée à son environnement parfois difficile (vents puissants, salinité, manque d’eau douce). Endémique du sud-ouest de la France, elle est aujourd’hui protégée.
La faune se compose d’autres plantes, à l’instar des oyats, du cakilier maritime et du chiendent des sables.
Le fond marin est pour sa part tapissé de zostères, que l’on considère souvent comme des algues, mais qui sont en fait des plantes à fleurs. Elles forment un vaste herbier, essentiel à l’écosystème du Bassin. Elles offrent un refuge idéal pour la reproduction des crustacés et la conservation des œufs et enrichissent aussi l’eau en oxygène grâce à leur fonction photosynthétique.
La menace de l’homme et du climat
La SEPANSO veille à la préservation et à la pérennité de la réserve naturelle du banc d’Arguin, qui fête son cinquantième anniversaire cette année. Si les excès constatés dans les années 1960 semblent loin, la vigilance n’en demeure pas moins permanente.
Certes, le fait que le banc ne soit accessible qu’en bateau le protège d’une surfréquentation touristique, à l’image de celle de la dune du Pilat. Néanmoins, les plaisanciers apparaissent chaque année plus nombreux sur le petit îlot, attirés par le sable blond et les eaux transparentes.
La règlementation du site se veut stricte : interdiction de venir avec son chien, de cueillir les végétaux, d’installer un bivouac, de chasser et de prétendre au mouillage de son bateau du coucher au lever du soleil.
Vu sur la passe et la dune du Pilat depuis la p’tite plage du banc d’Arguin – Crédit photo : FranceSudOuest
Pourtant, ces restrictions écologiques ne conviennent pas à toutes les parties, notamment les membres du Parc Naturel Marin du Bassin d’Arcachon. Ces derniers reprochent à l’État et à la SEPANSO de vouloir sanctuariser le banc d’Arguin. La zone de protection intégrale, interdite à quiconque, a ainsi été étendue en 2017.
Pour Joël Coudant, président de la Confédération des associations d’usagers du Bassin d’Arcachon, la coupe est pleine, comme il le dénonce dans Sud-Ouest (4/12/2021) : « On a perdu 80 % de nos zones de mouillage. On n’a rien contre les oiseaux, mais les ayatollahs de l’écologie, ça suffit ! »
Le PNM a d’ailleurs rendu un avis négatif sur le futur plan de gestion de la réserve naturelle d’Arguin, regrettant l’absence de concertation et la volonté politique d’éloigner toujours plus loin les plaisanciers, les pêcheurs et les ostréiculteurs.
L’autre source de préoccupation est liée au réchauffement climatique et au phénomène d’érosion. Le 10 septembre dernier, le banc d’Arguin se retrouvait coupé en deux à marée haute. L’évènement ne venait que souligner l’érosion qui touche le sud du banc depuis déjà quelques mois.
« En effet, la pointe sud du banc est rongée dans sa partie exposée à l’océan. La magnifique lagune qui s’était formée tout au sud et qui émerveillait les plaisanciers il y a quelques années, n’existe plus aujourd’hui » constate David Patsouris dans Sud-Ouest (11/09/2022).
Selon Benoît Dumeau, le conservateur de la réserve, la pointe sud a perdu 600 mètres en un an. Même si le banc se déforme en permanence au gré de la houle et des vents, il semble qu’une période d’érosion plus durable se dessine, obligeant les autorités à supprimer la zone de débarquement des bateaux dans la partie sud.
La décision risque d’exacerber encore plus les usagers du Bassin, mais elle montre toute la fragilité du banc d’Arguin, pourtant si paisible et familier.
Quelques destinations originales dans le Sud-Ouest
Mine de rien, la région regorge de petits endroits sympathiques pas toujours inscrits en tête de liste des lieux touristiques. C’est aussi ce qui fait leur charme.
Olivier Sorondo 6 août 2022 – Dernière MAJ : le 20 septembre 2022 à 10 h 54 min
Le domaine des Terres Blanches, à Espiet – Crédit photo: les Terres Blanches
Les Jardins d’eau de Carsac (24)
Non loin de Sarlat, au cœur du Périgord noir, se niche un petit paradis que n’aurait pas renié Claude Monet. Les Jardins d’eau de Carsac invitent, sur plus de 3 hectares, à une balade hors du temps. Ici, les lotus du Nil, les nymphéas exotiques et de nombreuses autres plantes aquatiques forment un univers enchanté. On le traverse en s’imprégnant des odeurs, en admirant la composition du paysage et en observant la faune, omniprésente. Ce sont les carpes Koï qui frétillent dans les bassins, les hérons cendrés et les aigrettes qui se régalent des têtards, les libellules qui frôlent les plantes ou encore les grenouilles, véritables maîtresses des lieux.
La visite se nourrit aussi d’un labyrinthe aquatique, dont la superficie dépasse les 3 000 m² et l’itinéraire se prolonge sur 550 mètres de passerelles. Il abrite une trentaine de variétés de lotus, plus de soixante espèces de nymphéas et 150 plantes diverses, parmi lesquelles les papyrus du Nil.
Labellisés « Jardin remarquable » en 2012 par le ministère de la Culture, les Jardins d’eau de Carsac promettent une parenthèse rafraîchissante au cœur de l’été et un retour raffiné à la nature.
Adresse : Saint Rome – 24200 CARSAC Tél : 05 53 28 91 96 Horaires : Mai, juin et juillet : 10h à 19h – Août : 18h30 – Septembre : 11h à 18h. Tarifs : Adulte : 8,50 € – Étudiants, jeunes (12 à 17 ans inclus), demandeurs d’emploi, personnes handicapées (indiv. et groupes) : 7 € – Enfants de 6 à 11 ans inclus : 5 €
Crédit photo: Les Jardins d’eau de Carsac
Les Terres Blanches d’Espiet (33)
Si le Bassin d’Arcachon attire de très nombreux touristes chaque année, la Gironde recèle des destinations un peu plus intimes, mais non moins charmantes. Ainsi, à Espiet, village situé à une trentaine de kilomètres de Bordeaux, les Terres Blanches épousent les contours du paradis. Le domaine, d’une superficie de 90 hectares, est né après des années de travaux, visant à transformer l’ancienne carrière d’un cimentier en lagon de carte postale.
Planté au milieu des vignobles et des forêts, le domaine se consacre aux plaisirs du farniente et de la baignade. Il est vrai que la plage de sable blanc et la vaste étendue d’eau turquoise promettent quelques heures d’abandon et de frissons de plaisir.
Mais le lieu se prête aussi et surtout aux plaisirs de la glisse aquatique. Le Windsor Wakeboard Camp, l’académie de wakeboard et de wakesurf, y a élu domicile, proposant des stages ou la location d’une large gamme d’équipements.
Ceux qui le souhaitent pourront déjeuner ou dîner au restaurant et même prolonger leur envie de détente au spa Les Petits Bains.
Adresse : 13 La Gueynotte – 33420 ESPIET Tél : 06 11 51 68 24 Horaires : Ouvert du mercredi au dimanche, de 11 heures à 19 heures. Tarifs : Adulte : 5 € – Enfant de moins de 12 ans : 4 € – Réservation obligatoire en ligne.
Crédit photo: les Terres Blanches d’Espiet
La grotte de Lastournelle (47)
En cette période de forte chaleur, la recherche désespérée de fraîcheur peut aussi correspondre à une petite visite culturelle. A Sainte-Colombe, dans le Lot-et-Garonne, la grotte de Lastournelle laisse voir de magnifiques stalactites et stalagmites, mais aussi des coulées de calcite, des draperies et même des colonnes. C’est un spectacle naturel flamboyant qui s’offre au public à travers les sept salles de la grotte, sur plus de 300 mètres.
Pour ajouter un peu d’authenticité à la visite, il est possible de partir à la découverte des salles dans l’obscurité, avec sa seule lampe de poche comme accessoire de progression.
Découverte en 1878 par un paysan qui creuse un puits, la grotte de Lastournelle fait l’objet de quelques explorations. En 1955, les propriétaires du terrain, Joseph et Maria Brys, mettent à jour l’entrée naturelle de la cavité. Un passage est finalement dégagé, permettant un accès plus aisé aux salles et à ses trésors minéraux.
Des animations sont régulièrement proposées au public, comme des chasses au trésor, à même de ravir les enfants.
Un petit restaurant, une boutique et des jeux pour les petits sont proposés aux visiteurs.
Adresse : 1851 Route des Grottes de Lastournelle – 47300 SAINTE-COLOMBE-DE-VILLENEUVE Tél : 05 53 40 08 09 Horaires : Avril à décembre – Horaires des visites variables suivant l’affluence. Tarifs : Adulte : 7,50 € – Enfant (de 4 à 14 ans) : 5 €
Crédit photo : JYB Devot — Travail personnel, CC BY-SA 4.0,
L’Esturgeonnière du Teich (33)
Depuis déjà quelques années, le caviar français s’impose parmi les meilleurs du monde. Le département de la Gironde contribue grandement à la production, notamment grâce au Moulin de la Cassadote à Biganos et au Caviar Perlita, situé non loin, au Teich.
L’établissement ouvre régulièrement ses portes afin de dévoiler toutes les étapes de fabrication du précieux aliment. Fondée en 1990, la ferme aquacole de L’Esturgeonnière s’est d’abord destinée à la production de chair d’esturgeon, avant de se tourner vers le caviar, au terme d’importants travaux.
Aujourd’hui, l’entreprise assure l’ensemble du processus de production, de la naissance des alevins au conditionnement du caviar. Le site profite de la proximité d’une source géothermale, qui préserve la température de l’eau tout au long de l’année. Grâce à une station de traitement dotée d’une double filtration, les eaux ressortent propres dans les milieux naturels avoisinants.
La visite permet donc de s’immiscer dans l’univers si particulier de la production de caviar, servi dans les restaurants gastronomiques de la planète. C’est aussi l’occasion de prendre (un peu) part à la fête puisqu’une dégustation est même proposée au public.
Adresse : Route de Mios Balanos – 33470 LE TEICH Tél : 05 56 22 69 50 Horaires : Avril à septembre, uniquement sur rendez-vous. Tarifs : Adulte : 30 € – Enfant (de 8 à 12 ans) : 24 €
Crédit photo: Gironde Tourisme
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